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Bocar Moussa Diarra à propos de la célébration du centenaire du père de l’indépendance du Mali : « Les funérailles officielles nationales vont compléter le centenaire et la réhabilitation du président Modibo Keita ».
Publié le mardi 9 fevrier 2016  |  Le Tjikan




Dans une interview qu’il nous a accordée, Bocar Moussa Diarra, président de l’UM RDA fait le bilan des activités organisées dans le cadre de la commémoration du centenaire du père de l’indépendance du Mali, Modibo Keita. Par la même occasion, il donne sa lecture de la situation sociopolitique actuelle du pays. Lisez plutôt.
Le Tjikan : Pendant plus de 6 mois, la commission d’organisation du centenaire du président Modibo Keita a mené plusieurs activités, quel bilan faites-vous de cette organisation ?
Bocar Moussa Diarra : Je dois d’abord remercier le président de la République Ibrahim Boubacar Keita qui rendu possible ce centenaire. Il faut rappeler que c’est une promesse qu’il a faite à l’UM RDA et qu’il a tenue d’une façon si réservée que nous-mêmes, nous ne nous attendions pas. Il a donné les moyens et il s’est impliqué personnellement et impliqué son gouvernement pour nous accompagner dans toutes les activités. Je pense que la Commission Nationale d’Organisation a pu faire un travail dextrement important qui a permis donc de réaliser les vœux du président Ibrahim Boubacar Keita d’honorer le président Modibo Keita, premier président de la République du Mali et premier secrétaire général du l’Union Soudanaise RDA. Lorsqu’il a donné les moyens, il a demandé au Ministère de la Culture d’en être l’ancrage au niveau institutionnel et nous avons mis en place une commission nationale d’organisation. Au sein de cette commission, ont été représentés tous les départements ministériels, la classe politique, la majorité présidentielle, l’opposition et même des sensibilités comme la société civile, les femmes, et le Conseil National des Jeunes. Il y a aussi les associations comme l’Association des Vétérans du Mali et aussi la famille biologique de Modibo Keita. C’est ainsi que nous nous sommes réunis pour élaborer un programme qui a tété des activités que nous avons à ce jour complètement exécutées.
Lors de cette commémoration du centenaire de Modibo Keita, nous avons mené des activités sur l’ensemble du territoire. L’évènement a débuté par une cérémonie de lancement qui était présidée par le président de la République, suivie d’une conférence de presse animée par le Professeur Seydou Badian Kouyaté, ancien membre du bureau politique national de l’US-RDA, ancien ministre et ancien compagnon du président Modibo Keita. Il y avait aussi le professeur Dioncounda Traoré, le président d’honneur. A l’intérieur du pays, nous avons organisé une course de pirogues à Mopti, une course de cyclisme à Sikasso. Le reste des activités, nous les avons reparties sur Bamako. Nous avons organisé un cross country à Bamako, des concerts. Un autre grand évènement qui a eu lieu, c’est le symposium sur Modibo Keita qui a regroupé des grands Professeurs d’Afrique, d’Europe et du Mali. Il y a eu la participation des grands témoins et la grande famille RDA. Le clou de tout cela, c’est la symbolique très forte de l’aéroport international Bamako Sénou qui a été baptisé du prestigieux nom de Modibo Keita. Il est important puisque le président Modibo Keita s’est beaucoup impliqué pour l’intégration africaine. Donner donc son nom à l’aéroport international de Bamako est un signal important de notre point de vue que le président IBK à voulu souligner. Nous le remercions très vivement. Et toutes ces activités ont fortement contribué à la réconciliation nationale qui est l’un des objectifs recherchés du centenaire.
Il ne reste plus que les funérailles officielles nationales qui constituent une activité essentielle. Comme le président lui-même tenait à présider certaines de ces activités, la cérémonie de funérailles nationales en est une. Lorsque nous avons programmé cette activité sous la haute présidence du chef de l’Etat, malheureusement elle a coïncidé avec l’évènement de Radisson Blu. Mais cette activité sera menée et le parti y attache une grande importance. C’est elle qui va compléter définitivement le centenaire et la réhabilitation du président Modibo Keita. Nous pouvons dire que la commémoration du centenaire a marqué d’un sceau important l’année 2015.
Quelle lecture faite-vous de la situation sociopolitique actuelle du pays ?
