Le Mali humilié par le laxisme d’agents insouciants de notre honneur à tous, c’est le moins que l’on dire de cette horreur qui nous tombe sur la tête. Hommage qui PARENA qui a levé le lièvre, et merci au Premier ministre de venir sur le ban des accusés pour assumer et marteler que l’acte ne sera pas impuni. Déjà la tête du ” représentant malien à l’ONU ” est tombée. A qui le tour ?
Tout a commencé par le communiqué du PARENA qui déclare, le 24 janvier 2016, ce qui suit :
” Le droit de vote du Mali aux Nations Unies a été suspendu, le 18 janvier, pour non paiement de cotisations pendant deux ans.
En somme, depuis l’accession au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta, le Mali ne s’est pas acquitté de ses obligations vis à vis de l’ONU.
Le montant total des arriérés est d’au moins 200 millions de francs CFA.
Pour recouvrer le droit de vote, notre pays doit payer, au plus vite, au moins 68 millions de francs CFA (112.305 USD).
Aux dires des experts, cette somme représente sept heures de vol du Boeing 737 présidentiel, pour ne prendre que cet exemple.
Cette mauvaise nouvelle est un énorme coup de massue pour l’honneur et la dignité nationale de notre peuple.
Outre les scandales et les nombreuses histoires d’argent qui émaillent la gouvernance d’IBK, notre pays est, depuis le 18 janvier, la risée du monde pour non paiement de deux années de cotisation à l’ONU.
Le président de la République ne cesse de proclamer son attachement à l’honneur du Mali. A ses dires, il œuvre chaque jour au rayonnement du pays. Devant les critiques relatives à ses nombreux voyages à l’extérieur, il a déclaré, récemment, qu’il continuerait à voyager et qu’il se rendrait partout dans le monde “pour dire le Mali”.
Le dossier des arriérés de cotisations dues à l’ONU est sur la table du Gouvernement depuis plusieurs mois. Il n’a pas été géré, comme de nombreuses autres questions souvent vitales pour le Mali. Ainsi est la gouvernance actuelle du pays.
Le PARENA invite le Gouvernement à ne pas humilier davantage le Maliba, à payer sans retard les arriérés dus et fournir au peuple malien des explications car un pays qui bénéficie tant de la solidarité internationale ne saurait se mettre dans une aussi mauvaise posture. ”
Le PM réagit
Sur les antennes de l’ORTM, le Premier ministre Modibo Kéîta déclare :
“Cette nouvelle est tombée comme un couperet. Nous l’avons vécue avec un immense regret. Mon intervention n’a pas pour but de justifier, puisque l’attitude peu soucieuse de certains cadres nous a conduits à cette extrémité…Je sais que le peuple du Mali est très fier, très pointilleux sur son honneur et sa dignité. Tout ce qui peut écorner cette image de marque doit nous interpeller, et le gouvernement est effectivement interpellé. Permettez-moi de présenter les excuses du gouvernement à ce peuple si fier et si jaloux de son honneur. Qu’est-ce qui est arrivé ? Le gouvernement du Mali a toujours tenu ses engagements par rapports aux organisations internationales. Et il s’est fait un devoir de payer dans les délais requis les cotisations dues à l’Organisation des Nations Unies. En la circonstance, les recherches que j’ai pu effectuées après avoir reçu cette information me permettent de vous dire que le 3 juin 2015, à la demande du ministère des Affaires étrangères, le Trésor public du Mali, par l’intermédiaire de la Bceao, a émis des ordres de transfert télégraphique pour s’acquitter de ses cotisations par rapport à ses engagements envers les Nations Unies, d’un montant d’à peu près 200 millions FCFA. Mais là où les choses véritablement nous préoccupent, c’est que le numéro de compte qui a été communiqué par les Affaires étrangères n’était pas le bon. Et la Bceao qui était chargée de ce transfert a donc dû retourner au Trésor du Mali les sommes qui devraient être transférées. Les fonctionnaires qui ont reçu ce retour-là auraient dû s’inquiéter, se poser la question du pourquoi. Mais non, ça n’a pas été le cas, comme si de rien n’était. Notre diplomatie qui aurait dû être très pointilleuse sur cette question n’a pas donc vérifié aussi…
Ce n’est pas une excuse du tout. Ce qui est arrivé est injustifiable pour un gouvernement, mais je l’assume. En l’assumant, je voudrais donner l’assurance au peuple du Mali que toutes les dispositions ont été prises pour que dans les plus brefs délais, la situation soit régularisée. C’est pénible pour un pays que je connais, mais voilà la réalité. Il est vrai que nous devons en tirer tous les enseignements, toutes les conséquences et prendre toutes les mesures appropriées pour qu’un tel laxisme ne porte pas un ombrage à l’image de notre pays. Un pays est suspendu quand il ne paye pas deux ans de cotisation, mais ce qui est là et vous pouvez en avoir connaissance, on a un premier versement de 104 322 000 FCFA dit règlement des arriérés de contribution 2015 dus par le Mali au budget de fonctionnement de certaines organisations. Un autre règlement des arriérés de contribution 2015 dus par le Mali au budget de fonctionnement de certaines organisations, notamment les Nations Unies, et un autre dû, c’est pour les tribunaux. Voilà ce qui s’est passé. Donc, nous avions à cœur d’éponger tous les arriérés. Encore une fois, permettez-moi d’insister sur la volonté du gouvernement de tirer tous les enseignements…”
La Section syndicale du Trésor dégage sa responsabilité
La Section syndicale du Trésor, par le truchement de son Secrétaire général Aguissa Zouladéini Maïga et ses collaborateurs Niaga Keïta, Diakaridia Diomo, a donné mercredi sa version des faits.
