Ménaka et Anefis : la thèse du complot se précise. Soit l’Etat n’a rien vu venir, soit il est complice de cette ruse entre le Gatia et la CMA. Notre analyse.
Personne n’ignore qu’en 2012 certains officiers touaregs et arabes ont été mis dans toutes les conditions pour contrer la menace que voyaient venir les autorités de l’époque.
Parmi lesquels officiers le colonel Ould Meydou, le colonel El-Hadji Gamou, le colonel-major Baba Ahmed El Oumrani, le colonel-major Hassan Ag Meydi dit Jimmy le Rebelle, le colonel Assalat pour ne citer que quelques officiers privilégiés, recrutés au sein des Forces armées du Mali (FAMa) à la faveur des intégrations massives des rebelles sous le premier mandat du président Alpha Oumar Konaré.
La communauté sédentaire représentée par le mouvement patriotique Gandha koy, à sa tête Me Harouna Toureh et Mahamane Alassane Maïga, a été superbement ignorée lors des intégrations.
Le généraux Gamou et Ould Meydou ont bénéficié de faveurs exceptionnelles du régime d’ATT qui leur a confié la mission de récupérer les combattants venus de la Libye, d’étouffer les revendications séparatistes ou de combattre leurs frères rebelles.
La mission de ces officiers proches de Koulouba s’est soldée par un échec cuisant qui a fini par emporter le régime. Gamou, après des défaites enchaînées, avait fini par prendre la poudre d’escampette en se réfugiant au Niger avec seulement 300 hommes.
Où étaient les Imghads et alliés quand Gamou a été contraint de s’exiler ? Pourtant les Imghads ont toujours été les plus nombreux de la communauté touaregs. La réponse est simple : les Imghads ont aussi combattu le Mali au sein du MNLA.
La création de Gatia leur a permis de se reconvertir en pro-Mali. En vérité tous ont combattu le Mali à l’exception des mouvements issus des communautés sédentaires, le mouvement Ganda Izo et le Songhaï, Gandha koy, le FLN, le Faco, Gandalassal Izo.
L’intervention des forces françaises de l’opération Serval a permis la libération de la partie occupée de la région de Mopti, la région de Gao puis celle Tombouctou. Quant à la région de Kidal, capitale politique des groupes rebelles et jihadistes, elle n’a jamais été acquise aux autorités du Mali.
Une fabrique qui intrigue
Après la signature de l’accord préliminaire de Ouagadougou du 18 juin 2013, les nouvelles autorités du Mali ont repris la même stratégie du régime défunt. Stratégie maligne qui consiste à renforcer certains Touaregs et Arabes contre leurs frères. Quant aux communautés majoritaires du Nord du Mali : Sonrhaïs, Peuls, Bellah, victimes de toutes les rebellions, elles ont été purement et simplement mises à la marge.
Que le Mali ait créé Gatia et ne le contrôle plus ou que le Gatia agit sous les ordres du Mali, ne change en rien la donne : bon nombre d’observateurs pensent que l’Etat malien torpille l’accord de paix, fruit des efforts de l’ensemble de la communauté internationale. Dans les deux cas, l’Etat du Mali se fera prendre en otage par ses amis qu’il a pourtant créés de toutes pièces.
Le pacte de sang entre les communautés arabes et touaregs de la CMA et la Plateforme signé en septembre 2015 est-il une ruse commanditée par l’Etat du Mali pour contourner la vigilance de la médiation internationale et ramener Kidal dans son giron ? Ce pacte sang est-il un complot contre l’Etat ?
Dans tous les cas, les grands perdants sont les communautés sédentaires qui s’embourbent de plus en plus dans des clivages provoqués et entretenus par leurs faux amis. Face à leur sort, l’Etat du Mali se montre indifférent en gardant toujours un silence coupable.
Alpha Mahamane Cissé
Source: L'Indicateur du Renouveau