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Lettre ouverte à Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale du Mali
Publié le mardi 2 fevrier 2016  |  Le Républicain
Première
© aBamako.com par mouhamar
Première session de la nouvelle législature
Bamako, le 22 janvier 2014 à l`hémicycle. Les nouveaux députés issus des dernières législatives étaient en session extraordinaire pour l`élection du président de l`assemblée nationale et la composition des groupes parlementaires.Photo: Honorable Issaka SIDIBE




Faire de la langue bamanankan une langue officielle à côté du français
Honorable Président,
Il me parait opportun de saisir la représentation nationale sur la nécessité de réfléchir aux avantages qu’il y a à faire de la langue bamanankan une langue officielle à côté du français.
S’il est vrai que treize (13) de nos langues nationales vont être écrites et vont être enseignées où le sont déjà dans les contrées ou elles sont le plus parlées (ce qui est une bonne chose, les apprenants connaissant déjà le sens des mots, leur principale difficulté ne résidant que l’apprentissage de l’écriture. Quel gain de temps par rapport à l’apprentissage du français où les apprenants devront apprendre le sens des mots et l’écriture !)
La langue bamanankan est, sans conteste, celle qui est la plus parlée sur l’ensemble du territoire national. Elle est aussi parlée dans d’autres pays sous différentes appellations. Le tout se fait appeler mandekan par RFI et N’KO par Souleymane Kanté, inventeur de la langue N’KO.
Les animateurs de la langue n’ko au Mali ont abattu un travail de titan pour qu’elle soit connue du public, soit parlée par lui et au besoin qu’elle devienne une langue officielle au Mali, à côté du français. J’ai suivi de près les activités des animateurs du n’ko (assemblées générales, congrès) dans le but de savoir si leur ambition de faire de la langue n’ko une langue officielle est réaliste et réalisable. Bien que je ne sache pas les critères qui ont valu à la langue n’ko d’être une langue écrite reconnue par l’UNESCO, je suis convaincu qu’elle est une langue qui a du poids. Cependant, au Mali, nous ne savons pas comment elle est si peu connue : elle est totalement supplantée par sa variante qui est le bamanankan.
Je suis donc arrivé à la conclusion que c’est la langue bamanankan qui est nettement mieux placée pour être une langue nationale officielle, à côté du français. Quant à la langue n’ko, son apprentissage au Mali est presque aussi difficile que le français puisqu’elle n’est pas très connue par le peuple malien, donc pas parlée. On devra donc, au même titre que le français, apprendre et l’alphabet et le sens des mots.
Beaucoup de nos langues nationales (bamanankan, fulfulbé, soninké etc) sont plus parlées que le n’ko et sont donc plus facilement enseignées que le n’ko, à plus grande échelle.
En revanche, l’alphabet n’ko ayant été utilisé pour la transcription de plusieurs langues avec beaucoup de succès (fulfulbé, anglais etc), le Mali gagnerait à adopter cet alphabet pour l’écriture de toutes nos langues nationales. Une des qualités de l’alphabet n’ko est que Souleymane Kanté s’est inspiré de plusieurs alphabets afin de pouvoir transcrire tout son émanant d’une langue. Ceci est un de ses atouts. Les émissions radiophoniques du n’ko corrigent plusieurs mots bambara. C’est dire qu’on pourrait se servir de la langue n’ko pour enrichir le bamanankan et le perfectionner.
L’association N’KO et la DNENF-LN (ex DNAFLA) devront mutualiser leurs expériences, de manière à faciliter l’apprentissage du bamanankan et à l’enrichir.
Je reste optimiste que maintenant, avec le multipartisme, il ne manquera pas de courage politique à tous pour qu’au moins un parti fasse une proposition de loi pour faire du bamanankan une langue officielle.
Je comprends, bien entendu, la sensibilité du sujet, puisque chacun voudrait que sa langue d’ethnie soit langue officielle du pays. Mais si nous sommes sincères, que nous taisons nos égo et que nous ne voyons que l’intérêt du Mali, nous reconnaitrons que le bamanankan est de loin la langue nationale qui a le plus d’atouts pour être la première langue nationale comme langue officielle.
Je garde l’espoir que, contrairement à une précédente lettre ouverte adressée à un de vos prédécesseurs, dénonçant le nombre élevé de jours fériés au Mali restée sans suite, celle-ci aura un sort meilleur.
Je vous remercie
Bamako, le 25 janvier 2016
Mamadou Mary KEITA
Ingénieur à la retraite à Lafiabougou, rue 382, P 106
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Le Républicain N° 4380 du 7/5/2012

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