Dans la nuit du mardi 2 février au mercredi, devant un avion de la compagnie Ghadames Air de la Libye, se tenait Abdramane Sylla, le ministre des Maliens de l’extérieur. Le visage à peine éclairé par les lampes de l’aéroport Modibo Keïta- Senou de Bamako, le ministre accueillait des jeunes maliens pour qui le retour au bercail marque la fin d’un cauchemar fait de violence, de chômages et d’amprisonnement.
«Actuellement, ça va pas à Tripoli. C’est dur », a déclaré aux journalistes Mamadou Sarré, le premier à avoir franchi le portail de l’avion de Ghadames Air. Le petit monde accompagnant le ministre des Maliens de l’Extérieur à l’accueil ne semblait pas impressionner les migrants contents de revenir de la Libye. Et le jeune homme d’ajouter que beaucoup de Maliens et d’autres migrants subsahariens vivent piégés dans ce pays en crise depuis la chute de Mouamar Kadaffi en 2011.
Selon les migrants de retour, le vol charter de Ghadames Air a ramené au Mali 174 personnes, toutes de nationalité malienne. Avant, un autre vol avait ramené un groupe de Maliens à Bamako en provenance du même pays. «Un autre groupe d’une cinquantaine de personnes sont en train de venir par le Niger, par route », a déclaré une source proche du ministère des Maliens de l’Extérieur à l’aéroport Modibo Keïta.
Les migrants maliens en Libye tentent généralement de joindre les côtes européennes, mais ils s’installent temporairement dans ce pays pour chercher du travail. Malheureusement le séjour tourne au drame pour la plupart d’entre eux, certains pouvant même passer de longues périodes emprisonnés. « J’ai travaillé pendant deux ans, mais j’ai tout perdu », a affirmé Noumoukè Coulibaly, un jeune malien venant de la région de Kayes, également revenu au bercail à bord du vol charter de Ghadames Air.
Noumoukè a particulièrement plaidé pour la cause d’autres maliens vivants dans « l’enfer » libyen et qui ne savent pas comment regagner le Mali. Les autorités doivent tout faire pour ramener ces Maliens qui n’ont aucun moyen pour quitter les difficultés qu’ils vivent. « Il y a des attaques ! Ils mettent les gens en prison. Dans l’avion, il y a deux personnes qui sont blessées par balles », a-t-il déclaré, décrivant le quotidien des étrangers en Libye.
Le ministre des Maliens de l’Extérieur a salué le concours de l’Organisation internationale des migrations(OIM) dont le soutien a permis d’affréter le vol charter. Selon Dr Sylla, à Bamako, les rapatriés bénéficient de soins médicaux et d’un soutien financier pour retourner dans leurs villages ou régions d’origine.
Soumaila T. Diarra