Près de 60 députés et agents législatifs maliens ont participé mardi dernier à un atelier de sensibilisation sur l’adoption d’une loi réprimant les violences et les discriminations à l’égard des femmes. Ces exactions se manifestent dans maints aspects de la vie quotidienne au Mali.
La rencontre co-organisée par l’unité Protection des femmes de la MINUSMA, l’ONU Femmes, l’UNFPA et les associations de défense des droits des femmes, a permis de discuter des bases d’une réponse légale, dont le but est de mieux protéger les femmes en réprimant d’une façon plus adéquate les violences basées sur le genre (VBG) au Mali. Les violences basées sur le genre ou liées au conflit se sont multipliées au cours de la crise multidimensionnelle qui a secoué le Mali.
Survenues particulièrement dans les régions du Nord, ces violences peuvent être de différente nature : viols, agressions sexuelles, coups et blessures, mariages forcés ou port obligatoire du voile. Les témoignages des victimes laissées sans défense et âgées très souvent de 11 à plus de 45 ans sont poignants, d’où la nécessité de disposer d’un arsenal juridique répressif en matière de VBG.
Présent à la clôture des travaux, Koen Davidse, Représentant spécial du Secretaire général des Nations Unies au Mali en charge du volet politique de la MINUSMA dira que « la violence contre les femmes et les politiques de discrimination constituent les pires formes de violation des droits et des libertés fondamentales ». Et M. Davidse d’insister sur la mise en œuvre de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies comme moyen de lutter activement contre ces formes de violences. Le Plan d’actions national de cette Résolution a été lancé le 14 janvier 2016. « Les femmes et les filles sont essentielles à la reconstruction et à la réconciliation au Mali » a ajouté M. Davidse.
La nécessité d’adopter des lois nationales
Après s’être imprégnés des dispositions juridiques régionales en matière de protection contre les violences faites aux femmes et aux filles ainsi que des Résolutions du Conseil de Securite y afférentes, les députés se sont engagés à favoriser l’adoption, par le Mali, de lois réprimant les violences et discrimination faites aux femmes. Par la même occasion ils ont marqué leur volonté de mettre en place des mécanismes de veille sur l’action gouvernementale en matière d’application effective des lois qui seront votées et les dispositions qui les accompagnent.
L’Honorable Sekou Fantamadi Traoré, député élu à Diola, membre de la Commission administration et décentralisation et également membre du Parlement Panafricain a jugé le thème de l’atelier pertinent. Il estime que l’organisation d’une telle session vient à point nommé et constitue « une opportunité qui va amener les députés maliens à faire des propositions de lois visant à réprimer les violences basées sur le genre au Mali ».
Une lettre circulaire du ministre de la justice datant du 12 octobre 2012 instruit tous les chefs de juridiction à prendre en charge, de façon spécifique et immédiate, les victimes de violence et exactions suite à la crise survenue au Mali. A travers cet atelier, et les lois qui vont être initiées, les organisateurs entendent souligner la nécessité de disposer d’un arsenal répressif et de faire triompher la justice en faveur des femmes victimes de violences et de discrimination.
Au niveau mondial, le Secretaire général des Nations Unies M. Ban Ki-moon a annoncé la semaine dernière la création d’un Groupe de réflexion de haut niveau sur les thématiques en lien avec la promotion des femmes. Ce groupe d’experts sera chargé d’apporter des idées et de galvaniser les efforts en vue de combler le fossé persistant entre les sexes dans le monde.