La crise du passeport a ébranlé SadaSamaké avant de le mettre hors de l’attelage gouvernemental. Son successeur, Salif Traoré, a pris le problème à bras le corps. C’est ainsi qu’à la suite d’une visite dans les locaux de la police des frontières (qui délivre le passeport) il annonçait que le délai de livraison allait passer à trois jours. L’on a applaudi des deux mains. Mais moins de trois mois après cette déclaration, le naturel est revenu au galop.
Que cache cette crise du passeport qui persiste malgré toutes les tentatives de s’en sortir ? La question a toute sa pertinence, tant depuis la fin de l’année de 2014, cette crise, à défaut d’être permanente, est devenue cyclique. Se procurer ce qu’on peut à juste titre appeler “ précieux sésame ” est devenu un parcours de combattant. C’est aux environs de 23h que commence le rang afin de pouvoir déposer le dossier de demande de passeport le lendemain. De cette heure au petit matin, les gens ne finissent pas d’arriver. Ce qui donne lieu à une longue queue qui s’étire sur plusieurs centaines de mètres. Or il n’a jamais été possible pour toutes ces personnes de pouvoir déposer leur dossier. Les frustrés sont les plus nombreux. ” Je suis arrivé aux environs de 2h du matin, croyant que j’allais être le premier, mais à ma grande surprise, j’ai trouvé un monde fou sur place. J’étais donc loin derrière. Après avoir veillé toute la nuit, je n’ai finalement pas pu déposer mon dossier car les agents nous ont dit que le nombre requis était atteint “, fait remarquer un jeune étudiant. Nombreux sont, comme lui, ceux qui ruminent leur déception et rongent leur colère après avoir été ainsi éconduits.
Les agents du service de délivrance des passeports, que nous avons approchés, se refusent à tout commentaire. Alors que le clientélisme de ces agents est très souvent pointé du doigt. “Des personnes sont arrivées après moiet avec lesquelles j’ai causé jusqu’au matin. Elles ont finalement pu, par l’entremise d’un agent, déposer leur dossier et repartir avant moi “ témoigne KK. Ce qui n’est pas sans rappeler les pratiques dénoncées sous SadaSamaké lorsque le prix du passeport était passé de 50 mille Fcfa à plus de 100 mille Fcfaà cause des dessous de tables versés aux agents véreux. Dans certains cas, comme celui des expatriés, pris à la gorge par l’urgence, il fallait débourser jusqu’à 300 mille Fcfapour renouveler son passeport périmé.
Si l’on sait l’actuel ministre de la Sécurité intérieure et de la protection civile sincère dans ses directives, il est à craindre que des agents, pour se faire les poches,se mettent à torpiller ces initiatives. Il revient donc au Ministre de prendre les décisions qui s’imposent car il ne sert à rien de donner des directives si elles ne sont suivies d’effets.
MSD