-Le Repère- Avec de nouvelles têtes ou pas, le président Ibrahim Boubacar Keïta n’a d’autre choix que celui d’assigner au gouvernement des résultats rapides. Le chef de l’Etat sait qu’il est face à une obligation de résultats à mi-mandat. L’urgence, c’est de corriger l’image d’un pouvoir incapable de renverser la courbe de la corruption, de sécuriser les citoyens où qu’ils se trouvent sur le territoire national. En clair, 2016 doit être l’année de tous les défis.
Mais la tâche ne sera pas facile pour le Premier ministre Modibo Keïta en qui le président Keïta a renouvelé sa confiance. Peu importe les hommes choisis, le chef du gouvernement doit relever le défi de la lutte contre la corruption. Lui qui est déjà enquiquiné par ses adversaires qui ont mis sur la place publique des faits mettant en cause sa réputation d’homme droit et incorruptible.
Il s’agira donc de donner aux citoyens l’image d’un gouvernement sérieusement engagé dans la lutte contre l’enrichissement illicite. Toute la question est de savoir comment le Premier ministre va s’y prendre pour qu’il n’y ait pas de nouveaux scandales de corruption à l’image des faits rapportés depuis la venue du président IBK au pouvoir en 2013. Rien ne montre que le Premier ministre sera à la hauteur, car les plus gros prédateurs présumés des deniers publics seraient des proches du chef de l’Etat, des personnalités difficiles à mettre à la porte.
L’autre difficulté pour soigner l’image de la gouvernance est celle de l’absence d’une culture de bonne gouvernance. C’est d’ailleurs à cause de cela que le Premier ministre lui-même n’a pas su voir venir l’embarrassante affaire de l’attribution de logements sociaux à des membres de sa famille. La clé du succès de la gouvernance sera donc l’aptitude du chef du gouvernement à montrer dans les faits que la moralité des hommes publics est une priorité.
Les gouvernants doivent aussi se battre sur le front de la stabilité du pays qui reste confronté à des menaces sérieuses sur le processus de paix. L’entrée des représentants des groupes armés du nord dans le gouvernement, peut rapidement apaiser les craintes récemment exprimées par ces derniers sur l’accord de paix d’Alger. Le processus de l’application de cet accord est en effet la nouvelle pomme de discorde que même Hervé Ladsous, le représentant spécial de secrétaire général de l’ONU, a évoquée en début de janvier 2016.
Un partage des pouvoirs au niveau de l’exécutif est en tout cas la meilleure façon d’accélérer le cantonnement des groupes armés signataires de l’accord de paix. La réussite de la démobilisation des ex-combattants dépendra de l’efficacité de la lutte contre le terrorisme dans le nord du Mali où les groupes djihadistes se sont fondus dans la population depuis l’intervention des forces françaises en janvier 2013.
Et l’année qui vient de commencer est un tournant décisif dans la politique sécuritaire du régime IBK qui n’aura fait jusqu’ici aucun progrès dans la traque des islamistes continuant à semer la mort.
Après 2016, c’est presque l’heure du bilan, le pouvoir n’ayant qu’une année à travailler avant l’année électorale, celle de la présidentielle de 2018. En matière sécuritaire, la réalisation de l’objectif d’équipements doit impérativement être visible après temps de turbulence dans la gouvernance.
En outre, les Maliens attendent du pouvoir un peu plus de rigueur, d’orthodoxie dans la gestion des affaires publiques. Cela s’explique par la multiplication des alertes citoyennes sur des problèmes comme le triste sort des hôpitaux du pays. Hormis les surveillances exercées par l’opposition qui a sans cesse dénoncé les tares du pouvoir, les Maliens semblent être engagé ainsi dans une bataille de longue haleine pour que rien ne soit comme avant. Autre défi, l’organisation des élections communales sans cesse reportées pour des raisons d’insécurité notamment.
Fakoro Traoré