Malgré les engagements de mobilisations de ressources déjà consentis (55 milliards de f CFA) d’un pool bancaire syndiqué arrangé et supervisé par la BOAD pour le financement de la licence de téléphonie Atel SA (Alpha Telecom SA), le démarrage des activités du troisième opérateur sur le marché malien, qui devrait intervenir courant 2016, tarde toujours. Le gouvernement de Bamako floué change d’option.
Atel sous les eaux. Lassé de reports interminables, émaillés de contentieux judiciaires, qui opposent d’un côté le promoteur du projet Alpha Telecom le Burkinabé Appolinaire Compaoré à une association de consommateurs maliens et à son ex-associé, l’entrepreneur Cesse Komé d’autre part, le gouvernement de Bamako s’apprête à lancer avant fin mars prochain la 4ème licence au Mali. Révulsé par le non-respect du cahier des charges conventionnel liant l’Etat malien, attributaire de la troisième licence de téléphonie et l’exploitant Planor Afrique, propriété de l’homme d’affaires burkinabé, le gouvernement malien est dans tous ses états. Selon des sources proches du dossier, jointes par Les Afriques, Bamako ne fait plus une priorité du lancement des activités d’Alpha Telecom, toujours hors réseau. « Nous avons perdu beaucoup de temps avec cet opérateur, nous engageons l’appel d’offres international pour l’adjudication de la quatrième licence. La vitalité de notre marché télécom nous l’impose », a confié aux Afriques une autorité. A priori, au regard des multiples rebondissements, le gouvernement malien n’a plus le cœur au câble d’Alpha Telecom et semble ne plus y croire. Son promoteur, l’homme d’affaires burkinabé, Appolinaire Compaoré, continue à se démener pour rassurer les bailleurs. Alors que depuis 2013 le lancement des activités du troisième opérateur malien était annoncé, le temps presse du côté du pool bancaire prêteur (BSIC, Orabank Group, UTB, BIDC, Banque nationale d’investissement de Côte d’Ivoire et fonds propres) dont les engagements entièrement libérés et réglés à l’Etat malien sont estimés à 60 milliards de f CFA (redevance et frais financiers associés) pour le volet financement de la licence. A cela s’ajoute le financement des équipements pour lequel la BOAD, en tant qu’arrangeur de l’opération, s’est engagée à décaisser la bagatelle de 10 milliards de f CFA. Des informations exclusives en notre possession confirment toujours le non-décaissement des 10 milliards de f CFA, promis par la BOAD, malgré les assurances données à l’équipementier Huawei. La fourniture et le déploiement du réseau se font dans le cadre d’un contrat clé en main attribué à Huawei avec un financement partiel de la BOAD et crédit fournisseur d’un montant de 24 milliards de f CFA. Selon une source confidentielle, contactée par Les Afriques, Huawei s’engage à verser plus de 16,5 millions d’euros dans la plateforme. BSIC Mali désigné par Atel Mali, banque agent, a dû mobiliser via ses filiales 15 milliards de f CFA et le groupe Orabank a cassé la tirelire à hauteur de 10 milliards. A eux seulement, les deux groupes sont à 43 % du montant du financement de la licence, restée sans signal.
Face à l’incapacité d’honorer ses engagements financiers relatifs aux concours mis en place dans le cadre de l’acquisition de la licence, la société Atel Mali avait sollicité auprès du pool bancaire prêteur syndiqué une restructuration de la dette (capitalisation des intérêts dus à date, différé total en capital et intérêts et allongement de la durée des prêts). Signalons que le concours approuvé par le conseil d’administration de la BOAD, du 19 mars 2015, prenait en compte déjà une durée de 8 ans, dont 2 ans de différé en capital et intérêts. Ce retard dans le lancement du 3ème opérateur de téléphonie lézarde le plan initial de remboursement des banques prêteuses contraintes de revoir leur copie. Les prêts de BSIC et Orabank devaient être remboursés respectivement en avril 2015 et mars 2015. Un véritable retard à l’allumage qui embarrasse les prêteurs. Mais le tour de passe-passe se prolonge entre actionnaires, banques prêteuses et Etat malien, et l’homme d’affaires burkinabé, qui peine encore à donner le signal d’Alpha Telecom, lorgne la commission bancaire de la Bceao pour s’adjuger l’agrément de sa banque sous l’appellation de Wari Banque International qui sera basée à Ouagadougou.
PAR ISMAEL AIDARA, RÉDACTEUR EN CHEF