Dans une interview à sa demande, le président du dernier né des partis politiques au Mali, FRAFISNA, le Front africain pour l’intégration, la solidarité dans une nouvelle Afrique, Boubacar Mintou Koné, dénonce le double jeu de la Minusma dans notre pays et accuse l’organisation onusienne de vouloir diviser le Mali. Il aborde également les raisons de la création de son parti et ses perspectives. Lisez plutôt.
22 Septembre : Pouvez-vous présenter à nos lecteurs?
Boubacar Mintou Koné: Je suis Boubacar Mintou Koné, président du parti FRAFISNA (Front africain pour l’intégration, la solidarité dans une nouvelle Afrique). Il a pour emblème l’hippopotame sortant de l’eau et pour devise, «un Mali prospère dans une Afrique sans frontière».
Pourquoi Frafisna?
Merci! Frafisna ne date pas d’aujourd’hui. Nous étions d’abord organisés dans un mouvement politique, qui s’appelait Front malien patriotique pour le salut. Dans ce mouvement politique, nous avons mené beaucoup d’actions qui ont été couvertes par les médias. C’est après ce mouvement, qui a été le terreau pour les hommes et les femmes qui animent le Frafisna. Nous avons connu la mutation pour devenir Frafisna.
Pourquoi avez-vous décidé de créer ce parti politique?
Nous avons créé le parti à la demande des militants. Vu la situation actuelle de notre pays, fortement menacé dans son existence, il y a un besoin de mobiliser les Maliens et les Maliennes pour préserver le caractère laïc, indivisible et démocratique de notre pays. C’est l’une des motivations essentielles ayant conduit à la création du Frafisna.
Vous êtes un proche du Pr Ali Nouhoum Diallo, qui est membre d’un grand parti. Pourquoi, vous n’avez-vous pas adhéré à l’ADEMA ou vous pensez que vous n’avez pas votre place là-bas?
Bonne question! D’ailleurs certains de vos médias, à la naissance du Frafisna, ont publié que ce parti est une création du Pr Ali Nouhoum Diallo. Vous nous donnez l’occasion d’être plus clair et explicite sur ce sujet. Pr Ali Nouhoum Diallo n’est mêlé ni de loin ni de près à la création ou à la naissance du Frafisna. Pour le parti Frafisna, le Pr Ali est un combattant pour la liberté, un beau-frère, une forte personnalité politique, qui a dirigé l’Assemblée nationale du Mali pendant dix ans, le Parlement de la CEDEAO pendant cinq ans. Au regard de tout cela, l’homme mérite beaucoup de respect et de considération. Faire du Frafisna une création du Pr Ali Nouhoum, c’est infantiliser les hommes et les femmes qui animent ce parti politique. Les animateurs du Frafisna ont une histoire politique avérée dans ce pays.
Quel est le parcours politique des animateurs du Frafisna?
Le parti Frafisna a, en son sein, des anciens militants de l’UNEEM, les compagnons de Cabral, les acteurs de la révolution de mars 1991. Nous avons en notre sein des hommes qui ont milité dans les partis clandestins avant la naissance de la démocratie dans notre pays dont le PMT, l’US-RDA.
Vous venez de vous créer, vous vous situez à quel côté du pouvoir, opposition ou majorité?
Le parti Frafisna est d’obédience socialiste et panafricaniste. Nous voulons les Etats-Unis d’Afrique. Au parti Frafisna, notre crédo est que nous n’avons pas de mains pour applaudir un homme, un Président de la République. Nous avons des mains pour applaudir des actes concrets qui seront posés. Nous avons des mains pour applaudir la construction des routes, des hôpitaux, des centres de santé, des écoles, des infrastructures de développement. Aujourd’hui, si le pouvoir en place fait en sorte que le drapeau malien flotte sur l’ensemble du territoire national, nous l’applaudirons. Si l’opposition malienne, qui a en son sein des patriotes et des démocrates, dénonce des dérives anti-démocratiques, totalitaires, nous n’aurons aucune gêne à cheminer ensemble. Frafisna n’a pas de mains pour applaudir un homme ou un système.
Est-ce que vous prêts à aider le pouvoir en place pour atteindre ces objectifs dont vous venez de parler?
Nous sommes prêts à aider le pouvoir en place en dénonçant toutes les dérives, en mettant les doigts sur les plaies, sur toutes formes de mauvaise gouvernance, sur toutes formes de destruction de l’économie nationale. C’est en cela que nous aiderons le pouvoir en place, en conseillant dans le sens de la démocratie, du développement et du progrès social.
Vous l’avez dit tantôt, le drapeau malien ne flotte pas sur l’ensemble du territoire national. Que pensez-vous des derniers évènements de Kidal, des quiproquos à propos de l’entrée du GATIA à Kidal?
La situation de Kidal est dramatique. Elle nous préoccupe. L’un des principaux objectifs du parti Frafisna est de mobiliser la jeunesse du Khasso, du Kénédougou, du Delta central, du Gourma, du Haïllé, du Dindy, du Tilemsy, pour que nous tous, ensemble, nous puissions aller rencontrer nos frères de l’Adrar. Faire en sorte que nous puissions reconquérir l’intégralité de notre territoire. Parce qu’il est occupé aujourd’hui par des forces étrangères. Nous n’applaudissons pas le GATIA, nous n’applaudissons pas la Plateforme, nous disons que toute cela est dangereux. Cette situation prouve que l’Etat malien n’est pas à Kidal et l’Adrar est en train d’être géré sans la présence du Mali. C’est inacceptable, ce sont l’Etat malien et notre armée qui doivent être présents à Kidal et non des groupes armés. C’est cela notre position.
Que pensez-vous de la Minusma qui est là normalement pour faire face à ces menaces?
La Minusma n’est que l’instrument des forces étrangères qui ont décidé de procéder à l’émiettement et à la partition du Mali. Elle n’est qu’un paravent pour les forces d’occupation. Pour nous au parti Frafisna, elle est là pour conduire à la partition de notre pays. Elle a un jeu double et pas clair. Son mandat, c’est aider le Mali à recouvrer l’intégralité de son territoire, et celui-ci n’est pas appliqué.
Quelles sont vos orientations futures?
C’est aller, village par village, hameau par hameau, sur l’ensemble du territoire, sensibiliser et former la jeunesse et les populations. Nos populations ont beaucoup besoin de formation et d’encadrement. Nous allons avoir une démarche pédagogique. Nous allons, via des assemblées générales, des conférences-débats animer la vie politique. Pour que les urnes ne soient pas délaissées par les électeurs, faire en sorte que le taux de participation soit élevé aux différents scrutins électoraux.
Interview réalisée par Youssouf Diallo