IBK et Tréta ont, ensemble, quitté l’Adema-Pasj pour créer le RPM. C’était à la suite d’un houleux congrès extraordinaire mis sur le compte de l’ancien président Alpha Oumar Konaré. Instance au cours de laquelle Mme Sy Kadiatou Sow avait clamé qu’il n’y a pas de candidat naturel à l’Adéma. IBK et Tréta avaient claqué la porte et ensemble, fait la traversée du désert, en passant par Espoir 2002 et par l’unanimisme rompu par le Fdr, qui incarnait finalement l’opposition à ATT.
Le parcours n’a donc pas été facile, car les attelages ont parfois été opportunistes, vu les antécédents d’IBK avec certains hommes politiques qu’il avait jadis fait emprisonner. Personne ne pensait au retour en force du RPM, jusqu’au putsch de Amadou Aya Sanogo. Là aussi, il fallait bien manoeuvrer, en restant avec l’armée, sans totalement cautionner le putsch.
La tactique a marché, car, avec Amadou Aya Sanogo et l’accompagnement de l’armée, c’était finalement IBK à Koulouba. Pendant tout ce temps, la complicité du duo-IBK-Tréta a marché à merveille. Le travail était toujours bien harmonisé entre deux compères arrivés à la tête de l’Etat avec un parti devenu pléthorique, avec plus de la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Pour Tréta, c’est le moment de monter de grade, rapidement. Sauf que, c’est en ce moment qu’il y a eu des impairs, en commençant par les engrais de mauvaise qualité et la mauvaise prestation de Tréta à l’Assemblée nationale.
L’homme de l’ombre, celui qui s’exprimait rarement en public, s’est très mal défendu à l’hémicycle. C’est à croire que ce n’était pas ce Tréta dont on entendait parler, comme le stratège politique, celui qui conduisait indéniablement les affaires du RPM et sans l’aval de qui, tout dossier transmis au siège du parti était gelé. En réalité, le secrétaire général du RPM venait de montrer des limites qui ont fortement déteint sur sa cote de popularité et du coup, sa personnalité. Il a quand même persisté à trouver dans le parti, sa légitimité pour imposer sa majorité.
En toute logique, un parti majoritaire doit pouvoir imposer un de ses militants comme Premier ministre. C’est l‘esprit de la constitution malienne, mais, ce n’est pas le principe, comme en France. D’ailleurs, ni Alpha, ni ATT, n’ont scrupuleusement respecté cette logique. Donc, IBK n’est pas contraint de la suivre. D’autant plus que le Premier ministre Modibo Kéita est devenu une pièce maîtresse du tableau de bord d’IBK, qui se méfie à plus d’un titre de son entourage. Il l’a maintes fois répété. C’est pourquoi le président de la République n’a pas cessé de congratuler le PM, de flatter son orgueil et même, nous a-t-on assuré, de le supplier de rester à ses côtés.
Aujourd’hui, cette majorité à l’Assemblée peut-elle démettre le PM, Modibo Kéita ? Oui, si elle arrive à rassembler la majorité qualifiée! Mais, elle ne se hasarderait sûrement pas à le faire, car, en cas d’échec, elle risquerait d’être dissoute par le président de la République. Et rien ne nous assure que sans IBK, le RPM reviendra majoritaire à l’Assemblée nationale. Sans compter que l’Adéma-Pasj, parti mieux implanté sur l’ensemble du territoire national, est à l’affût, depuis son départ du pouvoir. Il faut le dire, si IBK a été élu en 2013, c’est d’abord par le peuple qui aspirait à retrouver sa dignité sous la férule d’un homme de poigne, même s’il était soutenu par un parti fort.
Donc, la bataille qui aurait pu avoir lieu entre IBK et Tréta est un faux combat, car le vainqueur est connu d’avance. C’est IBK. Le RPM l’a compris. C’est pourquoi, après les lettres de félicitations des sections du parti à l’endroit de Tréta, ce fut, très vite la paix des braves, pour ne pas dire la douche froide. Le questeur Diarrassouba en a fait l’écho : « il n’y a pas de guerre entre IBK et le RPM. » Pour la survie du parti. A tout seigneur, tout honneur ! Quoique l’idylle entre les deux hommes soit morte de sa plus belle mort.
Baba Dembélé
Source: Le Journal