Le Malien a été élu «Meilleur joueur» d’un tournoi entre les meilleurs lycéens d’Amérique du Nord, comme Shaquille O’Neal et LeBron James, avant lui. Et l’ailier brille désormais dans le championnat universitaire, avant sans doute d’intégrer la NBA d’ici deux ou trois ans. Cheick Diallo, puisqu’il s’agit de cet immense talent, incarne l’espoir du basket-ball malien et africain.
Sur la planète du basket-ball, Shaquille O’Neal, Kevin Garnett, LeBron James, Kevin Durant sont des noms fameux. Comme eux, le jeune Cheick Diallo du Mali a été élu «Meilleur joueur» du «All-American Game». Une prestigieuse rencontre annuelle entre les meilleurs lycéens d’Amérique du Nord. Et comme Wilt Chamberlain, rappellent les observateurs, l’un des meilleurs basketteurs de l’histoire, le Malien porte les couleurs des Jayhawks de Kansas University, l’une des plus prestigieuses équipes du pays. L’ailier a pourtant eu du mal à intégrer le championnat universitaire américain (NCAA) cette saison, notamment pour de «sombres raisons administratives». Mais Cheick Diallo et son entourage ont remporté leur bras de fer avec la National Collegiate Athletic Association, après plusieurs semaines de conflits.
Rien ne s’oppose aujourd’hui à la marche en avant entamée en 2010 par le natif de la Cité des Rails (Kayes). «J’ai commencé le basket-ball à 13 ans. Avant, je jouais au football. Mon père m’a dit que j’étais devenu trop grand et que je devais trouver un autre sport», se souvient le benjamin d’une fratrie de cinq garçons. Au début, le gamin n’est pas franchement accroc au gros ballon orange. Il lui faut un ou deux ans pour bien s’adapter à cet espace de jeu et à l’organisation de cette discipline. «Chez moi, tout le monde faisait du football et personne n’aimait vraiment le basket-ball. À Bamako, il y avait beaucoup de basketteurs. Mais, à Kayes, pas vraiment», explique le jeune talent.
Même regarder les matches NBA était compliqué, entre le décalage horaire avec les Etats-Unis et l’accès difficile aux retransmissions télévisées. N’empêche qu’il est vite repéré par Tidiane Dramé, organisateur de stages de détection de jeunes talents. Le jeune Cheick venait de porter le maillot de l’Equipe nationale A pour la première fois et le «chasseur de talents» a insisté pour que le néo-Aigle traverse l’Atlantique. Une proposition qui divise la famille, car si le Papa n’y est pas opposé, la Maman ne souhaite pas voir le garçon s’éloigner du bercail si tôt.
Cheick Diallo part finalement pour New York le 14 février 2012. Un voyage qui aurait pu ne jamais avoir lieu à cause des événements politico-sécuritaires que le pays allait connaître un peu plus d’un mois plus tard. «Quelques semaines plus tard (22 mars 2012, NDLR), il y a eu un coup d’Etat à Bamako», confie-t-il à des confrères.
Un rêve qui se concrétise
Avec l’instabilité diplomatique, le jeune malien aurait pu être privé de visa. «J’ai eu beaucoup de chance quand même», sourit-il. L’adaptation n’est pas pour autant facile pour Cheick Diallo, qui n’a que 15 ans et à qui la famille et l’ambiance du pays vont très tôt manquer. Un «coup de blues» naturel à cet âge. «C’était si dur de quitter mes parents, mes amis et mes frères. Tout, juste pour venir ici. Au début, j’étais tenté de renoncer à tout et revenir en arrière. Mais, un jour, je me suis dit : Non, pas encore. Je veux rester ici et travailler dur avant de retourner au Mali», se rappelle-t-il. Heureusement que la volonté de réaliser un rêve d’enfant sera la plus forte.
«Venir aux Etats-Unis était un rêve. Mais les premiers mois étaient vraiment difficiles parce que je ne parlais pas anglais», narre à des confrères celui qui, désormais, s’exprime mieux dans la langue de Shakespeare que dans celle de Molière (Français). «Le jeune Africain s’accroche. Il prend confiance et des centimètres jusqu’à atteindre 2,10 m», écrit un confrère américain.
Après trois années de cursus, il est ainsi élu «Meilleur lycéen» du pays de l’Oncle Sam en avril 2015. Une première pour un Africain. «C’était un gros truc. Mon ambition maintenant, c’est de gagner le titre universitaire», avoue-t-il, en se départissant de sa timidité. Né le 13 septembre 1996 à Kayes, Cheick est donc un talentueux jeune basketteur qui fréquente actuellement l'Université du Kansas à Lawrence, Kansas. Les chroniqueurs sportifs américains le considèrent déjà comme «une recrue cinq étoiles» et est largement considéré comme l'un des meilleurs joueurs de sa génération.
Excellent sur les rebonds et les contres, l’intérieur (puissant ailier) est un redoutable finisseur, car très mobile. Et cela, malgré ses 2,10 m. Robuste et athlétique, de l’avis de certains techniciens, il devra encore progresser sur le plan offensif pour devenir «une réelle menace des deux côtés du terrain». Mais, à peine Cheick Diallo vient-il d’intégrer la NCAA que la grande NBA lui fait déjà les yeux doux. Le Malien fait actuellement partie des dix jeunes joueurs les plus convoités pour la prochaine Draft, c’est-à-dire la session annuelle de recrutement des jeunes basketteurs par des équipes NBA. Chacune choisit un joueur à tour de rôle après un tirage au sort. Généralement, c’est un honneur réservé à des universitaires âgés de 21 ou 22 ans.
Très humble et méthodique, Cheick ne souhaite pas pourtant brûler les étapes. «C’est vrai que peu d’Africains ont une opportunité comme celle-ci. Je suis tellement content. Mais je ne vais pas encore me lancer en NBA. D’ici deux ou trois ans, je pense», répond-il à la presse. Cheick Diallo serait alors le deuxième Malien à fouler les parquets du meilleur, voire du plus prestigieux des championnats de basket dans le monde, après Soumaïla Samaké au début des années 2000. «Beaucoup de gens me parlent de lui. Je ne connais pas Soumaïla. Mais je veux être le deuxième de mon pays à jouer en NBA», assure le jeune loup au talent immense, mais à l’ambition mesurée.
D’ici là, le prodige n’exclut pas de briller avec les Aigles du Mali lors du prochain Championnat d’Afrique (2017), pour non seulement montrer tout ce qu’il a appris depuis son départ de Kayes, mais aussi et surtout pour manifester sa reconnaissance à la Patrie malienne. Cheick affirme ainsi sa volonté de contribuer à l’écriture d’une des plus belles pages du basket-ball malien !
Moussa BOLLY
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