Une affaire d’impayés estimés à près de 223 millions de F CFA réclamés par des privés saoudiens au Mali pour le transport terrestre des pèlerins 2015 risque de pourrir l’atmosphère de la réunion préparatoire du pèlerinage 2016, prévue ce 18 février à Djeddah entre Maliens et Saoudiens.
La secousse tellurique de la suspension du droit de vote du Mali aux Nations unies, la semaine dernière, ne s’était même pas atténuée qu’un autre tremblement de terre, indéchiffrable sur l’échelle de l’estime et de la considération des Maliens à l’extérieur, menace de porter un coup sérieux à la dignité et à l’honneur nationales sans cesse évoquées et vantées par président de la République.
Cette fois-ci le plaignant est saoudien. Il s’appelle les "agences unies", qui ont assuré le transport terrestre des pèlerins maliens pendant la campagne 2015 en Arabie saoudite. L’accusé est l’Etat du Mali. Les "agences unies" lui réclament un reliquat de 1 410 868 riyals saoudiens, soit un peu plus 222,9 millions de F CFA sur les frais de transport.
Par lettre n°213/437 du 22 décembre 2015, soit quelque 4 mois après le pèlerinage, le bureau du "Woukalaa Motahedoun", agissant au nom des "agences unies", réclamait l’acquittement du restant des services de transports dont ont bénéficié les participants maliens au Hajj-2015.
A ce jour, c’est toujours le silence radio du côté des autorités maliennes alors qu’il était prévu initialement que toute la facture serait réglée le 12 septembre 2015.
L’image du "mauvais payeur"
Les "agences unies" ont tout fait pour que l’affaire soit réglée à l’amiable. De guerre lasse, elles se sont maintenant résolues à l’ébruiter pour entrer en possession de leurs fonds. Et dans cette entreprise, on peut croire qu’elles n’y vont pas de main morte puisque des correspondances avec plusieurs ampliateurs sont adressées à des autorités maliennes et saoudiennes, censées amener l’Etat du Mali à payer le reliquat rubis sur l’ongle.
Les prestataires lésés bénéficient naturellement du soutien et de la protection de leurs autorités nationales. Du reste, éthiquement et esthétiquement parlant, ils ont honoré leur part du contrat. On pouvait en faire autant, élégamment, sans y être obligé. Mais encore une fois des négligences coupables, sinon une volonté de prélèvements indus sur l’argent d’autrui risquent d’écorner l’image du Mali sur la scène internationale avant ce paiement aussi.
N’est-il pas grand temps que le Mali cesse de coltiner ce poids de "mauvais payeur" qui pèse des tonnes ? Au rayon des couacs de la campagne 2015 du pèlerinage, on peut encore citer : le non-paiement au Bureau chargé des musulmans africains non arabes de la somme de 63,6 millions de F CFA. On en oublie volontiers…
C’est dire que la réunion préparatoire du 18 février 2016 dans la capitale économique saoudienne risque d’être vraiment tendue pour les nôtres.
A. M. Thiam