Depuis Addis-Abeba où il a pris part aux travaux du 26ème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, le Président IBK, qui s’est exprimé sur la situation sécuritaire dans le pays, a regretté les attaques terroristes intervenues ces derniers temps dans notre pays, avant de déclarer qu’elles constituent « un frein à l’accord de paix »
Le 26ème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine, qui a débuté samedi, a pris fin hier dimanche dans la capitale éthiopienne.
Placés sous le thème «2016, année africaine des droits de l’homme, avec un accent particulier aux droits des femmes », les travaux du 26e Sommet ordinaire de l’Union africaine (UA) ont pris fin, hier à Addis-Abeba, avec la participation d’une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement, dont le Président de la république, Ibrahim Boubacar Keïta.
Robert Mugabé, président du Zimbabwé et de l’UA en exercice, a ouvert les travaux de cette 26e édition du Sommet qui, par ailleurs, a clôturé la 24e session du Forum des chefs d’État et de gouvernement du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) et du 34e sommet du Comité des chefs d’État et de gouvernement du NEPAD.
Les dirigeants africains se sont penchés, entre autres, sur les conflits et crises qui déstabilisent le Continent, notamment en Libye, au Burundi et au Soudan du Sud ; les questions de la gouvernance, des droits de l’homme, et surtout sur l’épineuse question de la menace terroriste.
Et pour preuve : le terrorisme a sévèrement frappé le Continent africain, ces derniers mois, et entaché le début de l’année 2016 avec les attaques de Ouagadougou, le 15 janvier.
L’État islamique, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), les Chabab en Somalie, la menace concerne tout le Continent devenu « l’épicentre mondial du terrorisme ».
En 2015, 4 523 attentats ont endeuillé 44 des 54 pays africains, selon ACLED (Armed Conflict Location and Event Data Project).
Plusieurs pays africains, notamment dans le Sahel, font face à la menace djihadiste. Au cours de ce Sommet, les dirigeants africains ont tenté d’apporter une réponse à ce danger qui frappe le Continent.
Dans notre pays, les récentes attaques dans plusieurs localités ont plongé le pays dans une situation sécuritaire fragile.
Pas plus que je jeudi dernier, 4 de nos soldats ont été tués dans 2 attaques terroristes à Tombouctou et près de Gao. Un militaire, qui était au volant d’un véhicule, a été tué par balle lors d’une embuscade dans la périphérie de la ville de Tombouctou. Aussi, le même jour, au moins 3 militaires ont péri dans l’explosion d’un engin au passage de leur véhicule à proximité de la cité des Askia.
Pour le Président IBK, présent à ce sommet, ces attaques sapent le processus de paix au Mali. Selon le chef de l’Etat, la réponse à la menace terroriste doit être commune.
Le Président de la république, qui s’exprimait sur la situation sécuritaire dans le pays, a regretté les attaques terroristes intervenues ces derniers temps, et a déclaré qu’elles constituent « un frein à l’accord de paix».
Sur les antennes de nos confrères de RFI, il déclare :
« Je dis que la paix est encore à faire au Mali. Nous avons un accord de paix que toutes les parties s’accordent à mettre en œuvre. Mais les terroristes ont dit non, et ils agissent au quotidien. On a entendu les hommes d’Al-Qaïda proférer des menaces. Mais pas que des menaces, aujourd’hui ils attaquent».
Voilà pourquoi les pays du Sahel, convaincus de la menace réelle du fléau sur la sécurité, en particulier, et le développement de la région, en général, ont tenu, en marge du Sommet, à l’initiative du Président tchadien, Idriss Deby Itno, une réunion du G5 Sahel (Mali, Niger, Burkina, Mauritanie, Tchad) pour réfléchir aux moyens de coordonner leurs actions et de mobiliser les ressources pour lutter plus efficacement contre le terrorisme.
Autre sujet évoqué : la situation au Burundi qui a occupé une large part des discussions des Chefs d’Etats et de gouvernement de l’UA.
