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Lutte contre la pauvreté, le chômage et la protection de l’environnement: La gomme arabique un atout majeur entre les mains du Mali malheureusement négligé par les autorités
Publié le lundi 8 fevrier 2016  |  Le 22 Septembre




La gomme arabique, à l’image du karité, du sésame et de l’anacarde, mais plus stratégique que ces trois substances, est un produit providentiel qui, valorisé, peut se révéler être un fer de lance dans les mains du Mali dans sa lutte contre la pauvreté et le chômage et la protection de l’environnement. Malheureusement, tout se passe comme si, au-delà des battages médiatiques, des saupoudrages et du maquillage des chiffres, nos autorités compétentes manquent cruellement de vision pour la promotion de cette filière qui peut valoir, selon certains spécialistes, un point de croissance à notre pays. Cela malgré l’énorme potentiel dont regorge le Mali en la matière. La gomme arabique n’est autre chose que la résine de cet épineux du Sahel présent partout au Mali, à la seule exception de la région de Sikasso, et qui ne demande qu’à être valorisée au bénéfice du développement économique et social du pays.
Sous la colonisation, la production de la gomme arabique tournait autour de 10 000 tonnes par an. Aujourd’hui, le Mali peine à produire…3 000 tonnes par an. Cette chute vertigineuse de la production de la gomme arabique témoigne paradoxalement du manque manifeste d’intérêt des autorités successives à l’égard de ce produit si stratégique. Dire même qu’entre 1980 et 1983, la production oscillait autour de…6 000 tonnes. Il est vrai que sous la colonisation, pour le colon, la gomme arabique faisait partie de quatre produits-phares avec le karité, l’arachide et le coton très protégés, à l’abri des feux de brousse et de la coupe abusive.
Les usages de la gomme arabique sont aussi variés et divers qu’importants comme l’industrie textile, la pharmacopée (fabrication des gélules) l’agroalimentaire, à l’image de l’œnologie (la fabrication du vin) la confiserie, la pâtisserie, les boissons sodées (ici elle sert notamment d’émulsifiant et de stabilisateur). En tant que stabilisateur, les Américains ont cherché à lui trouver des succédanés. En vain. Résultat : les Américains boycottent tous les produits du Soudan, qu’ils considèrent comme un Etat terroriste, à l’exception notoire de la gomme arabique. Peut-on jamais imaginer les Etats-Unis sans le Coca-Cola ? La raison en est simple : le Soudan, avec entre 65 000 tonnes 70 000 tonnes par an, est le premier producteur mondial de la gomme arabique qui lui rapporte, annuellement, l’équivalent de 70 milliards de FCFA. Il est suivi du Tchad (15 000 à 20 000 tonnes) et du Nigeria. La gomme arabique est, pour la petite histoire, un produit exclusivement africain dont le Mali peut tirer beaucoup de profit. Pour ce faire, l’Etat malien doit se donner une vision claire pour la promotion de cette substance et mener des actions en rapport avec les vrais acteurs de la filière.
Les grands axes de cette politique de promotion devront aller de l’extension des anciennes plantations au regroupement des producteurs en associations en passant par la reforestation des anciennes zones, les actions de soutien aux producteurs en vue d’améliorer la qualité de la gomme, l’amélioration des techniques de saignée, de collecte et de . Last but not least, une enquête sérieuse et minutieuse, pour avoir le vrai potentiel du Mali, devrait être menée.
Des responsables de l’Association Malienne des Exportateurs des Produits de Cueillette (AMEPROC) qui sont au cœur de la promotion de la gomme arabique, déplorent, malheureusement, le fait que l’Etat malien a créé des projets et programmes qui ne travaillent pas avec les vrais acteurs de la filière. Les bailleurs de fonds et l’Etat du Mali n’ont-ils pas le devoir moral d’auditer, chaque année, ces projets afin d’améliorer leurs performances en faveur de la promotion de la filière gomme arabique ?
La promotion de la gomme arabique, participe, par ailleurs, à la protection de l’environnement dans la mesure où l’Accacia Sénégal, l’Accacia seyal, le Combretum et le Karaya, les quatre plantes produisant les quatre variétés de gomme arabique commercialisées au Mali, permettent aussi de séquestrer le C02, un gaz à effet de serre, donc de protéger l’environnement et la couche d’ozone dont la destruction est à l’origine du dérèglement climatique. Sans compter qu’elles permettent aussi de fertiliser le sol.
La construction de la grande muraille verte peut être également saisie pour promouvoir la culture de ces épineux du désert d’autant qu’ils sont résistants au stress hydrique. Le président IBK, s’il veut marquer son passage à la tête du CILSS, serait bien inspiré d’ajouter la stratégique et providentielle gomme arabique à sa corde.
La promotion de la gomme arabique pourrait aider, de façon sensible, à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) qui viennent d’être lancés par le PNUD et le gouvernement malien. Un dernier exemple concret : les producteurs de la filière gomme arabique de Ségoubougou (petite localité située à moins de 80 km de la ville de Kayes) viennent de recevoir, chacun, dans le cadre de leur première livraison, 200 000 FCFA. Pour l’ensemble de la campagne, ils n’auront pas moins de 800 000 FCFA chacun. Qui a encore dit que la gomme arabique n’est pas un instrument de lutte contre la pauvreté ?
Yaya Sidibé
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