Après presque trois mois d’enquête, Djigui Kéita le comptable de la Caisse malienne de sécurité sociale (CMSS) a été arrêté, le vendredi 22 janvier 2016, par des éléments du Pôle économique et financier. Il joint ainsi Mamadou kôlé Coulibaly (le frère de Moussa Sinko ancien ministre de l’intérieur) qui lui a précédé à la Maison centrale d’arrêt de Bamako depuis le vendredi 13 novembre 2015.
En effet, désormais on a la certitude que c’est à travers une complicité parfaite entre la directrice générale Mme Oumou Marie Dicko (la dame aux bras longs), le comptable titulaire Djigui Kéita et le comptable de fait Mamadou kôlé Coulibaly qu’environ trois milliards de nos francs auraient été soutirés de 2011 à nos jours des différents comptes de la Caisse malienne de sécurité sociale (CMSS).
Djigui aurait donc menti en disant aux tenaces enquêteurs que sa signature avait été imitée par ses collègues. À supposer que cela soit possible (accordons-le le bénéfice du doute), cependant, il ne peut jamais demeurer sans être, un jour, mis au courant de cet état de fait. Car, en sa qualité de comptable titulaire (prérogative oblige) il est le seul à être régulièrement informé de l’évolution (dépôt, virement, ou retrait effectué) au niveau des comptes bancaires dans lesquelles sont domiciliés les différents fonds de la CMSS.
Idem, pour la directrice générale Oumou Marie Dicko (la margaret Thatcher du Mali) ainsi que les banquiers dont certains sont de plus en plus cités dans des sales affaires. Les relevés bancaires le prouvent bien avec exactitude. Et à titre de rappel, une pareille histoire saugrenue s’est déroulée à la société Cissé technologie impliquant directement le comptable Adama Traoré et une banque de la place qui n’a pas encore été tirée au clair.
Pour le cas spécifique du comptable Djigui pourquoi ne s’est-il pas donné la peine d’alerter ses chefs d’une éventuelle imitation de sa signature? Pour quelle raison a-t-il attendu jusqu’à ce que cette affaire éclate au grand jour pour le faire savoir? En un mot, pourquoi aucun d’eux (agents de la CMSS et ceux des banques) ne s’est jamais douté de quoi que ce soit afin que des dispositions soient prises à temps pour arrêter cette hémorragie financière?
C’est dire que ces délinquants financiers (de classe exceptionnelle) méritent le même sort pour le même délit commis, par-dessus le marché, en associant leur savoir-faire. Surtout en cette période où la protection du denier public ne doit plus être un vain mot à la faveur de la croisade entamée récemment contre la corruption dans notre pays.
Par ailleurs, il convient de rappeler que ces as de la malversation avaient placé leur espoir en la personne de Moussa Sinko Coulibaly dont le frère est en prison depuis le vendredi 13 novembre 2015. Ils pensaient que celui-ci allait mettre en branle ses relations pour les faire tirer d’affaire surtout lorsqu’ils avaient appris que cet ancien ministre de l’intérieur aurait promis de payer 150 millions de Cfa.
Faut-il aussi souligner que Djigui Kéita fait partie de la promotion (trésor) sortie en 2000 avec 84 contrôleurs et 16 inspecteurs. Après quatre de recyclage à l’ex Ecole nationale d’administration de Bamako (ENA) il en sort avec le titre très emphatique ‘’d’inspecteur de finance’’. Ensuite, grâce à ses liens il s’est offert une place privilégiée à la Caisse malienne de sécurité sociale (CMSS) où il fut malheureusement le cerveau d’une bande de malfrats financiers.
Le lundi 25 janvier 2016, toute sa promotion était en conclave pour définir les stratégies visant à le soutenir. Malheureusement là aussi ses camarades étaient divisés en fonction des informations dont ils auraient reçues à propos de son implication directe dans ces malversations. En outre, selon notre source, Djgui Kéita se préparait à prendre la poudre d’escampette. Ce qui compliquerait encore la tâche des limiers qui allaient ainsi perdre une pièce importante du puzzle. Quant à la directrice générale Mme Oumou Marie Dicko, elle continue d’afficher le calme dans ses actes quotidiens. Et cela donne du fil à retordre.
Comme nous l’avions si bien écrit dans une de nos parutions courant novembre 2015, force est de rappeler que décidément le ministère du développement social est devenu ces dernières années un terreau pour les délinquants financiers. À preuve, au temps du ministre Sékou Diakité le département a focalisé l’attention à cause de l’acquisition d’un logiciel de gestion, la caisse des retraités aussi s’est tristement illustrée par un scandale paru dans un des rapports du Bureau de vérificateur général. S’agissant de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), il a brillé de mille feux suite à un incendie qui a ravagé ses archives dont l’origine (malgré la fermeté des tons) ne sera jamais connue.
A suivre !
Dougoufana Kéita