PARIS - Après la conclusion tragique de la prise d'otages sur un site gazier en Algérie, les dirigeants internationaux font porter l'entière responsabilité du carnage aux "terroristes", laissant de côté les critiques exprimées dans un premier temps par certains sur les méthodes algériennes.
Plusieurs facteurs les ont conduits à nuancer leurs positions, se rapprochant ainsi de l'attitude compréhensive envers l'Algérie adoptée d'emblée par la France.
Les autorités algériennes ont fini par leur fournir les explications qu'ils réclamaient sur les conditions de l'intervention des forces spéciales, révélant une situation particulièrement complexe, corroborée par les premiers récits des survivants témoignant de la détermination et de la cruauté de leurs geôliers. La prise de conscience que la lutte contre le terrorisme islamiste exige désormais une coopération renforcée, a également calmé les plus critiques.
François Hollande a évoqué cette nécessité d'une coopération internationale
contre le terrorisme lors d'un entretien par téléphone dimanche avec le
Premier ministre du Japon Shinzo Abe.
Jeudi, aux premières heures de la prise d'otage, le Japon s'était montré le
plus dur envers les autorités algériennes. Au moins neuf otages japonais - sur
les 17 présents sur le site - ont péri.
Rarement une prise d'otages aura concerné autant de pays: Britanniques,
Américains, Canadiens, Roumains, Japonais, Belges, Norvégiens, Philippins,
Malais, Français, une dizaine de nationalités étaient représentées parmi les
captifs à côté des centaines d'employés algériens.
L'action entreprise sur un site en plein désert par un groupe de plusieurs
dizaines d'hommes surarmés a eu lieu dans un pays encore traumatisé par une
décennie de guerre civile sanglante qui a fait 200.000 morts, selon des
chiffres officiels.
Un bilan officiel samedi faisait état de 23 étrangers et Algériens morts,
outre les 32 assaillants tués par l'armée mais le bilan pourrait être encore
plus lourd.
Nécessaire coopération
Les autorités des pays ayant des ressortissants pris en otage ont eu au
départ le plus grand mal à obtenir des informations des Algériens. Ceux-ci se
sont montrés plus coopératifs par la suite: la communication avec l'Algérie
"s'est améliorée au fil des derniers jours", a témoigné samedi le chef de la
diplomatie norvégienne Espen Barth Eide.
Les témoignages des otages libérés ont aussi mis en lumière les conditions
difficiles de l'intervention des forces armées algériennes. "Ce qu'ils ont
fait était en règle, parce que c'était une situation très difficile et ils ne
pouvaient pas intervenir plus tôt", a raconté un Roumain, George Iachim.
"Quand il y a une prise d'otages avec autant de personnes concernées et des
terroristes aussi froidement déterminés, prêts à assassiner, ce qu'ils ont
fait, leurs otages, un pays comme l'Algérie a les réponses qui me paraissent à
mes yeux les plus adaptées, car il ne pouvait y avoir de négociation", a
martelé samedi François Hollande.
Quelques heures plus tard, le président américain Barack Obama a dit
vouloir "dans les prochains jours" rester "en contact étroit avec le
gouvernement algérien pour mieux comprendre ce qui s'est passé afin de
travailler ensemble pour éviter de telles tragédies". Mais il a souligné avec
force que "la responsabilité de cette tragédie revient aux terroristes qui en
sont à l'origine".
Le Premier ministre britannique David Cameron a lui aussi estimé dimanche
que la responsabilité du dénouement sanglant de la prise d'otages incombait
"totalement aux terroristes".
"Maintenant, bien sûr, les gens vont s'interroger sur la réponse des
Algériens à ces événements", mais "quand vous devez faire face à un acte
terroriste de cette ampleur, avec une trentaine de terroristes impliqués, il
est extrêmement difficile d'y répondre et d'être bon sur toute la ligne",
a-t-il expliqué.
Le chef du gouvernement britannique a souhaité mettre la question de la
lutte contre le terrorisme "tout en haut de l'agenda" du G8.