Depuis l’élection d’Ibrahim Boubacar Keita à la Magistrature suprême, le bureau politique national du Rassemblement pour le Mali (RPM) a décidé d’écarter les cadres non militants du parti présidentiel pour occuper les postes stratégiques de l’administration publique. En tout cas, ce n’est pas Madou Diallo, le désormais ex-secrétaire général de l’Assemblée nationale, qui dira le contraire.
Cette démission du Dr Madou Diallo, jeune cadre émérite du principal parti d’opposition, l’URD, est loin d’être une surprise pour les observateurs de la scène politique nationale. De la direction du parti en passant par le groupe parlementaire jusqu’aux militants du parti du Tisserand, le départ de Madou Diallo était, depuis un bon moment, le seul mot d’ordre.
Face à la résistance du président de l’Assemblée nationale, Issaka Sidibé, de maintenir le jeune Diallo non pas pour des besoins politiques, mais pour sa maîtrise dans la gestion de l’institution parlementaire, le rouleau «broyeur» du RPM est rentré dans la danse contraignante. Issaka Sidibé ne pouvait que constater les dégâts le vendredi 29 janvier 2016, avec comme conséquence la démission de son secrétaire général, Dr Madou Diallo. Ouf de soulagement pour certains, colère et amertume pour d’autres suite à ce départ.
Selon des sources proches du RPM, Issaka Sidibé faisait l’objet d’une pression intense de la part du groupe parlementaire afin qu’il limoge le Secrétaire général et le remplace par un jeune cadre de son bord politique. Une lettre lui a été adressée dans ce sens. Dans cette correspondance, le groupe parlementaire dit ne pas comprendre pour quel motif Issaka Sidibé garderait dans son équipe un cadre proche du leader de l’opposition, Soumaïla Cissé.
Un ouf de soulagement pour ses détracteurs et dans le rang des tisserands qui ne cachaient plus leur irritation de voir un cadre de l’opposition occuper un poste aussi stratégique de l’institution parlementaire. Pour preuve, dès l’annonce de cette démission, la direction du RPM, à travers le président de l’Assemblée nationale, a jeté son dévolu sur l’un de ses conseillers en la personne de Modibo Sidibé, un cadre du parti présidentiel pour remplacer le Dr Madou Diallo à ce poste qu’il juge stratégique.
L’information a été rendue publique le même vendredi par la «victime» du jour, Dr Madou Diallo, sur sa page facebook et son compte twiter. «Après un entretien hier soir avec le Président de l’Assemblée nationale, je voudrais vous informer de la fin de ma mission en qualité de Secrétaire général de ladite institution. Après plus de trois années d’exercice, il m’est agréable de remercier les Présidents Younoussi Touré et Issaka Sidibé, les députés et l’ensemble du personnel parlementaire pour leur confiance. Permettez-moi d’adresser des remerciements particuliers à la famille URD, particulièrement aux jeunes pour leur patience et leur compréhension».
Le cas Madou Diallo n’est pas isolé
Les vautours du RPM, avec à leur tête la direction du parti, ne cessent de faire des victimes depuis l’arrivée d’IBK aux affaires.
Pour rappel, le tout-puissant secrétaire général du RPM, Dr Bocari Tréta, a créé un scandale en plein Conseil des ministres suite à une proposition de nomination du ministre de l’Education nationale, Barthélemy Togo, qui a été soumise à l’approbation du Conseil. Au vu de la liste proposée, l’ancien ministre du Développement rural a opposé un niet catégorique pour la simple raison que les noms sur la liste n’étaient pas ceux des militants de son parti, le RPM.
Il faut rappeler que Dr Madou Diallo occupait le poste de secrétaire général de l’Assemblée nationale depuis 2012, sous l’ère du Pr Younoussi Touré, suite au coup d’Etat de mars 2012. Le leader de la jeunesse URD est le premier jeune cadre malien à occuper ce prestigieux poste. Si le départ de Madou Diallo est salué par ses détracteurs, ils doivent comprendre que c’est une lourde perte pour l’institution parlementaire d’une manière générale et particulièrement pour Issaka Sidibé qui aura du mal à tenir la barre sans le coaching de son adversaire politique qui le servait avec loyauté et professionnalisme.
Le passage de ce jeune universitaire a marqué d’un trait la vie de l’institution parlementaire. Il fût incontestablement un acteur majeur dans la conduite de plusieurs réformes qui ont donné un regard positif à l’hémicycle.
Nouhoum DICKO