Le samedi 30 janvier 2016 s’est déroulée à Bamako une marche pour dénoncer les nombreuses violences conjugales enregistrées chaque année dans notre pays sans que leurs auteurs ne soient poursuivis et châtiés. Elle était organisée par le mouvement Halte aux Violences Conjugales (HVC), suite au décès récent, des mains de son propre mari, de Mme Kamissa Sissoko, à l’ACI 2 000.
«Une de plus, une de trop!», proclame le manifeste rédigé par le HVC, qui rappelle pour l’occasion un autre meurtre du même type, qui a eu lieu il y a presque une année, le 5 février 2015, lorsque Mariam Diallo, une autre jeune mère de famille, fut poignardée à mort par son conjoint.
Femmes parlementaires, jeunes femmes leaders, responsables d’ONG et d’associations féminines, défenseurs des droits de l’homme, hommes et femmes, jeunes et vieux, ils ont été nombreux à marcher du Monument de l’Indépendance au Centre Aoua Kéita, pour réclamer une tolérance zéro face à de tels crimes, la criminalisation des violences conjugales et le renforcement et l’application des lois en vigueur.
Un renforcement des centres actuels d’assistance aux victimes de violences conjugales et une augmentation de leur nombre, de même que la mise en place d’un centre d’accueil et d’accompagnement juridique des victimes ont également été réclamés par HVC et ses soutiens.
Outre ces deux crimes, qui ont eu un fort retentissement médiatique, il ne faut pas perdre de vue que les violences conjugales sont un fléau récurrent dans notre pays, mais que, le plus souvent, les victimes et les familles les passent sous silence, par souci de respectabilité sociale ou par pression sociale, certains trouvant même normal qu’un chef de famille frappe son épouse à sa guise et sous n’importe quel prétexte.
«Tape sur un tam tam, pas sur ta femme», «Hommage à Mariam et à Kamissa», tels étaient certains des slogans que l’on pouvait lire sur les banderoles des marcheurs, tandis que, non loin de là, sur les lieux de l’assassinat de Kamissa, l’AFLED et ses partenaires avaient organisé une prière collective en mémoire de la défunte Mme Fall.
Pour que des femmes ne meurent plus dans l’ombre et dans l’anonymat sous les coups de leurs conjoints, HVC appelle ses sympathisants à la vigilance, à la présence sur le terrain et à la réactivité et demande au gouvernement d’instituer la journée du 5 février comme Journée nationale de lutte contre la violence conjugale au Mali.
Ramata Diaouré