Les prophètes n’ont jamais créé des religions. Ce sont les hommes après eux, qui ont voulu faire des institutions de religion qui veut dire relier avec le monde céleste. Pendant des siècles, ils ont travaillé pour donner corps à ces institutions qui étaient des instances de résilience pour beaucoup de peuple face aux aléas de la nature qu’ils ne peuvent pas maîtriser : tonnerre, foudre, tremblement de terre, éclipse,… Mais ces institutions sont aussi des espaces culturels dépositaires des valeurs séculaires souvent résistantes aux chocs du modernisme. Ainsi, des valeurs culturelles arabes, hébraïques et autres animent nos institutions religieuses. Ce sont des véritables projets de société, mais quelles sociétés ? Maliennes ou africaines ? Oui peut être africaine pour les uns qui adorent un Jésus d’origine noire et qui est devenu blanc après Ramsès II et autres.
Les religions ont une histoire chacune. Mais qui maitrisent parmi ces leaders religieux les vraies histoires religieuses dans leurs contextes de plusieurs siècles avant notre ère ? Qui parmi ces leaders ont fait la philosophie au sens large, la sociologie, l’astrologie, les cosmogonies…. pour se permettre d’enseigner le coran ou la bible, sans aucune maîtrise des langues arabes ou hébreux ? Quelles sont les vraies versions de ces livres dits révélés ? Qui commandent les interprétations de ces livres ? Qui a le droit de dire au Vatican qu’il y a l’évangile selon Judas ? Qui encore ose parler de la Kaaba ? Mêmes si elles ne sont pas importées de façon historique, en tout cas elles échappent à la maîtrise des gens qui ne parlent pas les langues et les langages des religions.
La confrontation se trouve à la rencontre des deux importations, la deuxième, C’est la démocratie ! Depuis Athènes, tous se trouvent confus. Est-ce que c’est le pouvoir de la majorité seulement ? Ou c’est le pouvoir de la majorité avec un respect des minorités supérieures souvent à la majorité car viennent du système établi ? Au Mali, il s’agit de la voie ou des voix de la majorité simple, la discussion ne sied pas sur le code de la famille et le contenu de la laïcité est sans objet. Mais c’est le respect des minorités qui constitue le problème. Le niveau de considération de ces dernières se pose dans tous les cas. Les autres, après plusieurs siècles d’avance, ne se retrouvent pas dans la laïcité qui ne veut rien dire, au fait, si on ne lui donne pas un contenu précis, selon encore la démocratie ? Où est l’Afrique dans tout ça ? C’est vrai, le ministère du culte s’occupe d’eux dans la clandestinité des divinités africaines locales non reconnues par l’Etat. D’ailleurs, qui fait le classement des religions dans un pays ? C’est l’Etat ! Si une religion n’est pas reconnue par un Etat, elle devient automatiquement une secte pour les autres religions qui commencent à le combattre. Alors l’Etat doit faire attention dans la validation des religions ou courants religieux en harmonie avec la démocratie.
Au Mali, tout est apaisé depuis l’indépendance, entre, en tout cas, le Christianisme et l’Islam, toutes tendances confondues. Mais il y a des équilibres souvent précaires si des courants s’ajoutent tous les jours et influencés par la géopolitique religieuse des puissants du monde. Cependant, le Mali est aussi à la recherche de l’équilibre, le juste milieu au nom de Dieu le tout puissant.
Les religions telles que conçues ou révélées sont des projets de société au-delà du spirituel et les leaders veulent mettre cela en pratique, dialectique dynamique possible !
Pour maintenir cet équilibre et le renforcer, le Mali doit nécessairement :
- Définir les éléments de la laïcité de façon consensuelle ;
- Réfléchir sur la voie de sécularisation de la religion ;
- Créer des espaces francs de dialogue inter religieux au-delà du faire semblant des autorités ;
- Définir le contenu du ministère des affaires religieuses et du culte de façon participative (pas dans un bureau à Bamako avec les mêmes personnes) et dans le contexte purement malien ;
- Mettre l’accent sur les programmes de formation en religions.
On peut être croyant, religieux pratiquant et faire la politique. Mais quelle politique un bon religieux doit faire ? Il doit d’abord se former de façon conséquente sur les divers aspects de la religion et de la géopolitique mondiale.
Ceci est un article d’anticipation pour le procréateur pauvre des gouvernements africains et non de la provocation.
Le grand risque est de donner raison à la fois à l’iman Mahamoud Dicko et au magistrat Daniel Tessougué, car c’est ce dosage qu’il faut rechercher perpétuellement sans passions religieuses.
SDF
Source: Le Canard de la Venise