Parfois accusée d’être un « syndicat de 54 chefs d’Etat », souvent considérée comme déconnectée de son peuple, l’Union africaine, créée en 2002 pour succéder à l’Organisation de l’Union africaine (OUA), était très attendue sur ce dossier.
Le sommet du Conseil de paix et sécurité (CPS) de l’UA, tenu le vendredi 29, s’est entièrement consacré sur le dossier.
Le 17 décembre 2015, ce même Conseil a voté le principe de l’envoi de la Mission africaine de prévention et de protection au Burundi, la «MAPROBU», composée de 5 000 hommes. Mais le Président burundais, Pierre Nkurunziza, dont l’annonce de la candidature à un troisième mandat en avril 2015 a précipité le pays dans une crise meurtrière, a immédiatement réagi en la qualifiant de « force d’invasion et d’occupation » et en se réservant le « droit d’agir en conséquence » en cas de déploiement militaire. Il a réitéré son refus de toute ingérence internationale lors du passage à Bujumbura des ambassadeurs du Conseil de sécurité de l’ONU, le 22 janvier.
Du côté du CPS, on continue d’espérer que le Président burundais renoue le dialogue lors du sommet de l’UA. Un dialogue au point mort, tout comme la médiation ougandaise qui n’a porté aucun fruit.
L’UA est juridiquement en mesure d’intervenir au Burundi sans l’aval du Président Pierre Nkurunziza, en vertu de l’article 4-h de l’Acte constitutif de l’UA, qui encadre légalement une telle intervention dans « certaines circonstances graves, à savoir : les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l’humanité ». Un terme que les membres du CPS n’ont pas hésité à employer en décembre 2015 en affirmant que « l’Afrique ne permettra pas un autre génocide sur son sol ».
Une telle intervention serait une première pour l’organisation panafricaine. Mais encore faut-il que les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA confirment cette décision par un vote à la majorité des deux tiers lors de l’Assemblée générale.
Mais, selon des sources proches de la rencontre, le projet, au cœur des débats du 26e sommet de l’UA, s’est heurté aux réticences de plusieurs chefs d’Etat qui mettent en avant l’acceptation de cette force par le Président burundais, Pierre Nkurunziza, comme condition sine qua non à son déploiement.
Par ailleurs, le 26e sommet de l’UA est placé sous le signe des droits de l’homme.
L’importance donnée à ce thème trouve son explication dans la décision de l’organisation panafricaine qui avait décrété «2016, année des droits de l’homme en Afrique, avec un accent particulier pour les droits des femmes».
Pour ce faire, l’UA a lancé une série d’activités tout au long de l’année en cours, en vue de «mettre en valeur les acquis enregistrés jusqu’ici, examiner la situation actuelle des droits de l’homme sur le Continent et faire le point sur ce qui reste à faire pour la mise en place d’une culture du respect des droits de l’homme en Afrique», a-t-on expliqué auprès de la Commission de l’UA.
Il s’agit également d’explorer les voies et moyens pour «faire face aux enjeux des droits de l’homme sur le Continent».
Ces activités visent à initier une campagne visant à «créer une plus grande dynamique et impliquer les parties prenantes et les partenaires à tous les niveaux» pour «permettre à tous les acteurs clés de s’en approprier, plus précisément les bénéficiaires des droits consacrés dans la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples».
Pour une continuité de la campagne au-delà de l’année 2016, il est prévu que la Conférence continentale sur la promotion et la protection des droits de l’homme adopte un plan d’action décennal qui sera soumis pour adoption au Sommet des dirigeants africains et fera partie du plan directeur de la feuille de route pour les droits de l’homme en Afrique.
La vision de l’UA est d’accélérer «les progrès vers une Afrique intégrée, prospère et inclusive, constituant une force dynamique sur la scène continentale et mondiale».
Rassemblés par
Mohamed D. DIAWARA