Encore du cheveu dans la soupe du gouvernement Modibo Keita. Le ministre des Affaires Foncières et des Domaines de l’Etat, Mohamed Aly Bathily, celui la même qui clamait à l’hémicycle avec amertume, le manque de solidarité gouvernementale, vient de donner le très mauvais exemple en ordonnant l’arrêt des travaux du programme de 20.000 logements sociaux de N’Toubana-Kati Kôkô Plateau. Enquête !
« Réaliser 50.000 logements sociaux en cinq ans », cela est l’une des promesses majeures du président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, pour améliorer les conditions de vie des Maliens. Et c’est dans cette dynamique que le Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat a signé un protocole d’accord avec plusieurs promoteurs immobiliers nationaux et internationaux dans le cadre d’un partenariat public-privé, afin d’accélérer le rythme de la réalisation du programme des 50.000 logements sociaux.
Pour rappel, les 1552 logements de N’Tabacoro ont été achevés et attribués à leurs demandeurs en 2015. Dans la même zone, plus de 20.000 logements sont en cours de réalisation, dont 650 qui construits par la SIFMA, sont presque terminés à Kati Sikoro. Outre la capitale, la quasi-totalité des cercles et régions ont chacun bénéficié au moins de 50 logements.
Preuve que depuis l’arrivée de Dramane Dembélé à la tête du département de l’Urbanisme et de l’Habitat, le programme présidentiel de logements sociaux a pris une nouvelle dimension, au point de faire des jalousies au sein du gouvernement.
Sinon, comment comprendre que le ministre des Affaires Foncières et des Domaines de l’Etat, Mohamed Aly Bathily, celui-là même qui se lamentait à l’Assemblée nationale d’être victime du manque de solidarité gouvernementale, ordonne l’arrêt des travaux de réalisation d’un programme de 20.000 logements sociaux à Kati-Kôkô Plateau. Et ce, en soutien à une partie des populations du village de Toubana Kati Kôkô Plateau et Tanfara, hostile à la réalisation des 20.000 logements sociaux sur le site qu’ils revendiquent être leurs champs de culture. La question est de savoir, qu’en est-il de l’avenir des autres sites ? Il n’est pas exclu que ce cas constitue un précédent fâcheux, qui pourra servir d’exemple pour d’autres communautés sur d’autres parties du territoire. C’est dire que de telle menace risque d’impacter négativement sur le programme et mettre en péril le programme en entier.
Contacté par nos soins, le chargé de communication du Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, Fabou Diarra, nous précise qu’« avant le démarrage des travaux, les responsables du MUH et les populations locales ont eu des échanges le 22 janvier dernier pour trouver un terrain d’entente». Echanges au cours desquels, selon lui, le maire de Kati Hamalla Haidara, a rassuré le Ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, de l’accord de son conseil communal pour la réalisation des 20.000 logements sociaux.
C’est dans cette dynamique que les travaux du nouveau chantier ont démarré la semaine dernière sous la surveillance des forces de sécurité sollicitées par le ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat, pour le bon déroulement des travaux.
Curieusement et aussi paradoxal que cela puisse paraitre, c’est un ministre de la ‘’rue publique’’ pardon République, Mohamed Aly Bathily qui, piqué par on ne sait quelle mouche, ordonna aussitôt l’arrêt des travaux. Portant, ainsi un coup d’arrêt à l’exécution du programme de 20.000 logements sociaux, une composante essentielle du programme présidentiel des 50.000 logements sociaux.
Alors que saisie sur la question, la directrice nationale des Domaines et du Cadastre, dans une correspondance en date u 28 mai 2015 adressée au ministre Mohamed Aly Bathily, précise « qu’il y a eu deux décrets de déclaration d’utilité publique dont : le décret n°09/190/P-RM du 4 mai 2009 portant autorisation et déclaration d’utilité publique de parcelle de terrain d’une superficie de 350ha 34a 67ca et le décret n° 2011-090/P-RM du 2 mars 2011 portant autorisation de déclaration d’utilité publique de parcelles de terrain pour les superficies de 86ha 01a43 ca objet du titre foncier n°46853, de 263ha 71a 11 ca objet du titre foncier n°46854 et de 300 ha objet du titre foncier n°46 857 ».
Mais aussi, elle soutient, toujours dans la même correspondance que « dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique de logements sociaux, le gouvernement a constitué des réserves foncières à Kati Koko Plateau d’une superficie totale de 398ha ». Sur laquelle : 298 ha, objet du titre foncier n°15924 ont été destinés selon elle, à la réalisation des logements sociaux, dans le cadre du programme gouvernemental, d’une part, et du partenariat public-privé d’autre part. Tandis que les 100 ha restants, objet du titre foncier n°19625 ont été cédés à la Société Malaisienne ‘’METRO IKRAM SDN BHD’’ pour la réalisation d’un programme immobilier de 2 000 logements sociaux.
La société Malaisienne n’ayant pu réaliser qu’une cinquantaine de logements sur 2 000 logements prévus, le gouvernement a abrogé le décret de cession pour l’attribuer à deux sociétés immobilières. A savoir : Banga Immobilière et Komé immobilière, qui, sous la pression des populations locales, seront contraintes de quitter le site à la demande du gouvernement de la transition qui a donné, en guise de compensation aux sociétés immobilières, une autre parcelle d’une superficie équivalente ou presque, sur le site des logements sociaux de N’Tabacoro.
Ainsi, après les spéculateurs fonciers, le ministre Bathily se retournerait-il contre les actions du gouvernement dont lui-même en est membre ?
Pourtant, IBK avait été clair sur la cohésion au sein du gouvernement.
A quoi joue donc Bathily ?
A suivre…
Lassina NIANGALY