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Les ex-otages d`Algérie racontent quatre jours d`enfer à In Aménas (TEMOIGNAGES)
Publié le dimanche 20 janvier 2013  |  AFP




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LONDRES - Des otages transformés en bombes vivantes, terrés pendant des heures pour tenter d'échapper au commando ou exécutés sommairement : les rescapés de l'attaque d'In Aménas en Algérie ont livré un récit effrayant d'un cauchemar de quatre jours qui s'est terminé en bain de sang.

"Je me trouvais à l'extérieur du bureau quand j'ai vu les terroristes arriver", a raconté un Roumain qui travaillait sur le site gazier et s'est retrouvé aux côtés de centaines d'employés algériens et d'expatriés sous la menace d'un commando proche d'Al-Qaïda ayant pris le contrôle des installations.

Aux dires des témoins, les assaillants étaient lourdement armés, avec des lance-roquettes en plus des kalachnikovs.

"Ils ont commencé à tirer sur les gardiens", puis "ils sont entrés et ont
commencé à prendre des otages. Je me suis barricadé avec un autre collègue
dans le bureau, en bloquant la porte avec un meuble", a expliqué cet ex-otage.

Certains ont trouvé refuge dans de faux-plafonds, d'autres se sont terrés
sous leur lit, comme Alexandre Berceaux, un Français resté "caché pendant
presque 40 heures" sous un sommier. "J'ai mis des planches un peu partout au
cas où, j'avais un peu de nourriture, un peu à boire", a-t-il raconté.

Mais les assaillants étaient visiblement prêts à tout pour débusquer les
étrangers qui tentaient de se cacher, comme en a témoigné dans la presse un
Algérien employé sur le site qui a réussi à leur échapper.

Ils ont pris un Britannique et pointant leurs armes sur lui, "ils l'ont
menacé jusqu'à ce qu'il appelle en anglais ses amis en leur disant: + sortez,
sortez, ils ne vont pas vous tuer. Ils cherchent des Américains", a raconté ce
survivant à la presse. "Quelques minutes après, ils l'ont abattu".

Les expatriés étaient apparemment systématiquement ciblés.

"Les terroristes nous ont dit : +vous n'avez rien à faire dans cette
histoire, vous êtes algériens et musulmans. On va vous relâcher+", a expliqué
à l'AFP Iba El Haza, un chauffeur algérien employé sur le site.

Un récit corroboré par celui, anonyme, d'un autre employé algérien dans le
Mail on Sunday :

Ils sont allés dans un des bâtiments, "ont rassemblé les expatriés, les ont
fait mettre en cercle et ils leur ont tous mis des explosifs autour du cou".

"Nous autres Algériens, nous étions regroupés à part et nous étions traités
avec bienveillance. Ils nous ont dit que nous ne serions pas tués car nous
étions musulmans et qu'ils ne cherchaient que les chrétiens", a-t-il raconté.

Selon lui, les Algériens avaient le droit d'envoyer des textos ou de passer
des appels, mais les preneurs d'otages, très bien renseignés sur la
configuration des lieux, ont fait couper le réseau pour empêcher les expatriés
de le faire. Certains y sont toutefois parvenus grâce à un circuit de secours.

"Vous m'entendez ? J'ai été pris en otage par Al-Qaïda", a ainsi écrit à sa
famille Stephen McFaul. Cet Irlandais âgé de 36 ans a ensuite réussi à
s'échapper quand l'armée algérienne a attaqué les véhicules dans lesquels des
membres du commando tentaient de déplacer des otages, bardés d'explosifs.

D'autres aussi ont réussi à prendre la fuite, comme ce Norvégien de 57 ans
qui a passé 15 heures dans le désert avec sept autres personnes et a regagné à
pied la ville d'In Amenas à près de 50 km de là, déshydraté et épuisé, selon
un journal norvégien.

Tous n'ont pas au cette chance : trois Japonais ont été exécutés au moment
où ils tentaient de s'enfuir d'un car.

Six de leurs compatriotes ont été froidement abattus dans leurs chambres
sur le site.

Les assaillants sont "arrivés avec des arrache-clous et ils se sont dirigés
vers les chambres des Japonais", a déclaré très ému un otage algérien, témoin
de la scène.

"Un terroriste a crié +open the door+ (ouvrez la porte, ndlr) avec un
accent nord-américain, puis il a tiré".

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