Dans la guerre asymétrique des régions du nord, l’armée malienne a remporté plusieurs victoires. Qui ont été malheureusement camouflées par certains échecs face aux groupes rebelles de Kidal. Des échecs incompris d’une armée qui disposait de tout pour gagner, mais la réalité est tout autre. Car les forces armées maliennes ont été simplement victimes de sabotages de puissances extérieures et même de forces occultes internes. Analyse des causes réelles d’un échec programmé de notre armée nationale.
Par sa position stratégique et les ressources naturelles (non encore exploitées) de sa partie septentrionale, le Mali fait l’objet de convoitises de pays occidentaux et musulmans. Cette guerre géostratégique et politique pour le contrôle du Sahara, a fini par s’installer dans la durée au nord du Mali.
D’un côté, les pays occidentaux dont la France et les Etats Unis, et de l’autre, les pays musulmans (Qatar, Algérie…), se livrent à travers les groupes armés du nord une guerre de positionnement. Qui a fini par détruire les fondements même de la coexistence entre les communautés.
La métropole française ne voulait pas d’une domination des arabes, voire des musulmans, des régions du nord. Voilà pourquoi, la France de Sarkozy a financé et entretenu le Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) pour semer les germes de la division de notre pays. Les médias et la diplomatie de la France ont été mis au service de ce groupe pour la partition du Mali. On se rappelle de ce ministre des affaires étrangères qui parlait « des victoires » de groupes armés sur l’armée malienne, afin de justifier la rébellion au nord du Mali.
Aussi, qui ne souvient pas de la façon ou la France (qui était venue en sauveur) a empêché l’armée malienne de rentrer à Kidal après la libération des régions du nord, en février 2013. Le Mnla qui n’était même pas sur le territoire malien à l’époque, est rentré en grande pompe à Kidal. Et depuis, il occupe cette région avec les autres groupes armés de Kidal.
Mais auparavant, il faut rappeler le complot ourdi par l’occident contre l’armée malienne. Dans le règlement des récentes crises du nord, l’occident a imposé à notre armée des conditions qu’aucune armée « sérieuse » n’aurait acceptées. Ils ont œuvré à la « clochardisation » de l’armée malienne.
D’abord, dans les accords récents, la médiation algérienne a obligé le gouvernement à intégrer des rebelles dans l’armée avec également des grades qu’ils sont loin de mériter. Les intégrés n’avaient ni les compétences, ni la formation requise. Ils sont venus grossir les rangs de l’armée pour naturellement affaiblir d’avantage les forces armées et de défense de notre pays. C’est ce qui s’est passé après le déclenchement de la crise de 2012. Plus 2000 intégrés ont déserté avec armes et véhicules. Certains déserteurs sont partis avec 30, 50 et même 70 véhicules de l’armée. Qui a perdu une grande partie de ses équipements par la faute des déserteurs. Et ce n’est pas fini. Dans l’accord des 15 mai et 20 juin 2015, les forces armées maliennes (Famas) vont subir encore cette humiliation qui a causé en partie sa perte pendant la crise sécuritaire de 2012.
Et pourtant le Niger l’avait refusé en son temps. Tous les rebelles qui voulaient porter les uniformes, devraient respecter les critères nationaux de sélection. Aucun n’accord n’a pu imposer un éleveur nomade à l’armée pour ensuite le bombarder « Colonel » à la place de ceux qui avaient fait la formation pendant plusieurs années. Notre armée et notre Etat ont payé au prix du sang cette injustice caractérisée.
Ensuite, l’armée a été victime de la mauvaise gouvernance au sein de ses rangs, mais aussi du pays. Les primes et autres avantages des combattants sont détournés par des chefs militaires, cloitrés entre les 4 murs. Qui ne se souvient de l’enlèvement d’un chef militaire à Gao lors d’une mutinerie des militaires. L’indiscipline dans l’armée avait atteint un point de non retour.
Aussi, l’abandon de certaines localités du nord a creusé un fossé entre l’armée et les populations qui ne font plus confiance aux militaires maliens.
L’armée fut désœuvrée sur le plan des renseignements. Car les populations ne croyaient plus en l’existence même de l’Etat. Souvent, dans ces zones, on ne trouve aucune trace de l’Etat. Pas d’école, pas de centre de santé, ni même d’administration. Pour avoir de l’eau, ce sont parfois des bonnes volontés qui se manifestent. Les djihadistes ont profité de ces failles pour avoir la sympathie des populations. Qui croient à ces étrangers qu’elles voient plus que les représentants de son pays. Conséquence : ils sont mieux et plus informés que l’armée malienne dans les localités reculées du nord du Mali
Idrissa Maïga