Les rues et chaussées de la capitale malienne ne sont pas fréquentées par les seuls humains.
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En effet du lever au coucher du soleil, de nombreux animaux en errance fréquentent ces droits.
Cette cohabitation avec les humains n’est pas sans conséquence.
Un âne sur dressé sur le terre-plein d’une avenue, des moutons fouillant les poubelles à la recherche de reste d’aliment, des bœufs se promenant çà et là sans berger.
Autant d’illustrations du phénomène de la divagation des animaux à Bamako.
Et sur la route, quand ces animaux se faufilent entre les voitures, cela donne des scènes surréalistes.
Si leur présence n’est guère surprenante dans des quartiers périphériques, leur mouvement en pleine ville est source d’ennui dans la circulation.
Et ce n’est pas le motocycliste Abdoul Karim Bah qui dira le contraire.
"Tous les jours en partant pour le boulot nous sommes gênés dans notre progression par ces animaux. Souvent ça nous prend dix minutes, souvent quinze minutes et souvent même plus", indique M. Bah.
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Pour éviter une déviation périlleuse, Oumar Diawara lui, a dû cogner en pleine course un âne qui avait amorcé la traversée du goudron.
"L’âne est arrivé devant nous et nous n’avons pas pu l’éviter, nous l’avons cogné. C’est un véritable problème auquel il faut trouver une solution", explique-t-il.
Comme dans la plupart des cas, les bêtes se promènent sans berger.
Nous nous sommes rendus dans l’un des plus vastes parcs d’animaux de Bamako pour en savoir plus sur le pourquoi du phénomène.
Samba Cissé le président des éleveurs du quartier Sans Fil est convaincu que c’est un droit pour les animaux de se promener dans ces endroits.
"C’est normal que les animaux divaguent dans la ville car on ni pâturage ni espace de promenade de Bamako à Koulikoro. Ici on a où garder les animaux dans la nuit mais dans la journée, il est obligatoire qu’ils sortent. L’aliment de bétail est cher. On les amène en ville pour qu’ils boivent dans les lavages et cherchent le complément d’aliment dans les poubelles. Les animaux ne peuvent être immobilisés comme des marchandises", ajoute-t-il.
Pourtant depuis 1989 la divagation des animaux est réglementée par arrêté municipal.
Ali Dolo, directeur de la brigade urbaine de protection de l’environnement de la mairie des districts de Bamako.
"L’arrêté municipal est clair à ce sujet. En cas d’errance, les animaux doivent être saisis et mis en fourrière. Pour les gros ruminants, les frais de gardiennage s’élèvent à 1500 francs par tête et 600 francs pour les petits ruminants. Passé ce délai les autorités municipale se réservent le droit de procéder à la vente des dits animaux", indique M. Dolo.
Cet acte municipal a du mal à suffire comme remède à ce phénomène que nous avons constatée jusqu’à moins de trois cents mètres du domicile du président de la République.
Ali Dolo et son service invoquent le manque de mesures d’accompagnements pour expliquer l’inefficacité de l’arrêté règlementant la circulation des bêtes à Bamako.
"En matière de fourrière, pratiquement aucune fourrière n’existe à Bamako malgré les textes", se désole M. Dolo.
En plus des retards chez les usagers et les accidents de la circulation, la divagation des animaux est également une menace pour le développement des espaces verts dans la ville de Bamako qui cherche à se faire belle.