« La sanction devait commencer au niveau du cabinet de la primature »
Le porte-parole du Collectif pour la défense de la République (CDR), Mohamed Youssouf BATHILY dit Ras Bath, a animé, le 9 février dernier, une conférence de presse pour apporter la contribution de son organisation dans le débat sur l’affaire qui avait conduit à la suspension de notre droit de vote à l’ONU et celui sur l’importation frauduleuse des bazins dans notre pays. La conférence s’est déroulée au Carrefour des jeunes de Bamako.
Mohamed Youssouf BATHILY a justifié cette sortie médiatique par une nécessité de recadrage de l’intervention faite à la télévision nationale par le Premier ministre Modibo KEITA sur cette question hautement sensible. Pour lui, à travers une technique de communication subtile, celui-ci est parvenu à manipuler l’opinion nationale afin de l’orienter sur un seul département dont la responsabilité matérielle n’est pas établie, en l’occurrence le ministère des Affaires étrangères.
Des sanctions partielles
Se référant à l’interview du Premier ministre sur ladite affaire, le conférencier a déclaré que le chef du gouvernement a confirmé que le 3 juin il a été instruit au Trésor de procéder au payement de la cotisation du Mali à l’ONU. C’est pourquoi dit-il que, du 3 juin au 18 janvier, le Premier ministre avait tout le temps de vérifier si le virement a été fait ou non. Cela d’autant plus que le cabinet de la Primature a pour rôle de veiller à l’application des ordres du Premier ministre au niveau des différents services publics.
« Si le cabinet de la Primature avait joué son rôle de veille, il aurait su à temps que l’argent a été retourné pour défaut de compte. Le cabinet aurait pu alerter le ministre DIOP qui aurait pu appeler pour vérifier et faire envoyer le bon compte. La Primature avait 7 mois pour réparer la faute sans arriver au stade de la suspension. La responsabilité du directeur du Budget est établie pour n’avoir pas joué son rôle; aussi il y a la responsabilité du cabinet de la Primature qui n’a pas veillé à l’application de la décision. Donc, la sanction devait commencer au niveau du cabinet de la primature », a déclaré le porte-parole du CDR.
Ras Bath a exprimé sa profonde désolation face à la sanction « partielle » décidée par le PM à l’encontre du diplomate KASSE.
Pour lui, le PM a sacrifié des cadres compétents, dans cette affaire, comme Sékou KASSE qui a, durant toutes les négociations au sein des Nations unies, par son dynamisme, sa perspicacité, mobilisé la communauté internationale afin de permettre au Mali d’obtenir un accord qui garantit l’intégrité et la souveraineté de notre pays. Il a estimé qu’il était injuste que ce diplomate soit jeté en pâture pour protéger un cabinet incompétent, qui a manqué à son devoir.
« Pour nous, le fait que nous venons d’être informé que le Mali, depuis 10 ans, est en retard de payement de ses cotisations au sein de l’OCI, depuis des années au sein de l’OMC, de la CPI, le Premier ministre après avoir juré que le Mali a toujours été à jour dans ses cotisations, a menti au peuple malien. Un deuxième mensonge public après celui fait à l’Assemblée nationale où il avait promis l’impunité dans l’affaire de l’engrais, sans rien faire. Au regard de ces faits, nous demandons sa démission pour avoir nargué le peuple malien et pour avoir instruit une sanction partielle au détriment du directeur du Budget et contre le représentant du Mali à l’ONU, tout en protégeant son cabinet. Le PM est en train d’abuser du sentimentalisme d’IBK. C’est un homme qui est spécialiste en psychologie d’IBK. Donc, IBK est appelé à se méfier pour ne pas se faire piéger par lui » , a lancé Mohamed Youssouf BATHILY.
Du bazin frauduleux
Le deuxième sujet de la conférence portait sur l’entrée frauduleuse du Bazin dans notre pays. Selon conférencier, administrativement au Mali, il n’existe pas de bazin sur le marché, parce que les structures chargées de contrôler l’entrée des marchandises et qui délivrent l’intention d’importation n’ont pas de documents qui justifient que le bazin est importé dans notre pays.
« Aucun commerçant importateur n’a l’autorisation officielle pour l’importation du bazin au Mali. De connivence avec les transitaires et les douaniers, ils importent le bazin, mais en le déclarant sur le document comme étant de la tomate, des chaussures, des spaghettis ou autres produits… Alors qu’avant l’arrivée de la marchandise, le transitaire ou le commerçant a l’obligation de fournir une déclaration détaillée sur l’origine, la valeur et la nature du produit. C’est sur la base de ces éléments que la douane calcule le droit. À l’arrivée de la marchandise, on procède à la vérification. Mais moyennant de l’argent, les douaniers ferment les yeux et n’ouvrent plus les containers, ne vérifient pas la conformité, c’est pourquoi au Mali, il n’y a aucun document, ni à la douane ni à la DNCC qui confirme l’entrée du bazin dans le pays. Et pourtant, la publicité de la marchandise se fait à la télévision nationale. Cela s’explique par le fait que les produits de luxe, comme le bazin, sont taxés à 100 %. C’est pourquoi le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Guinée ne peuvent pas importer le Bazin chez eux, car le dédouanement est trop cher. Puisque le Mali est un pays laxiste, chacun vient s’approvisionner chez nous en bazin. Ce qui est une perte de plusieurs milliards pour l’État du Mali », a déclaré le conférencier.
Il a soutenu que le président de la République s’habillait en fraude. Et qu’avec le port du bazin non dédouaner, ‘’IBK encourage l’importation de la fraude’’. Face à ce spectacle désolant, le conférencier a invité les plus hautes autorités à procéder à la saisie de tous les bazins sur le marché jusqu’à la production de documents qui contraint les commerçants à payer les droits et les amendes. « Que tous les transitaires dont les documents ont servi à l’entrée de ces produits sous une autre qualification soient poursuivis pour fraude douanière. Que tous les douaniers qui n’ont pas procédé aux vérifications nécessaires soient poursuivis pour complicité à la fraude douanière », a souhaité Mohamed Youssouf BATHILY dit Ras Bath.
PAR MODIBO KONE