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Sept mois après la signature de l’accord pour la paix au Mali : Les humanitaires s’inquiètent des violations des droits humains
Publié le mercredi 3 fevrier 2016  |  Le Républicain
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako




L’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali, sept mois après sa signature, piétine. Et si les groupes armés signataires de l’accord ont, apparemment, arrêté les hostilités, l’insécurité galopante gagne du terrain. Aucune partie du territoire n’est désormais épargnée. Cette situation inquiète les organismes humanitaires (OCHA, Human Rights Watch). Ils tirent la sonnette d’alarme sur la dégradation de la situation des droits humains au Mali, malgré la signature de l’accord pour la paix issu du processus d’Alger.

Dans son dernier rapport, Huwan Rights Watch, l’organisation internationale de défense des droits de l’homme, s’inquiète de la dégradation des droits de l’homme au Mali, malgré la signature de l’accord de paix. « La situation au Mali en matière de droits de l’homme s’est aggravée en raison d’une hausse significative de la violence et d’une nette détérioration des conditions sécuritaires. Cela, malgré la signature d’un accord de paix le 20 juin dernier par les principaux acteurs du conflit malien », selon le rapport. Human Rights Watch signale qu’après cette signature, les actes de violence se sont répandus un peu partout dans le pays : les régions du nord et plusieurs du sud ainsi que la capitale.

Et selon les constats faits par OCHA, le Bureau des Nations Unies chargé de la coordination de l’aide humanitaire, plus de deux millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire dans les zones affectées par le conflit au Mali. OCHA signale, dans son rapport 2016 sur les besoins humanitaires au Mali, que malgré la signature des accords de paix en juin 2015, des attaques asymétriques entre groupes armés et des conflits inter et intracommunautaires persistent. «
Cette situation affecte non seulement la sécurité des populations, mais aussi le relèvement immédiat de ces communautés qui demeurent très vulnérables. » Elle contribue, ajoute OCHA, notamment, à la contamination des zones où ont lieu les combats et où résident ces populations. La volatilité du contexte sécuritaire a un impact significatif sur l’accès humanitaire et le modus operandi des humanitaires, particulièrement dans les régions de Gao, Mopti et Tombouctou. « Certaines zones encore sous contrôle des groupes armés restent peu accessibles aux acteurs humanitaires privant ainsi les populations d’accéder à l’assistance dont elles ont besoin. », explique le rapport.

Cela fait plus de sept mois que l’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali issu du processus d’Alger a été signé. Et s’il a permis aux groupes signataires de l’accord de taire leurs antagonismes, il n’a pas pu, encore, apporter la quiétude à laquelle les populations du Mali aspirent. En effet, pratiquement toutes les parties du territoire sont confrontés à une insécurité chronique. Selon les autorités maliennes, ce pourrissement de la situation sécuritaire est dû aux terroristes. Le président de la République l’a, encore, rappelé lors du sommet de l’Union Africaine à Addis Abeba : « les terroristes nous empêchent de mettre en œuvre la paix ». L’opposition malienne a une toute autre lecture de la situation. Tiébilé Dramé, le président du Parena et principal négociateur de l’accord de Ouagadougou, explique que l’enlisement du processus de paix est causé par faute de vision et de l’immobilisme du Gouvernement malien. « L’amateurisme, les tâtonnements et les improvisations ont fini par exaspérer les signataires maliens et étrangers de l’Accord.

La faiblesse de l’État, l’absence de stratégie et la recrudescence des activités des groupes jihadistes font peser de sérieuses menaces sur le Mali…», dit-il. Pour sa part, Soumaila Cissé, le président et chef de file de l’opposition malienne déclare : « Nous avons redouté la signature d’un accord dont l’application entrainerait le pays vers une autre crise. Nous ne sommes pas loin d’un tel scénario aujourd’hui dans la mesure où les formats et les calendriers ne sont pas tenus, la confiance se fait attendre et nous sommes devenus tributaires des évènements. L’histoire nous donne malheureusement raison…».

Madiassa Kaba Diakité
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