La Fondation Terre des hommes Lausanne (Tdh), en partenariat avec la Coalition Malienne de Défense des Droits des enfants (COMADE), a initié une conférence nationale de plaidoyer à l’endroit des plus hautes autorités du Mali, sur le thème «Mettre en place des dispositifs multisectoriels d’accompagnement protecteur des mineurs migrants non accompagnés». Elle s’est tenue à l’hôtel Onomo le 14 janvier 2016.
Les objectifs spécifiques de la conférence étaient d’informer les décideurs nationaux et les partenaires techniques et financiers sur l’approche mobilité et la situation des enfants migrants non accompagnés au Mali et en Afrique de l’Ouest, d’inciter les décideurs nationaux et les responsables des structures techniques de l’Etat à prendre en la protection de l’enfance et à mettre en place des dispositifs et mécanismes d’accompagnement des mineurs migrants non accompagnés, entre autres.
Autres résultats attendus, inciter les décideurs nationaux et responsables des structures techniques à s’engager et à prendre des actions concrètes concernant la révision des accords bilatéraux, la ratification de convention 189 de l’OIT et l’amélioration des conditions de vie et de travail des enfants non accompagnés, ainsi que l’adaptation des textes aux besoins de protection des enfants concernés par la mobilité.
Enfin, l’exercice ambitionnait d’offrir un espace d’interpellation directe des autorités par les enfants en mobilité sur leurs situations, de proposer des alternatives pour l’amélioration des conditions de vie des enfants en général et de ceux concernés par les mobilités en particulier et de présenter aux plus hautes autorités la déclaration des enfants en situation de mobilité pour des actions concrètes et immédiates en faveur d’un meilleur accompagnement des enfants le long de leurs parcours migratoires.
A l’ouverture de la conférence, le représentant de la Fondation Terre des Hommes Lausanne, Yannick Deville, a campé le décor en ces termes: «Politique de Protection de l’Enfant, Code de Protection de l’Enfant, Accords bilatéraux sur la lutte contre la traite des enfants avec la Guinée, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Tous ces cadres politiques et législatifs doivent intégrer les nouvelles réalités de notre monde, pour mieux répondre aux besoins de protection des enfants. Et, si la mobilité des enfants n’est pas nouvelle en Afrique de l’Ouest, la perception que nous en avons et les risques auxquels les enfants font face ont, quant à eux, évolués. C’est cette évolution que nous devons intégrer».
Citant Ahmadou Hampaté Ba, il dira «il faut laisser disparaître d’elles-mêmes les coutumes abusives, tout en sachant préserver les valeurs traditionnelles positives. La vie humaine est comme un grand arbre et chaque génération est comme un jardinier. Le bon jardinier n’est pas celui qui déracine, mais celui qui, le moment venu, sait élaguer les branches mortes et, au besoin, procéder judicieusement à des greffes utiles».
Présentant le document de plaidoyer à l’assistance, la nouvelle Présidente élue du Parlement national des Enfants du Mali, Mlle Fadimata Sangaré, a indiqué que «diverses organisations structures et associations locales existent et mènent des activités de prévention, d’accompagnement et de prise en charge des mineurs migrants dans toutes les régions du Mali. On peut citer la COMADE, Save The Children, Terre des Hommes, le Parlement des Enfants du Mali, le Conseil Consultatif National des Enfants et Jeunes du Mali, l’Association des jeunes Travailleurs, l’APJEC, Sinjiyaton, les Centres d’Ecoute Communautaire, le GRADEM, le BNCE, Enda Mali, l’Association de Défense des Droits des Aides Ménagères et Domestiques (ADDAD Mali), etc».
Mlle Sangaré plaidera pour plus d’efforts, surtout au niveau institutionnel, et une dynamique partagée par tous les acteurs afin que des réponses efficaces soient apportées à toutes les problématiques liées à la mobilité des enfants.
Elle succédait à Mme Attaher Salimatou Traoré, Coordinatrice du Programme Protection de Terre des Hommes, qui avait fait un état des lieux de la situation des enfants, expliqué l’approche mobilité et listé les défis de protection actuels. Il ressort de sa présentation que, longtemps confondue à une traite, la mobilité des enfants est un phénomène qui a existé depuis siècles en Afrique de l’Ouest et concerne principalement les enfants travailleurs domestiques, les vendeurs ambulants, les enfants talibés, les enfants mendiants, les enfants de la rue etc.
Ces enfants et jeunes sont très vulnérables lorsqu’ils sont non accompagnés, car très souvent laissés seuls face à tous les dangers qu’ils peuvent rencontrer et subissent de nombreuses violations de leurs droits. D’où le besoin urgent de les accompagner par des actions concrètes, des mécanismes et des dispositifs qui leur assurent de façon appropriée une meilleure protection. Nous y reviendrons.
Ramata Diaouré