La situation sociopolitique, elle est délicate comme vous le savez, parce que, le président Ibrahim Boubacar Keita lui-même a été installé dans des conditions extrêmement difficiles. On sortait d’une transition et l’objectif principal qu’il s’est donné lui-même c’était de restaurer la paix. Ce n’était pas facile. La communauté internationale s’est largement impliquée aux côtés du Mali. Nous avons obtenu la paix. Ce qui est un dividende très positif même si tout le monde ne le perçoit pas. L’accord de paix est le résultat le plus important des deux premières années du président Ibrahim Boubacar Keita. C’est qui est regrettable un peu, c’est que nous avons obtenu la paix mais l’on note la persistance des djihadistes qui sont hors cadre et qui tentent d’entretenir l’insécurité partout. A coté de cela, il y a aussi des aspects économiques auxquels le gouvernement a fait face. On peut citer des exemples de réussite comme des exemples d’échec. Mais comme j’ai eu à l’évoquer dans ma déclaration préliminaire lors de notre rentrée politique, l’année 2016 est une année porteuse d’espoir. La situation est certes difficile, mais les Maliens doivent comprendre la spécificité et la nature de la crise que nous traversons. La solution est certainement dans les actions communes. Il s’agit principalement de la classe politique. Et aussi, chaque Malienne et chaque Malien a en lui une partie de la solution aux problèmes que nous traversons. C’est à cela que nous invitons nos concitoyens. Pour le reste, le gouvernement fait son travail. Pour les résultats, on constate de plus en plus que c’est bon malgré des facteurs handicapants. Le président lui-même fait des efforts. Au niveau de l’agriculture, un effort a été fait, notamment le relèvement de la part de l’agriculture dans le budget national. Il y a aussi des subventions des tracteurs qui sont des aspects très positifs. Globalement, ce qu’il faut retenir c’est qu’on s’approprie de l’accord. Il s’agit de faire en sorte que tout le monde s’investisse harmonieusement et intelligemment pour que notre pays se retrouve.
Quel est votre degré de collaboration au sein de la majorité présidentielle et pour le soutien au chef de l’Etat ?
Notre parti, l’UM RDA est l’un des partis qui a décidé, dès le départ, de soutenir la candidature du président Ibrahim Boubacar Keita. De notre engagement jusqu’à l’élection du président Ibrahim Boubacar Keita, l’UM RDA a pu faire un travail que l’ensemble du pays a pu apprécier. Nous avons été avec le Professeur Kassa qui animait ce qu’on appelle le regroupement IBK Mali- 2012. Ce regroupement avait une grande capacité et a fait qu’IBK 2012 a été un phénomène national avec des experts politiques et grands intellectuels pour aboutir à la grande victoire.
Comment se porte l’UM RDA aujourd’hui ?
Le parti l’UM RDA comme tous les partis politiques ne se porte pas comme on le souhaite. Il faut le dire honnêtement, le fait partisan n’est pas aujourd’hui ce qu’il devrait être. Nous pensons depuis 20 ans que nous devons faire autrement. L’UM RDA, il y a 20 ans, avait lancé à un de ses congrès, l’idée de que ce qu’on a appelé Bamako bis. Bamako bis, c’est comme ce qui s’est passé en 1946 avec nos pères. Il s’agit pour nous de faire revenir à Bamako les sections territoriales RDA et tous les partis politiques africains qui partageraient le manifeste que nous avons rédigé pour que nous puissions mettre nous-mêmes en tant qu’africains comme en 1946, un nouveau réseau politique africain capable d’appréhender les préoccupations contemporaines et d’apporter les solutions africaines. Des indépendances à aujourd’hui, l’Afrique a avancé mais nous n’avons pas pu poser ensemble un acte pour avoir l’éclat de nos indépendances. L’indépendance est restée plus ou moins politique mais son aspect économique n’est pas encore assuré. Et l’intégration aussi qui est un engagement très fort de 1946 est toujours en cours de construction. Donc, à l’UM RDA, nous pensons que nous devons nous donner la main pour l’Afrique et pour notre pays. Au niveau interne également, il faut que la classe politique travaille avec des réseaux innovants pour instaurer la confiance en la politique et dans la politique. C’est un chantier extrêmement important sur lequel nous réfléchissons. Et nous invitons la classe politique à approfondir la réflexion pour que nous puissions être autrement.
Avez-vous un message pour la jeunesse malienne ?
L’appel que je lance à la jeunesse malienne passe d’abord par l’Etat du Mali, par ce qu’une jeunesse ne peut pas devenir consciente et engagée ex nihilo. Une jeunesse, c’est la somme de son éducation à l’école, dans la famille, de son imprégnation des choses dans la société. On ne peut pas demander à la jeunesse d’être ce qu’elle ne peut pas être, elle a besoin d’être accompagnée. Je pense que la solution, c’est d’abord au niveau de l’éducation. Nous devons vigoureusement reprendre l’éducation pour que nous puissions disposer d’un matériel humain confiant. Il faut que la jeunesse aussi soit consciente qu’elle est l’avenir du pays. Sur ce, celle qui a eu la chance d’être formée devrait donc prendre conscience qu’elle est impliquée pour tirer la jeunesse vers le haut. Je ne crois que notre pays en a besoin.
Propos recueillis par Daniel KOURIBA