Le porte-parole du «Balai citoyen» du Burkina Faso, Me Kan Guy Hervé, au cours de son séjour à Bamako, a animé une conférence de presse, le vendredi 5 février 2016, à la Maison de la presse. C’était en présence de Me Mamadou Konaté. L’objectif était d’échanger avec les journalistes sur le rôle du «Balai citoyen» dans le changement du pays.
D’entrée de jeu, le conférencier a rappelé que le mouvement «Balai citoyen» du Burkina Faso, mis en place en 2013, est une organisation de la société civile qui s’intéresse essentiellement aux questions politiques, sans être un parti politique. Selon Me Kan Guy Hervé, les objectifs du «Balai citoyen» sont de faire en sorte qu’à tous les niveaux, les populations s’intéressent à la gestion de la cité ; que le gouvernant rende compte de sa gestion ainsi que la lutte pour l’alternance. À l’en croire, le contexte politique dans lequel le mouvement est né, c'est-à-dire la question de l’alternance, du changement de la Constitution, a fait en sorte que l’objectif de la lutte pour l’alternance a pris le dessus. «Nous nous disons qu’il faut changer les choses parce que celui qui est élu, sollicite notre suffrage. Donc, c’est nous qui sommes chefs. C’est un travail citoyen de veille pour qu’un changement commence maintenant», a déclaré le conférencier.
Le porte-parole du «Balai citoyen» a également donné son point de vue sur la proposition d’un gouvernement d’union nationale au Burkina Faso. Selon lui, le gouvernement d’union nationale se justifie lorsque le pays est dans une situation de crise. «Mais dès lors que le peuple a été appelé aux élections, qu’il a choisi son président, il n’y a plus de raisons d’avoir un gouvernement d’union nationale. Celui qui a gagné, gouverne et s’il n’est pas bon, on le sanctionne. Si on fait un gouvernement d’union nationale au Burkina, c’est un gouvernement d’irresponsabilité nationale. C’est à partir de ce constat que le président a changé pour dire un gouvernement de rassemblement pour permettre à toutes les forces qui ont combattu Blaise Compaoré de gérer le pays», a déclaré le conférencier.
Et d’ajouter : «Nous avons dit que c’était la même chose et que pour nous, une bonne démocratie, c’était une majorité qui a gagné et qui gouverne ; une opposition qui a perdu et qui s’oppose ; et une société civile qui surveille. Nous, nous voulons que cette trilogie soit respectée. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui, de façon officielle, il n’y a pas de société civile dans le gouvernement».
Par ailleurs, selon Me Kan Guy Hervé, il faut que les jeunes s’engagent. «C’est pourquoi nous formons les jeunes à l’engagement. Il s’agit de dire aux jeunes de s’engager dans les partis politiques, parce qu’on ne peut pas demander aux politiciens de se rajeunir, s’il y a pas de jeunes», a-t-il déclaré.
Concernant l’affaire Guillaume Soro, le conférencier a indiqué que c’est une affaire judiciaire. «C’est la justice qui, au regard des éléments qu’elle a dans les dossiers, a décidé de lancer le mandat d’arrêt contre lui. Le regard que nous avons sur la question, c’est la diplomatie aux diplomates, le judiciaire au monde judiciaire. Cela veut dire que c’est normal que les chefs d’Etat veuillent régler des problèmes entre deux pays par la voie diplomatique. Mais il ne faut pas que cela se fasse par une immixtion dans la justice», a-t-il poursuivi.
Avant d’ajouter que «si nous voulons changer les choses, il ne faut pas que tout le monde se taise. Le problème du Mali, c’est toutes ces années sans opposition. Parce que si tout le monde est d’accord, il n’y a plus quelqu’un pour dire : attention», a conclu le porte-parole du Balai citoyen.