Selon M. Maïga, le Premier ministre n’a pas eu toutes les informations dans cette affaire car, soutient-il, ” les cadres du Trésor ont correctement fait leur travail “.
Aguissa Zouladiéni Maïga de préciser que suite au retour des ordres de transfert par la BCEAO le 5 juin 2015, le 8 juin le Trésor a saisi par lettre officielle l’ordonnateur, la Direction du Budget, pour qu’elle transmette les numéros de compte corrects. Cela n’a pas été fait. Le 27 août 2015, le Trésor a adressé une nouvelle correspondance à l’ordonnateur pour alerter encore.
Donc, à en croire M. Maïga, le Trésor a effectué “les diligences du comptable publique en matière de paiement”, conformément au décret 349 du 22 mai 2014, texte considéré comme “la Bible” ou “le Coran” du comptable publique.
” Nul ne saurait nous jeter en pâture…”, a fulminé le Secrétaire général de la Section syndicale du Trésor, affiliée au Syntade. Comme quoi, la balle est dans le camp de la Direction du Budget, auquel cas des têtes risquent de tomber.
Ainsi le Trésor avait alerté par deux lettres, le directeur général du budget qui est l’ordonnateur des dépenses publiques, afin de faire parvenir les bonnes coordonnées bancaires en vue du règlement diligent du paiement de cotisation du Mali envers les Nations Unies.
Les lettres (en fax similé) portent comme objet : ” Demande de bonnes coordonnées bancaires suite au rejet du transfert par la BCEAO ” adressée à Monsieur le Directeur du Budget.
La première lettre est ainsi libellée :
” J’ai l’honneur de vous informer que les ordres de transfert émis en règlement des mandats ci-après ont été rejetés par la BCEAO au motif que les références des comptes bancaires des bénéficiaires sont erronées. Il s’agit de BE 212, mandat 548 de FCFA 8 226 620 émis en faveur de NU BUDGET DES TRIBUNAUX DE PAIX ; BE 212, mandat 546 de FCFA 104 322 500 émis en faveur du BUDGET ORDINAIRE DES NATIONS UNIES; BE 212, mandat 547 de FCFA 80 491 565 émis en faveur de NU BUDGET DES OPERATIONS MAINTIEN DE PAIX ; Par conséquent, je vous demande de bien vouloir me faire parvenir les bonnes coordonnées bancaires en vue du règlement diligent : numéro de compte normalisé comprenant le code swith ou le code IBAN ainsi que la désignation de la banque. Je vous remercie de votre bonne collaboration “.
Cette première lettre est signée le 8 juin par le payeur général du trésor et adressée au directeur général du budget.
Voici la teneur de la deuxième lettre :
” Monsieur le Directeur général du budget, J’ai l’honneur de vous informer que les ordres de transfert émis en règlement des mandats ci-après ont été rejetés par la BCEAO au motif que les références des comptes bancaires des bénéficiaires sont erronées. Il s’agit de : BE 1330, mandat 2167 de FCFA 26 000 émis en faveur de MISNUS ; BE 1330, mandat 2165 de FCFA 384 025 émis en faveur de FNUOD; BE 1330, mandat 2168 de FCFA 500 000 émis en faveur de CREFIAF ; BE 1332, mandat 2173 de FCFA 268 942 émis en faveur d’INTOSAI ; BE 48, mandat 73 de FCFA 33 709 630 émis en faveur de l’ORGANISATION MONDIALE DU TOURISME ; BE 194, mandat 497 de FCFA 15 000 000 émis en faveur de l’UNICEF NDEADKKK ; BE 916, mandat 1137 de FCFA 10 823 290 émis en faveur de SOGEFRPP ; BE 2232, mandat 2589 de FCFA 18 053 631 émis en faveur de l’ORGANISATION DU TRAITE DE L’INTERDICTION COMPLETE DES ESSAIS NUCLEAIRES ; BE 747, mandat 1841 de FCFA 25 000 000 émis en faveur de l’AOAS ; BE 1010, mandat 2345 de FCFA 62 083 910 émis en faveur de RÉADAPTATION ; BE 212, mandat 548 de FCFA 8 226 620 émis en faveur de NU BUDGET DES TRIBUNAUX DE PAIX ; BE 212, mandat 547 de FCFA 80 491 565 émis en faveur de NU BUDGET DES OPERATIONS MAINTIEN DE PAIX ; BE 212, mandat 546 de FCFA 104 322 500 émis en faveur du BUDGET ORDINAIRE DES NATIONS UNIES ; Par conséquent, je vous demande de bien vouloir me faire parvenir les bonnes coordonnées bancaires en vue du règlement diligent : numéro de compte normalisé comprenant le code swith ou le code IBAN ainsi que la désignation de la banque. Je vous remercie de votre bonne collaboration “.
Nous pouvons dire que le mal est connu, l’on sait où il se situe, le diagnostic est aux mains du Premier ministre, il reste à porter les soins. A suivre !
Mamadou DABO