Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aBamako.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Au rythme de la vedette : IBK vs RPM : Jusqu’où ira la rébellion de Bocari Tréta ?
Publié le mardi 26 janvier 2016  |  le temoin
Cérémonie
© aBamako.com par Androuicha
Cérémonie de Signature de convention de partenariat entre l`entreprise SLK et le Ministère du Développement Rural
Bamako, le 08 octobre 2015 au Cabinet du MDR. Le ministre du Développement Rural, Dr Bocary TRETA et le PDG de l`entreprise SLK, M. Yosi LAPID ont procédé à la signature de la convention de financement d`un complexe agro industriel.




Le réaménagement ministériel aux allures de purge ne finit pas de faire des vagues et d’affecter les rapports entre IBK et sa famille politique. En cause, la déchéance du ministre du Développement rural, non moins deuxième personnalité du gouvernement et puissant secrétaire général du parti majoritaire, qui ne semble point s’accommoder de la chute brutale et vertigineuse que lui a infligée le chef de l’Etat.
Après la publication d’un communiqué qui en dit long sur le malaise créé par sa disgrâce, Bocari Tréta et son monde se sont derechef signalés, en milieu de semaine, par un autre vacarme tout aussi indicatif de leurs intentions d’entrer en rébellion contre l’autorité morale et propriétaire naturelle du Rpm.
Mercredi, pendant que les hautes autorités étaient submergées dans les hommages à l’armée malienne, dans le cadre de son 55ème anniversaire, la principale tête pensante des Tisserands préparait, lui, un repli tactique aux bases-arrières de son parti. Il a ainsi déclenché un imposant rappel des troupes en rassemblant les secrétaires généraux dans la capitale malienne. L’esprit de la rencontre ne faisait pas forcément l’unanimité, mais tous ont affiché une solidarité et témoigné sympathie et compassion au Secrétaire général tombé de son piédestal, lequel en a été attendri jusqu’aux larmes. Le conclave, de sources concordantes, s’est résumé à prendre à témoin les structures du parti sur les circonstances de sa destitution et s’assurer leur soutien pour les éventuels combats à venir. Bocari Tréta, confie les mêmes sources, a ainsi déploré, devant les responsables de l’écrasante majorité des structures de base, que son éviction de l’équipe n’ait jamais fait l’objet d’un échange au préalable avec le chef de l’Etat, qui lui a brûlé la courtoisie en dépit des rapports étroits et privilégiés qu’il est censé devoir à sa famille politique. Qui plus est, l’auditoire de l’ex ministre du Développement rural a été très attristé d’apprendre que leur camarade n’a eu vent de sa destitution que grâce au Premier ministre et non au président de la République.
C’est donc tout naturellement que la convergence des secrétaires généraux a donné lieu à une vigoureuse vague de dénonciations de ce qui est perçu au Rpm comme une tendance manifeste à privilégier la promotion de formations politiques tierces – et peut-être même adverses – au détriment du parti majoritaire : nomination de cadres Adéma au département de l’éducation, changements de directeurs de structure de son département dans le dos du ministre Tréta, etc. Une raison, pour ce dernier, de sonner l’alerte en appelant ses camarades à la vigilance et en leur assurant de son engagement à consacrer le temps libre – dont il dispose désormais – au combat pour les intérêts de leur parti. Pour ce faire, Bocari Tréta leur a également promis de prendre ses quartiers au siège du Rpm, aussitôt l’ultime étape des passations de service ministériel arrivée à terme.
Comme on le voit, les intentions de l’ancien vice-Premier ministre sont claires : après avoir échoué à s’imposer comme chef du Gouvernement, son intérêt est résolument tourné vers le contrôle du parti. Une ambition qui ne sera pas une sinécure, pour qui mesure l’ampleur de la guerre des chefs qui traverse la formation présidentielle depuis que sa suprématie politique est devenue un enjeu sur fond de convoitise. Le choc des ambitions est en effet tel que le Rassemblement a dû se résigner à interrompre le processus de renouvellement de ses structures de base minée par les querelles intestines de positionnement au gré de clans et tendances inconciliables. Il en est de même, par ricochet, pour la tenue du congrès des Tisserands ajourné autant de fois qu’annoncé faute de pouvoir réunir les préalables pour ce faire.
Aux protagonistes déjà si nombreux de la bataille des mastodontes pourrait s’être ajouté un acteur de moins en moins désintéressé dans la donne, depuis que l’avènement d’un nouveau gouvernement sans Bocari Tréta agite les structures et instances. Il s’agit du président de la République qui pourrait avoir reçu les éclats et signaux des mécontentements avec les relents d’un véritablement défi.
Entre les pas d’IBK et de Feu Mamadou Lamine Traoré
La nomination des membres du gouvernement est une prérogative discrétionnaire du président de la République tout comme la décision de mettre un terme à leurs fonctions. C’est une réalité au Mali qui ne délégitime pas pour autant les interrogations et tentatives de déchiffrer les motivations ayant présidé au choix du président de la République de se démarquer d’un compagnon de si longue date, de surcroit Secrétaire général du parti créé pour le porter au pourvoir et qui s’est farouchement battu pour cette cause.
Les spéculations fusent de toutes parts sur la question et chacun y va de ses supputations et fantasmes au point que l’invraisemblable le dispute au vraisemblable. D’aucuns vont jusqu’à soutenir, par exemple, que l’acte d’IBK découle d’une volonté de mettre sa victime en mission forcée de s’occuper du parti en perspective du rendez-vous électoral de 2018. Une hypothèse d’autant plus fallacieuse qu’aucune mesure n’a suivi dans le sens de la levée des contraintes et adversités auxquelles se heurterait le Secrétaire général dans l’accomplissement d’une telle mission putative.
Il est en revanche évident que l’odyssée de Bacari Tréta n’est pas sans parallèle dans l’histoire politique récente du Mali. D’aucuns ont même vite fait d’y percevoir une forte similarité avec le divorce de l’ancien couple Alpha/IBK, quoique leur mur de glace tire plutôt sa source de profondes divergences autour de la passation du relais de la magistrature suprême.
L’aventure de l’ex ministre du Développement rural dérivé quant à elle du farouche combat d’accession à la primature pour lequel le puissant appareil du parti a été mis en branle pour tenter de forcer la main au «camarade» président de la République. En cela, l’épisode, toutes proportions présente surtout des similitudes avec celui de Feu Mamadou Lamine Traoré alors président intérimaire de l’Adéma-PASJ et ministre d’Alpha Oumar Konaré. Faute de pouvoir déboucher sur une consécration comme Premier ministre et une confirmation de chef du parti majoritaire en son temps, son bras-de-fer avec le chef de l’Etat s’est finalement conclu par la création du MIRIA. Reste à savoir si Bocari Tréta acceptera de pousser la ressemblance jusqu’à fonder sa propre famille politique ou se retiendra de franchir le Rubicon ? La clé de l’énigme réside dans le prochain congrès du Rpm, dans l’ampleur des tribulations qui ne manqueront pas de le jalonner. Selon toute vraisemblance.
I KEITA
Commentaires