Le projet permettra de renforcer la capacité des institutions d’enseignement supérieur, former des diplômés hautement qualifiés et dotés de compétences répondant aux besoins du marché du travail
La Banque mondiale est déterminée à appuyer financièrement le secteur de l’enseignement supérieur. La convention entérinant cet appui financier a été signée par le gouvernement et la Banque mondiale le 30 mai 2015. D’un montant de 33 millions de dollars (environ19,8 milliards Fcfa) composé d’un don de 19 millions de dollars et d’un prêt de 14 millions de dollars, cette assistance est destinée au Projet d’appui au développement de l’enseignement supérieur (PADES) pour les 5 prochaines années. Coprésidé par le ministre de l’Enseignement supérieur, Me Mountaga Tall, et son homologue de l’Éducation nationale, Kénékouo dit Barthélémy Togo, le lancement officiel du PADES a eu lieu hier à la Faculté des sciences économiques et de gestion (FSEG) sur la colline de Badalabougou.
Outre le directeur des opérations de la Banque mondiale, Paul Numba Um, l’événement s’est déroulé en présence des recteurs des universités, des directeurs des grandes écoles et des instituts de formation et des enseignants. Conçu et mis en place dans un temps record, le Projet d’appui au développement de l’enseignement supérieur comprend 3 composantes : l’appui aux établissements publics d’enseignement supérieur sélectionnés, l’appui au système d’enseignement supérieur et la gestion du projet et l’assistance technique. L’objectif du PADES est d’améliorer la gouvernance du secteur de l’enseignement supérieur et de ses institutions, la pertinence des programmes de formation. Il s’agit aussi de renforcer la capacité des institutions d’enseignement supérieur de former des diplômés hautement qualifiés et dotés de compétences répondant aux besoins du marché du travail. Le PADES permettra également la construction de la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’Agence nationale d’assurance qualité afin de permettre un meilleur contrôle de qualité et un appui soutenu aux institutions. La construction et l’équipement de la Faculté de santé animale à l’université de Ségou et le développement des études de faisabilité de l’École africaine des mines sont d’autres missions du projet.
Le PADES, souligne le directeur des opérations de la BM, est le premier projet national de la Banque mondiale dans ce secteur. Il marque une étape majeure dans la mise en œuvre des réformes qui visent à améliorer la gouvernance et les offres de programmes. A travers ce projet, la Banque mondiale s’est engagée à appuyer le Mali afin de contribuer à la réduction de la pauvreté et réduire les inégalités. Les fonds mis à la disposition du ministère de l’Enseignement supérieur aideront à la modernisation de la gouvernance et de la gestion du secteur ainsi que des institutions de formation publiques et privées. Il va également permettre le développement des programmes de formation, la modernisation des offres de formation par le perfectionnement des enseignants, la mise à niveau de laboratoires, une plus grande collaboration avec des structures étrangères et le réseau des centres d’excellence en Afrique.
Paul Numba Um a remercié le gouvernement d’avoir accepté d’allouer une partie du don (16 millions de dollars soit 9,5 milliards de Fcfa) à 4 institutions d’enseignement supérieur : l’Université des sciences, des technologies et des techniques de Bamako, (USTTB), l’université de Ségou, l’École nationale d’ingénieurs Abdrahamane Baba Touré (ENI-ABT) et l’Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée (IPR/IFRA) de Katibougou.
Cet appui financier permettra à chacune de ces structures de mettre en œuvre ses plans stratégiques pour la période 2016-2020. Il doit aussi aider chacune à planifier, mettre en œuvre de manière indépendante et responsable son programme et rendre compte des résultats. « Nous fondons donc beaucoup d’espoir sur l’engagement collectif, afin de transformer cette opportunité en réalité pour que plus de jeunes arrivent sur le marché de l’emploi avec plus de compétences en adéquation avec les besoins des entreprises nationales. Ce qui permettrait de mettre plus de jeunes au travail et inverser ainsi les chiffres actuels de diplômés chômeurs sortis des universités de 60% à près de 0 d’ici les cinq années à venir », a souhaité Paul Numba Um.
L’enseignement supérieur, a défendu Me Mountaga Tall, a un rôle de tout premier plan et une responsabilité considérable dans le devenir de notre pays. Le PADES ne permettra pas, à lui seul, de résoudre tous les problèmes de l’enseignement supérieur, d’instaurer un nouveau fonctionnement, de réorganiser, de redynamiser le secteur, de mettre l’étudiant au cœur des politiques menées et de remettre les universités au centre des évolutions du pays et de son développement, a cependant averti Me Tall. Néanmoins, souligne-t-il, le lancement du PADES amorce un changement profond du système, l’instauration d’une culture de la redevabilité, de la gestion efficace, de la transparence du pilotage central, de la recherche de la performance dans les institutions d’enseignement supérieur. Le projet constitue un appui au développement de formations supérieures professionnelles en prise directe avec le monde économique, mais son impact aura des réverbérations durables dans l’ensemble du système d’enseignement supérieur, a analysé le ministre Tall.
S. Y. WAGUE