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Faits divers : le candidat pressé et le locataire intransigeant
Publié le jeudi 4 fevrier 2016  |  L’Essor




L’agence immobilière a voulu jouer sur deux tableaux. Son locataire lui a sèchement rappelé les règles de la partie La ville de Bamako s’agrandit de jour en jour. Conséquence d’une démographie galopante due à l’exode rural et au flux d’étrangers qui choisissent de plus en plus notre pays comme destination. Au-delà de cette situation un problème crucial se pose. La capitale malienne héberge une énorme population flottante qui manque de toit pour se loger. Comment résorber cette pénurie de chambres ? La solution passe par la location. Face à ce problème les candidats n’ont pas beaucoup de choix.
Soit vous avez suffisamment de ressources et vous prenez une concession entière pour loger les vôtres. Soit vous vous contentez d’un petit appartement enclavé dans un coin d’une concession ou parfois même d’une chambre unique communément appelée « entrer-coucher ». Ce qui ne va pas toujours sans problème. Les prix des appartements et des chambres uniques reflètent le niveau des revenus des éventuels locataires. Le pourcentage des chambres uniques dans le District augmente d’année en année, surtout dans les quartiers périphériques. Les agences immobilières ont poussé comme des champignons un peu partout à travers la capitale.
Ce créneau « salvateur » semble être une solution correcte aux difficultés de se loger, même si les prestations offertes par les « agenciers » qui opèrent dans l’immobilier ne sont pas à la portée de la majorité des citoyens. En outre, bien que des textes régissent ce domaine dans notre pays, certaines agences immobilières foulent au pied les recommandations légales élémentaires en la matière. La loi est contournée et des incidents plus ou moins graves surviennent infailliblement. Notre récit du jour traite un contentieux de ce genre. L’histoire s’est déroulée dans un passé récent à Niamana. Elle met en scène le locataire « K », les responsables de l’agence immobilière « HI » et leurs démarcheurs.
La narration correcte des faits nous oblige à remonter le temps. Nous sommes au milieu de la première décennie 2000. « K » avait terminé ses études de droit et était retourné se ressourcer un moment auprès des siens au village. Le frais émoulu de l’université quitta ensuite son Niono natal pour s’installer dans la capitale. Ce séjour bamakois à l’époque avait une raison bien donnée. Il entamait des démarches administratives dans le but de poursuivre ses études dans un pays européen. Il fut très chanceux. L’appui de certains de ses proches a été décisif. Le nouveau diplômé en droit put réunir toutes les conditions posées pour s’envoler vers l’Europe et y poursuivre ses études.
UN PROBLÈME PERTURBANT. Très rapidement, « K » s’habitua à la vie en Europe. Mais par la force des choses, il a été obligé se trouver un emploi en dehors des heures de cours à la faculté pour boucler ses fins de mois. Le jeune homme se fera engager comme agent de sécurité dans une entreprise privée. Longtemps, « K » travailla d’arrache-pied pour financer ses études supérieures. Comme nombre de ressortissants des pays africains, il cumulait études et emploi. Après quelques années passées en Europe, il se décida à faire un passage au pays. Il se rendit auprès des siens dans une bourgade située dans les alentours de Niono. Cette première expérience lui laissa un bon souvenir du village. Depuis lors, il passait rarement deux années de suite sans revenir au terroir. Jusqu’à la fin des études supérieures.
La chance continuait à sourire à K. qui finit par se fixer en Occident. Il se maria avec une Camerounaise. Le couple eut un enfant. Le chef de famille « K » décida de revenir au village pour présenter sa compagne et son enfant à ses parents. Ce voyage se passa sans problème. Le fils prodige, son épouse et son enfant ont séjourné quelques temps au village. La date du retour en Europe approchait. Mais un problème surgit qui perturbait les nuits de « K ». Il lui fallait passer obligatoirement quelques jours à Bamako avant de prendre son avion. Ce court séjour supposait que l’expatrié devrait prendre un logement dans la capitale. Il s’adressa tout d’abord à un ami avec qui il avait étudié à l’école fondamentale, qui vivait dans sa famille à Bamako. Mais ce dernier se trouvait dans l’impossibilité d’héberger la famille « K » pendant son court séjour.
