Après une longue période de consensus, les groupes armés sont confrontés depuis le début de la semaine à de nouvelles tensions à Kidal. A l'origine de ces crispations l'arrivée d'une cinquantaine de véhicules d'éléments armés du Gatia. Ce déploiement prévu dans les accords a surpris la population et les différentes composantes de la CMA dont certaines exigent désormais le retrait des combattants de la Plateforme.
Selon plusieurs sources locales, une partie de la Coordination des mouvements de l'Azawad souhaite le retrait de la ville des combattants du Gatia. Des discussions portant sur l'implication de la Plateforme dans la gestion et la sécurisation de Kidal avaient portant déjà été engagées et la CMA affirme être toujours favorable à cette démarche. Un partage de responsabilité dont le principe est semble-t-il déjà accepté, mais dont certaines modalités sont toujours en débat.
Pour les responsables politiques du GATIA présents dans la ville, il faut exclure le risque d'affrontement. Selon eux, il y aurait un manque de communication au sein de la CMA. Certains membres de la Coordination notamment le HCUA affirment ne pas être associés au déploiement du Gatia. Ces éléments de la CMA dénoncent la façon cavalière et inattendue qu'a choisi le Gatia pour pénétrer dans Kidal. En revanche , la demande de retrait formulée par le HCUA ne concerne que la branche militaire du Gatia, les civils et les représentants politiques sont déjà acceptés et sont, selon ses responsables les bienvenus. Le Gatia assure de son côté vouloir trouver une solution satisfaisante et préserver les acquis des différents accords. Une rencontre de synthèse des réunions intercommunautaires est prévue le 15 février afin d'entamer la prochaine étape du processus de paix. Pour l'instant, aucun incident n'est à signaler dans la ville entre les deux groupes, dont les chefs continuent à négocier.
La CMA a adressé ce mercredi un communiqué à la communauté internationale demandant le retrait des combattants du Gatia. La manière dont leur déploiement a été organisé n'a pas été appréciée par la CMA. Pour autant les discussions se poursuivent entre les deux mouvements sur place pour trouver une solution satisfaisante pour l'ensemble des parties.
Un habitant de Kidal qui a souhaité garder l' anonymat fait le point sur la situation actuelle de la ville. Il a été joint au téléphone par Fatoumata Togola:
«"Toute la CMA dans son ensemble est fortement opposée à cette présence. Cela est prouvé par une lettre qui a été faite hier à l’intention de la communauté internationale pour exiger le retrait immédiat du Gatia de la ville de Kidal ou l’allégement de son dispositif sécuritaire. C'est à dire de le réduire à une dizaine de véhicules. Mais le Gatia campe sur ses positions. Il ne voit pas pourquoi il doivent sortir de Kidal alors que les autres groupes y sont. La solution qu'il exige est que s'il sort le MNLA et le HCUA aussi devront sortir ou s' il allège son dispositif le MNLA et le HCUA feront de même. Mais il y a toujours des concertations qui n'ont finalement jusqu'à l'heure où je vous parle pas abouti. Donc la CMA a fait appel à la communauté internationale pour trancher le litige".»