Si ces 73 heures (du 27 au 29 janvier 2016) de grève n’aboutissent pas, le Comité Syndical de l’Office de Radiodiffusion Télévision du Mali (ORTM) menace d’observer un autre mot d’ordre qui consistera à éteindre carrément la télévision nationale et tous les réseaux de l’ORTM transmettant les chaînes étrangères dans notre pays. Ces propos sont d’Abdrahamane Touré, secrétaire général du comité syndical de l’ORTM, que nous avons rencontré hier 27 janvier 2016, dans son bureau.
Il était hier, environs 15 heures, lorsque nous nous sommes pointés à la porte entrée de l’ORTM. Quatre agents de sécurité privée veillent au grain. L’accès à la cour est filtré. Même la carte professionnelle ne nous autorisait pas. C’est un coup de fil qui nous permettra d’entrer dans la cour de l’ORTM quasiment vide. Ici, le service public n’était plus une passion ! Seuls quelques agents techniques s’y trouvaient juste pour assurer le service minimal. Devant la Direction Générale et celle de la Télé, quelques véhicules de reportage étaient stationnés. Dans son bureau, le secrétaire général du comité syndical affiche une sérénité absolue comme pour dire qu’il maîtrise la situation. Interrogé sur l’attitude des agents de sécurité installés à la porte d’entrée, Mamourou Sidibé, membre du Comité déclare : « Nous leur avons donné des consignes strictes de ne laisser entrer personne sans un motif valable. Même nos propres agents sont concernés par cette décision du comité syndical ». Selon les syndicalistes, sur les huit points de revendication, aujourd’hui seulement 5 points ont été satisfaits. Les trois points non satisfaits sont pour le secrétaire général du comité syndical, essentiels et doivent être satisfaits à tout prix. Il s’agit de : l’abrogation des lois portant sur la restructuration de l’ORTM en deux entités différentes (ORTM comme un établissement public à caractère administratif et la société malienne de transmission et de diffusion) ; l’harmonisation des statuts des entités à créer dans le cadre de la restructuration et enfin le maintien de la Communication dans les priorités du Gouvernement. Pour la mise en œuvre effective de ces doléances, le comité syndical est toujours inflexible. « Nous ne sommes pas contre la restructuration de l’ORTM. Car, c’est un projet de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) sur lequel nous travaillons depuis 2006. Nous avons seulement voulu que cette restructuration se fasse dans les règles de l’art. Mais malheureusement le Gouvernement ne semble pas comprendre cela et c’est dommage », a déploré Mamourou Sidibé. Selon Abdrahamane Touré, ce n’est pas un souhait pour son comité d’aller en grève. « Nous avons ouvert le dialogue avec le Gouvernement depuis le 21 jusqu’au 26 janvier sans trouver un accord. C’est ainsi que nous avons observé ces 72 heures de grève et je vous assure que depuis là, le Gouvernement ne nous a pas recontactés. Mais, nous restons quand même ouverts aux discussions, car il n’est jamais trop tard pour réparer et une grève peut-être interrompue à tout moment », a-t-il précisé. En ce qui concerne le prochain mot d’ordre de grève en cas d’échec des négociations, le Patron du Comité Syndical de l’ORTM est on ne peut plus clair. « Si nos doléances ne sont pas satisfaites, le prochain mot d’ordre de grève sera d’éteindre carrément la télévision nationale et tous les réseaux de l’ORTM transmettant les chaînes privées dans notre pays. C’est pour dire que les écrans des téléviseurs seront noirs », a-t-il prévenu avant de demander des excuses à tous les téléspectateurs pour les désagréments causés par cette décision. A en croire, Abdrahamane Touré, le combat de son comité n’est nullement lié au départ de l’ex Directeur Général de l’ORTM, Bally Idrissa Sissoko. « Notre grève n’a rien avoir avec le départ de Bally. Mais si je pouvais le faire revenir, je le ferais. Cela, pas pour ma personne, mais pour le bien-être des travailleurs de l’ORTM. Car, jamais je n’ai eu autant de privilèges pour mes camarades travailleurs pendant la période d’un autre Directeur que Bally », a-t-il précisé.
Ousmane Ballo