Bamako - Deux Casques bleus de l’ONU au Mali ont été tués et trente autres blessés vendredi à Kidal (nord-est) par des jihadistes présumés, une semaine après l’attaque visant des policiers nigérians de la force de l’ONU à Tombouctou, revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
"Notre camp à Kidal a été attaqué ce vendredi tôt le matin par des terroristes. Nous avons riposté, mais deux Casques bleus ont été tués, et 30 autres blessés", a déclaré à l’AFP une source sécuritaire au sein de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).
Les "terroristes ont attaqué à l’aide de roquettes. Il y a eu moins deux heures d’échanges de coups de feu", a indiqué cette source.
Un militaire guinéen de la Minusma a précisé à l’AFP que les Casques bleus tués appartenaient à ce contingent, soulignant que parmi les trente blessés,
"sept sont dans un état grave".
Deux soldats guinéens de l’ONU avaient déjà été tués fin novembre à Kidal dans une attaque à la roquette contre le camp de la Minusma, revendiquée par le groupe jihadiste Ansar Dine.
Le 5 février, une attaque contre une base de policiers nigérians de la
Minusma installée dans un ancien hôtel à Tombouctou (nord-ouest) avait coûté la vie à un militaire malien, ainsi qu’à au moins quatre assaillants. Elle avait été revendiquée par Aqmi.
La Minusma, déployée depuis juillet 2013, est la mission de maintien de la paix de l’ONU la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995.
- Première tournée du chef de la Minusma -
L’attaque de vendredi coïncide avec la première visite de terrain, entamée lundi dans le nord du pays, du nouveau chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif.
M. Annadif s’est notamment rendu à Kidal, bastion de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion), où les tensions suscitées par l’arrivée en force dans la ville au début du mois de membres d’un groupe pro-gouvernemental sont retombées depuis la conclusion d’un accord la semaine dernière.
La semaine a également été marquée par la mort jeudi à Hombori (nord) d’un douanier et deux civils lors d’une attaque attribuée à de présumés jihadistes. Trois militaires maliens ont aussi été tués mardi dans l’explosion d’un engin improvisé au passage de leur véhicule un peu plus au sud, près de la frontière avec le Burkina Faso.
La capitale du Burkina Faso, Ouagadougou, a été frappée le 15 janvier par un attentat qui a fait 30 morts. Le 20 novembre, un attentat contre un grand hôtel de Bamako, la capitale malienne, avait fait 20 morts, outre les deux assaillants. Ces deux attaques ont été revendiquées par Aqmi, en coordination avec le groupe Al-Mourabitoune.
La menace représentée par les organisations jihadistes en Afrique, telles qu’Aqmi dans le Sahel, les shebab somaliens, Boko Haram au Nigeria, et le groupe Etat islamique en Libye a augmenté, a affirmé cette semaine le commandant des opérations spéciales américaines sur le continent, le général Donald Bolduc.
"Ces 12 derniers mois, ils sont devenus plus actifs. Ils ont exporté des tactiques et des techniques, en particulier en matière d’engins explosifs improvisés", a précisé le général Bolduc à l’occasion du lancement au Sénégal de l’exercice militaire annuel Flintlock organisé par les Etats-Unis en Afrique avec une trentaine de pays, du 8 au 29 février.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion à dominante touareg, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Ces groupes jihadistes ont été dispersés et en grande partie chassés du nord à la suite du lancement en janvier 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale qui se poursuit.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin d’un accord de paix entre le gouvernement et l’ex-rébellion.
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