Au moins dans trois de ses prises de parole publique, le Premier ministre s'est félicité de ce qu'aucune des attaques enregistrées dans le pays depuis mai 2015 n'ait été le fait des mouvements signataires de l'Accord pour la paix et la réconciliation. Or, des attaques il y en eut.Misseni, Fakola, Nara, Tenenkou, Nampala, Djenne, Bankass, Douentza, Bamako, Goundam, Tombouctou, Gao, Ansongo, Menaka, Kidal. Les chiffres macabres ont été rappelés par le Chef dEtat major lors des vœux de l'armée au Chef de l'Etat en janvier dernier.
Le tribut est lourd chez les militaires comme chez les civils. Modibo Keita se félicite ainsi parce que ses propos évaluent positivement le timide processus de mise en œuvre dudit accord: les récentes attaques de Tombouctou, Gao et Youwarou n'ont pas été revendiquées par les jihadistes contrairement aux habitudes de ceux-ci en particulier Aqmi et Ansardine. De plus, vers Tombouctou une dissidence est à l'œuvre au sein du Maa est indexée par les populations. Les mobiles des dissidences sont indiscutablement importants car ils peuvent des fois s'expliquer par les lenteurs dans l'application de l'accord par l'Etat, ce qui relève de la responsabilité du gouvernement.
Quand la dissidence attaque qui est responsable alors? Peut-on alors invoquer zéro forfait de la part des mouvements? Il appartient à ceux-ci de surveiller leur cohésion et respecter leurs engagements tout comme à l'Etat de tenir son armée et d'honorer sa part de contrat. Le satisfecit aux mouvements pour leur patience règle peu de choses et il ne faut pas oublier que c'est l'Etat malien qui a été agressé sans autre justification que l'aspiration indépendantiste d.un groupe.
Les félicitations doivent donc être pour les citoyens qui ont accepté la paix malgré l'hémorragie subie par eux . Ensuite, le déterminant de la paix ici c'est bien plus la solution trouvée au jihadisme que les compromis politiques avec les séparatistes. Le chemin jusqu'à la paix est par conséquent long. Il nécessitera une évaluation objective et les réajustements requis.