Le Kotèba est une véritable tribune d’expression et de réjouissance populaire pour toute la communauté bambara. Depuis la nuit des temps, le Kotèba, véritable source de joie, regroupait tout le village sur la place publique appelée ‘’Fèrè Kènè’’, sans distinction d’âge et de sexe. C’était ce qui faisait la fierté de la communauté.
D’où vient le mot Kotèba ?
En effet, le mot ‘’Kotèba’’ est dérivé de ’’Kotè’’ (escargot). Cet escargot est utilisé par les jeunes, car il fait des rondes sur lui-même. C’est ainsi qu’au fil des années, les jeunes ruraux ont adopté un pas de danse, imitant l’escargot. Ce sont ces pas de danse qui se sont répandus dans la communauté et sont devenus ainsi célèbres.
Au-delà de son caractère festif, le Kotèba était aussi une tribune d’expressions populaires où les mauvais comportements étaient jugés et corrigés avec la dernière rigueur à travers l’humour. C’était un véritable miroir qui ne reflétait que le bon exemple à travers des scènes biens nourris, tout en restant dans le cadre de la politesse, toujours enseignée par les sages.
Le Kotèba prenait aussi en compte l’éducation des jeunes garçons et filles du village. Et chaque jeune fille du village avait son copain parmi les garçons qui était nommé Kotèba-Tiè et la fille : Kotèba-Mousso. Mais ils n’avaient aucun contact sexuel. Ainsi, la jeune fille, confiée au garçon par les sages du village, veillait sur cette dernière jusqu’à l’âge du mariage. Et le jour où elle aura un mari et que sa virginité était prouvée lors de son premier rapport sexuel avec son marie, cela faisait l’objet de réjouissance et de fierté dans sa famille et dans celle de son Kotèba-Tiè, qui avait respecté la parole donnée. Depuis la nuit des temps, la virginité de la jeune fille était importante et elle devait être préservée à tout prix. Le jour du mariage, le jeune homme (Kotèba-Tiè) recevait des cadeaux de tous genres pour avoir bien veillé sur sa Kotèba-Mousso.
Cependant, à cette époque, il était formellement interdit d’avoir des enfants hors du mariage. C’était ainsi que le Kotèba-Tiè devenait le confident du marié. Et en cas de problèmes dans le couple, il prenait conseils auprès de ce dernier. Voilà l’une des valeurs sociétales du Kotèba.
Comment le Kotèba vit aujourd’hui dans nos villages ?
Il est mis dans l’oubliette dans certains villages au profit de la musique moderne. La jeunesse ne sait plus danser au Kotèba et cela constitue une offense pour nos mœurs. En tout cas, aucun développement n’est possible sans une mise en valeur réelle des éléments essentiels de nos cultures et traditions. Alors, que devons-nous faire pour immortaliser le Kotèba dans nos communautés ? A qui la fauté ?
Il faut surtout noter qu’en milieu bambara, l’enfant qui naît le jour où l’on joue au Kotè prend le nom ‘’Kotè’’ ou ‘’Kotèkoro’’. Restituons nos vrais noms et n’ayons jamais honte d’avoir des noms authentiques comme beaucoup de gens le montrent aujourd’hui. Quand on n’avait pas pour les autres, on se contentait de ceux-là non ?
Bourama Coulibaly, Animateur-Producteur ORTM MOPTI