Le samedi 30 janvier 2016, le grand rendez-vous était donné pour crier à la face du monde qu’aucune tolérance ne serait accordée aux violences faites aux femmes. Malheureusement, certaines grandes organisations féminines n’étaient pas au rendez-vous, certainement pour des raisons individuelles.
Triste demeure le constat de voir que la solidarité n’est point le fort de la gente féminine sous nos cieux. Les Maliennes viennent de le prouver une fois de plus par l’absence de bon nombre de groupements féminins pour dénoncer un crime perpétré sur une femme par son conjoint. La marche qui était prévue ce samedi 30 janvier à l’honneur de Mme Fall Kamissa, décédée dans la nuit du 23 au 24 janvier dernier, et de Mariam Diallo, décédée le 5 février 2016, n’a pas enregistré la grande mobilisation tant espérée. Les associations et groupements féminins du Mali sont connus pour leur capacité de mobilisation autour de leurs préoccupations. Malheureusement, les constats ont prouvé également que ces mêmes associations sont divisées et plus portées sur des querelles de leadership et d’intérêts personnels que sur la mission dont elles se réclament. En effet, ONG et mouvements se réclament tous militants pour la défense des droits de la femme et de la lutte contre les violences basées sur le genre qui, au grand dam des femmes, s’intensifient et prennent une forme criminelle dans notre pays. Le cas de Kamissa et celui de Mariam ne sont que ceux connus du grand public à cause de leur médiatisation. Selon certains témoignages, des associations féminines de la place, de plus en plus, les femmes perdent la vie suite à des violences conjugales. Par ailleurs, nombreuses sont les femmes qui se retrouvent handicapées à cause des séquelles d’une vie conjugale violente. Dans le rapport 2014 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la violence faite aux femmes, il ressort que 30 % des femmes à l’échelle mondiale sont victimes de violences de la part de leur partenaire intime, dont 36,6% en Afrique. Selon le rapport de l’ONU-femme en 2013, 353 femmes ont subi des violences physiques au Mali. Presque le double enregistré en 2014, avec 603 cas par Wildaf-Mali.
Face à la criminalisation des actes de violences conjugales qui, pour le malheur des victimes, sont souvent «excusées» par la société, les ONG et associations féminines du Mali devraient se retrouver autour de la problématique pour exiger que justice soit rendue aux victimes et prévenir ces types de violences.
Car pour le malheur de ces victimes, sous la pression tant de la société que de notre culture et au non de la religion, on se retrouve face à une banalisation de ce genre d’acte. Le meurtrier de Mariam Diallo a recouvré la liberté et la famille de Kamissa, selon nos informations, aurait décidé de ne pas porter plainte contre son mari. Sans oublier que lors de la cérémonie mortuaire de Kamissa, les prêches essayaient tant bien que mal d’humaniser l’acte de son assassin. Aussi, est-il triste de voir que face aux enjeux de la question, certains leaders où proches des victimes, par égocentrisme ou pour d’autres raisons méconnues, se réservent de s’associer aux autres mouvements de dénonciation des violences basées sur le genre, tout simplement parce qu’ils n’occuperont pas la première place du peloton.
Khadydiatou SANOGO