La situation se compliquait. L’ami d’enfance obtint l’accord de « K », pour un trouver un appartement loué par une agence immobilière de la place. Les responsables de la boîte ont posé leurs conditions. Très vite, le marché a été conclu. L’appartement était situé dans une villa à la sortie de Bamako, sur la route de Ségou, dans les environs de Niamana. Les termes du contrat le liant à l’agence HI autorisaient K. à occuper l’appartement pendant trois mois. Ce temps devait permettre au Nionois de régler des affaires personnelles à Bamako avant de poursuivre son chemin sur l’Europe.
Les termes du contrat étaient clairs et avaient été acceptés par les deux parties. L’expatrié déménagea dans la maison. Jusque là tout se passait bien pour le jeune homme. Mais il y a juste quelques jours, un différend éclata entre le client et les démarcheurs qui lui ont facilité l’acquisition de l’appartement. Nous apprendrons les raisons de ce conflit dans les locaux du commissariat, où ils se sont rendus pour trancher.
Bien avant que la maison ne passe sous la responsabilité de l’expatrié de Niono, les responsables de l’agence avaient un autre client, D. auquel ils avaient déjà promis de louer la même maison. Mais ce premier client ne devait pas occuper les lieux dans l’immédiat. Certaines de nos sources ont même expliqué que la maison devait même être vendue à D. et que les discussions étaient très avancées dans ce sens. Mais entre temps, le Nionois était venu à la dernière minute exposer son besoin pressant.

LE BRAS DE FER. Les mêmes sources sont claires. Rien n’interdit aux responsables de l‘agence immobilière d’agir en fonction de leurs intérêts. Mais dans ce cas précis, le problème va se poser en d’autres termes. K. et sa famille avaient déjà occupé les lieux. Ils étaient heureux d’avoir eu un toit à Bamako avant la date de leur retour en Europe. Ils vivaient dans une tranquillité relative. Celle-ci sera perturbée par l’irruption de D. sur la scène. Ce dernier et un groupe d’amis se sont présentés chez les démarcheurs qui l’avaient mis en contact avec l’agence immobilière. Il a fait une proposition ordinaire et normale. Mais en réalité, d’après les mêmes sources, cette proposition est en porte à faux avec tous les textes qui régissent la gestion des agences immobilières sérieuses.
Le futur locataire D. demandera aux responsables de l’agence de le laisser visiter la maison qu’il allait bientôt habiter. Bien que sachant la maison occupée, les démarcheurs ont accepté la proposition de D. Sans avoir même pris soin de demander l’avis de K. qui occupait déjà les lieux. Le jour où D. se présenta pour visiter la maison déjà occupée, K lui opposa un refus catégorique. Pas de visite d’indésirable tant que le logement était placé sous sa responsabilité. Le bras de fer s’engagea entre les deux clients de l’agence. Le nommé D. retourna informer les responsables de l’Agence. Sans entrer dans les détails, il leur expliqua clairement que l’expatrié refusait de le laisser entrer dans la cour de la maison. L’agence tenta de convaincre le premier occupant. Plusieurs jours de négociation n’ont pas pu faire fléchir la position de K. « J’ai payé de l’argent comme lui. Tant que la date de mon contrat n’est pas arrivée à expiration je ne permettrais pas à quelqu’un d’autre de visiter cette maison », aurait-il sèchement répondu aux démarcheurs.
Las d’avoir tenté de convaincre K, les responsables de l’agence ont exposé le problème aux policiers. Sans détour, ces gardiens de la loi ont expliqué que « légalement », et en « droit », le premier locataire « K » ne doit en aucun cas laisser un client éventuel visiter les lieux sous aucun prétexte. « Aucun chef de famille n’accepterait que quelqu’un qu’il ne connaît pas vienne visiter les coins et les recoins de l’endroit qui lui sert de logement pour lui et sa famille. C’est un peu comme si vous allez fouiller dans l’intimité des gens. Mettez-vous à sa place et regardez la chose de près », a soutenu l’officier de police. Les policiers proposèrent à D. d’approcher l’occupant des lieux pour résoudre le problème à l’amiable. A défaut, le candidat à la maison attendra le départ de K. et sa famille. « Il est dans son plein droit et vous ne pouvez pas l’obliger à agir selon votre gré », leur a clairement expliqué l’officier de police auquel ils se sont adressés. Le droit avait été dit.
Cette proposition ne plaisait pas aux responsables de l’agence. Ils craignaient que « D » leur premier client qui avait les moyens d’acheter la maison ne soit découragé par l’intransigeance de K. Le marché pourrait être annulé. Il ne leur reste plus plus qu’à prier et à compter sur la patience D.
MH.TRAORÉ
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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