Face aux violences conjugales recrudescentes dans notre pays, les femmes n’entendent plus baisser les bras. A cet effet, elles étaient sorties très nombreuses samedi dernier, pour marcher à partir du monument de l’indépendance jusqu’au centre Aoua Keita, afin de rendre hommage une jeune mère Kamissa Sissoko, a été abattue par son mari dans la nuit du 2 3 janvier 2016. Il s’agissait pour le tout mouvement haltes aux violences, de condamner fermement cette situation et alerter les autorités publiques à prendre les mesures idoines pour éradiquer cette barbarie humaine.
Dans une déclaration lue à la devanture du centre Aoua Keita, la porte –parole des marcheuses, Bernadette Mah Ippet, a rappelé que la situation sur les violences conjugales a pris un tournant sans précédent au Mali, avant d’illustrer que dans la nuit du 2 3 janvier 2016, une jeune mère Kamissa Sissoko, a été abattue par son mari, l’homme qui lui a juré protection dans les meilleures comme les pires moments. A ses dires, le 05 février 2015, c’était le cas de Mariam Diallo, jeune mère également assassinée par son époux. « Encore une de plus, une de trop » s’indigne Bernadette. Selon elle, les cas sont nombreux et ne cessent de s’accroitre. Pour Bernadette, les victimes et leurs parents se réservent encore de dénoncer les auteurs de certaines formes de violences domestiques.
A l’en croire, la préservation d’un honneur apparent ou d’une soi-disant dignité de la famille et même la pression sociale font de cette brutalité un phénomène caché donc difficile à apprécier. « s’en est assez » grogne la porte-parole. Face à cette situation, poursuit-elle, les hommes et femmes de divers milieux sociaux, d’âges et de professions différentes, réunis au sein du mouvement Halte aux violences conjugales : « trouvent odieuse cette situation et la condamnent fermement ; décident de dénoncer, de dire tout haut ce qui cache dans les familles, dans nos familles ; disent non à cette barbarie, à cette lâcheté ; demandent aux autorités de prendre leur responsabilité afin de prescrire cette barbarie comme criminelle ». Par la voix de Bernadette, le mouvement préconise pour les cas en cours et ceux à venir, une justice de sentences exemplaires et dissuasives ; demandent aux parents et familles de ne plus cautionner, sous aucune excuse sociale, ces actes brutaux et criminels. Et informent les conjoints et conjointes, que ces actes ne seront plus tolérés.
Précisons que dans le rapport 2014 de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) sur la violence faite aux femmes, « 30 % des femmes à l’échelle mondiale » sont victimes de violences de la part de leur partenaire intime, « forme la plus courante » d’agression à leur encontre dont 36,6 % en Afrique, selon le rapport.
D’après la FIDH, au Mali, ni les violences conjugales ni le viol conjugal ne sont incriminés en tant que tel. L’accès aux tribunaux pour les femmes victimes est cependant possible par l’incrimination des coups et blessures et du viol (articles 207 et 226 du Code Pénal). Les femmes ont du mal à briser le silence et la pression familiale et sociale étant si forte qu’elles se sentent dans l’obligation de retourner dans leur domicile conjugal. Ces pratiques encouragent certains partenaires à perdurer dans leurs actes. Et le rapport annuel de l’ONU Femmes, en 2013, au Mali, révèle que353 femmes ont subi des violences physiques. Presque le double a été enregistré en 2014 avec 603 cas par Wildaf -Mali.
Dramane Coulibaly