Les infrastructures de base, telles que l’eau, l’électricité, les routes, les centres de santé, les établissements scolaires… sont les éléments de développement d’un pays. Quand elles ne sont pas là ou que leur nombre est insuffisant, on parle de non développement.
Quand le Mali a accédé à son indépendance, il s’est engagé à développer tous les secteurs de développement afin d’affirmer sa souveraineté. Si les pères de l’indépendance ont œuvré dans ce sens, les acteurs du mouvement démocratique, qui ont hérité de ces pères fondateurs, ont-ils dévié le Mali de son chemin de développement ?
Le président Moussa Traoré a instauré une dictature de plus de 20 ans sur des sentiers battus préoccupé beaucoup plus par la survie de son pouvoir que par la mise en place de structures base pour le développement. Ses successeurs n’ont guère mieux fait que lui. Pire, ils ont pratiqué, des décennies durant, l’enrichissement personnel au compte du contribuable. Conséquence majeure : manque de routes, manques d’établissements scolaires, manque d’eau potable, manque d’électricité…
Si les routes sont comme ce que les vaisseaux sanguins sont pour le corps humain, alors, le développement du Mali est mal drainé. Si l’eau est source de vie, alors, le Mali ne vit pas ou vit au ralenti. Si l’électricité illumine l’obscurité, alors le Mali vit dans l’obscurité. Et si les établissements scolaires, les centres de santé sont des infrastructures de développement, alors, le Mali n’en a pas assez.
A Bamako, capitale du Mali, une référence dans la sous région, il y a des quartiers entiers qui n’ont pas accès à l’eau potable encore moins à l’électricité. Image insolite que celle de voir des femmes, jeunes, alignés derrière un point d’eau, en plein cœur de Bamako, dès les premières heures de la journée, bidon ou sceau à la main. Ou encore des charrettes transportant des bidons d’eau destinés à la vente. Pendant que des centaines de 4×4 roulent, à travers les différentes artères de Bamako, fruit de la coopération bilatérale, ou de la corruption assise sur le dos du contribuable, les populations manquent cruellement d’eau potable. Et pendant que des décideurs se construisent des châteaux jusque dans les périphériques de Bamako (au centre ville, il n’y a plus d’espace non vendu), les populations meurent asphyxiées par la poussière soulevée par les véhicules, faute de route bitumée. Des régions considérées comme des potentielles économiques pour le pays, manque de routes ou si routes il y a, elles sont impraticables à cause de leur état défectueux. Des postes de péages ont été installés pour aider à la restauration des routes. Où va cet argent ?
A Bamako, pendant qu’on élabore à coût de centaines de millions des émissions de sensibilisation pour la sécurité routière, obligeant des motocyclistes à rouler sur les pistes cyclistes, rien n’est fait pour améliorer ces pistes dites cyclistes dont l’état est même dangereux pour la sécurité des usagers. Un Etat sans routes, est un Etat sans voie de développement.
Le constat est réel : les Maliens s’enrichissent jour après jour ; mais l’état de la nation demeure très critique au point que nous sommes vulnérables (ce qui se passe avec le problème du nord, est la conséquence de ce mal développement).
Si le nouveau pouvoir semble avoir jeté son dévolu sur le monde paysan, il faut se dire que le développement économique du secteur agricole, va avec l’évolution des infrastructures routières. Sans routes, pas accès aux champs ; sans accès aux champs, pas accès aux récoltes.
Le Mali se doit de revoir sa politique de développement des infrastructures de base, s’il veut accélérer son développement.
Tièmoko Traoré