ANGLET - Yann Desjeux, 53 ans, l`otage français tué lors
de l`opération menée par l`armée algérienne pour libérer les otages retenus
sur un site gazier du Sahara, était un ancien militaire des forces spéciales,
restaurateur dans les Pyrénées-atlantiques quand il était en France, mais
semble-t-il discret sur ses autres activités.
Son corps a été reconnu par un employé du site qui le connaissait bien et
est en cours de rapatriement sur Alger, a indiqué samedi soir son entourage
familial.
M. Desjeux, par ailleurs cousin germain d`Hervé Bourges, ancien président
de France Télévisions et de TF1, tenait depuis environ un an et demi, avec son
associé Roger, "La Mouche qui louche", un petit restaurant de la Chambre
d`amour, le quartier des plages d`Anglet.
Durant une vingtaine d`années, il avait été parachutiste au sein du 1°
RPIMa (régiment de parachutistes de l`infanterie de marine) de Bayonne , un
régiment des forces spéciales de l`armée française qu`il avait intégré à l`âge
de 18 ans, a indiqué par téléphone à l`AFP, sa soeur ainée Marie-Claude
Desjeux.
Il avait terminé sa carrière avec le grade de sous-officier après avoir
effectué de nombreuses missions à l`étranger, selon elle.
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a indiqué samedi qu`il
travaillait en Algérie dans une équipe de gardiennage du site gazier In Amenas
où il a été tué.
"Il s`occupait de la logistique de la base de vie de ce site" et y était
parti "juste après Noël", a précisé sa soeur aîné qui depuis s`entretenait
régulièrement au téléphone avec lui.
Un correspondant du journal Sud Ouest avait pu lui parler mercredi soir.
Devant ses ravisseurs, qui lui avaient passé le téléphone, apparemment pour
prouver qu`ils détenaient bien un ou plusieurs otages français, il avait
affirmé "ça va, nous sommes bien traités".
"C`est ce que Yann aurait souhaité"
Quelques heures après, cet homme né à Dakar, divorcé et père de deux
enfants vivant dans les Landes, mourait, "un assassinat abominable", a estimé
samedi le maire d`Anglet Jean Espilondo, auquel les proches de M. Desjeux ont
dit que celui-ci "est mort dans des conditions dignes en protégeant ses
employés".
"C`était un frère formidable qui aimait la vie", a souligné sa soeur,
ajoutant qu`il était très attaché au Pays Basque où il devrait être inhumé
après une cérémonie à Paris où réside une grande partie de sa famille.
A Anglet, les restaurateurs de la Chambre d`amour qui avaient l`habitude de
le côtoyer, semblaient tous l`apprécier.
Il avait "un caractère très doux, calme, souriant, blagueur, un mec avec du
répondant, toujours avec le sourire, un bon vivant, quelqu`un de vrai, de
sain", se rappelle Marc Laricq, le patron de l`American Food.
Ce dernier se souvient d`"un beau mec, bien proportionné, 1,87 m à peu
près, bien entretenu physiquement, châtain blond ondulé, des yeux clairs".
La gérante d`un autre établissement ne savait rien de ses activités
extérieures, seulement qu`il était "très sympa et +kiffait+ son restaurant".
Un autre restaurateur, à peine mieux renseigné, explique que, parfois, M.
Desjeux "partait en mission à l`étranger". "Mais il ne s`étendait pas
là-dessus".
A "La Mouche qui louche", d`anciens militaires et leurs épouses étaient
réunis autour de Roger et sa famille vendredi soir, en une sorte d`hommage, a
témoigné M. Espilondo. Et samedi midi, le restaurant était ouvert de nouveau.
"C`est ce que Yann aurait souhaité", affirmait Hocine Moula, le cuisinier.
A Anglet, doublement liée à l`actualité actuellement car elle est aussi
jumelée avec la ville stratégique de Konna au Mali, les drapeaux resteront en
berne une semaine en souvenir de M. Desjeux, a annoncé le maire.
Hervé Bourges, un très grand spécialiste de l`Algérie, a précisé à l`AFP
que M. Desjeux était son cousin germain, "du côté de (sa) mère", confirmant
une information du site Afrik.com, mais qu`il n`en était "pas particulièrement
proche". "Je ne souhaite pas en parler. On veut rester en famille", a-t-il
ajouté.
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