Avec la suspension du droit de vote de notre pays à l’ONU, pour non – paiement de ses cotisations depuis deux ans qu’IBK est au pouvoir, le Mali semble avoir touché, désormais, le fond. L’heure est grave. Très grave. Trop grave. Et le capitaine du « Bateau-Mali » peine à s’en convaincre. Visiblement.
Jamais l’honneur n’a été autant trainé dans la boue. Et le bonheur des Maliens, relayé aux calendes grecques. Les affaires succèdent aux affaires. Les scandales aux scandales. Sans discontinuer. L’affaire dite des équipements militaires, de l’avion présidentiel, de l’engrais frelaté…. Pour ne citer que celles-ci.
Pour toutes ces affaires à relent de scandales, des enquêtes ont été promises. Et des sanctions, contre les coupables. Un an après, les auteurs de ces magouilles, qui ont fait perdre à l’Etat des dizaines de milliards CFA, se la coulent douce. Soit au Palais de Koulouba. Soit dans leur château, construit avec de l’argent à la provenance douteuse.
Espoirs déçus
Tous ceux qui ont applaudi, à se rompre les phalanges à l’élection d’IBK, ont déchanté. Pendant qu’une minorité, proche du pouvoir, s’en met plein les poches, l’écrasante majorité des Maliens peine à s’offrir trois repas par jour. Dans certains quartiers périphériques de notre belle et sale capitale, la misère est si forte que certains chefs de famille se voient contraints de quitter le domicile conjugal, dès l’aube et sur la pointe des pieds. Parce qu’ils ne disposent pas des 500 ou 1000 CFA pour faire bouillir la marmite.
Partout, le même constat, le même refrain : « bouffe et tais-toi et s’il en reste la nation pourrait en bénéficier ». L’insécurité a franchi le seuil du tolérable. Armés jusqu’aux molaires, les bandits entrent, en plein jour, dans les domiciles d’honnêtes citoyens. Avant de les zigouiller à la kalachnikov. En toute impunité.
« Nul n’est et ne saurait être au-dessus de la loi », avait promis IBK à son investiture. Deux ans après, la corruption et le népotisme sont d’un naturel insoupçonné. Et le détournement du dénier public est devenu un sport national. Quant à la justice, elle est « indépendante de tout, sauf de l’argent sale », selon la formule, désormais, célèbre de Me Fanta Sylla, ex-ministre de la Justice, Garde des « Sots ». Quand ce ne sont pas les bandits qui tuent, violent, ce sont les « forces du désordre » qui rackettent les usagers de la route. Sans autre forme de procès. Dans les villes, comme à la campagne. Au nord, le banditisme résiduel est devenu le quotidien des populations. A bord de véhicules 4X4 ou de motos, narcotrafiquants et islamistes volent et violent les maigres ressources des pauvres populations. Sans que cela n’émeuve nos autorités, confortablement, installées dans le confort douillet de leur bureau. Ou de leur villa de la « Cité ministérielle ».
Deux ans après l’élection d’IBK à la magistrature suprême de notre pays, le constat est là, amère. Tiraillés, entre un quotidien insupportable et un avenir incertain, les Maliens sont, aujourd’hui, au bord de la crise de nerf. « Le pays est sur répondeur ! », déplorent nos concitoyens.
L’humiliation de trop !
Et comme si cela ne suffisait pas, le Mali vient de recevoir, cette fois-ci au plan international, la plus grosse humiliation de son histoire. Avec la suspension de son droit de vote à l’ONU, faute d’avoir payé ses cotisations, notre pays est, depuis la semaine dernière, la risée du monde. A cause de la légèreté de certains hauts fonctionnaires, plus préoccupés de leur propre bien-être que celui de leur pays. Ou de leurs concitoyens.
Pire, notre pays risque de voir, dans les jours, voire les semaines à venir, son ambassadeur à l’ONU prendre le métro pour se rendre à son bureau. Après plusieurs sommations, restées sans suite, la ville de New-York menace de poursuivre l’ambassadeur du Mali à l’ONU, en justice. Avec, à la clé, l’interdiction de circuler contre les véhicules de notre ambassade. Parce que les véhicules de l’ambassadeur cumulent des P.V impayés d’une valeur de 25.000 dollars ; soit l’équivalent de 15 millions CFA.
Bref, à l’intérieur, comme à l’extérieur, « l’honneur du Mali » est loin d’être sauf. Le « bonheur des Maliens », aussi. S’y ajoute la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation, issu du processus d’Alger. Sept mois après sa signature, il est toujours au point « maure ».
Les arriérés de cotisations payés, mais l’honneur du Mali reste entaché
Aux dernières nouvelles, le gouvernement s’est acquitté de ses cotisations à l’ONU. Les 200 millions CFA d’arriérés ont été réglés. Comme en témoigne une lettre du secrétaire général de l’ONU, rendue publique hier. Mais le mal est déjà fait. Pourquoi le gouvernement a-t-il attendu que notre pays soit humilié avant de s’exécuter ?
Une certitude : ce manque d’anticipation de nos gouvernants n’est ni un oubli, ni une erreur d’écriture, comme certains tentent de le faire croire ; mais plutôt, une légèreté dans la gestion des affaires publiques. Et à tous les niveaux, ou presque.
Considéré, en juillet 2013, comme le seul candidat à même de restaurer « l’honneur du Mali » et de faire « le bonheur des Maliens », IBK a été élu, au second tour, avec un score de 77,3 % des voix. Deux ans après, l’espoir suscité par son élection a fondu comme beurre sous le soleil d’Aguel-hoc. Requiem !
Oumar Babi