Visite du Président allemand à Bamako: les sujets qui fâchent au menu

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Publié le vendredi 12 fevrier 2016 | Info Matin

© AFP par A.S
Joachim Gauck

Le président de la République fédérale d’Allemagne, Joachim Gauck, est attendu ce matin même à Bamako pour une visite de travail de 24 heures. Ce sera un grand événement politique avec une forte facture diplomatique d’autant qu’entre les deux pays, le ciel est radieux du point de vue de la coopération qui, ces derniers temps, s’est intensifiée dans de nombreux domaines. Même si pour autant des sujets qui fâchent peuvent surgir au menu des discussions entre le président IBK et son hôte allemand.

C’est ce matin, vendredi 12 février, que le président de la République d’Allemagne, M. Joachim Gouak, est attendu à Bamako. Avec son épouse, Mme Daniela Shadt, le président allemand effectuera une visite de travail de 24 heures à Bamako, à l’issue de laquelle, comme point phare de son séjour, il aura des discussions avec son homologue malien, le président IBK.
Entre Bamako et Berlin, c’est connu, le ciel est radieux, du point de vue diplomatique. Les relations de coopération entre les deux sont historiques ; l’Allemagne étant, dans les annales diplomatiques, le premier pays occidental ayant reconnu la souveraineté du Mali indépendant. Depuis, entre les deux pays, la coopération a atteint des niveaux satisfaisants, touchant presque aujourd’hui tous les aspects de la vie économique et politique du pays. Pour cette raison, tenant à l’histoire, et pour beaucoup d’autres facteurs, liés à l’excellence des relations de coopération entre les deux, la visite d’un président allemand, au-delà de son aspect protocolaire, est toujours un événement de grande facture diplomatique. L’Allemagne est donc un partenaire crédible du Mali et cette visite, telle qu’elle a été conçue, sera l’occasion pour les deux dirigeants de faire un tour d’horizon sur l’état de coopération entre les deux pays.
L’Allemagne accompagne le Mali dans la violente crise politico-institutionnelle qu’il a connue en 2012 et dont il se relève plus sûrement de ses conséquences multiformes. Si la coopération politico-économique se renforce davantage avec le soutien de l’Allemagne dans les domaines aussi variés que la décentralisation, le processus électoral ou le développement rural ; le domaine militaire, lui, n’est pas en reste. Cette année, le conseil des ministres de l’Allemagne a soutenu un nouveau mandat renforçant la présence militaire de la Bundeswehr au Mali. Dans le cadre de son engagement militaire au Mali, l’Allemagne s’est inscrite dans la dynamique d’accroître ses troupes au sein de la Minusma qui devront passer de 150 actuellement à 650. L’intervention militaire au Mali sera axée, selon des observateurs sérieux, sur des missions d’observation sur le terrain avec des véhicules blindés et des drones.
Il est donc certain qu’entre les deux hommes, à Koulouba, les discussions porteront certainement sur les questions militaires, plus spécifiquement la lutte contre le terrorisme. Ces derniers temps, les attaques djihadistes, de plus en plus meurtrières, se sont multipliées au Mali, menaçant gravement le processus de paix en dépit de la signature de l’accord de paix entre tous les acteurs concernés. L’apport militaire des Allemands est crucial dans cette lutte qui prend aujourd’hui des proportions plus inquiétantes avec le péril djihadiste qui va au-delà du cadre restreint du Mali.
Toutefois, ce ciel radieux dans la coopération entre les deux pays ne doit pas occulter les sujets qui fâchent, comme on le dit dans le jargon diplomatique. En fait, le scandale de la BHM, tel qu’il s’est révélé avec le fonds des investisseurs privés allemands dans le montage juridico-financier du projet immobilier de la Mangueraie de Sébénikoro, constitue l’un des derniers soubresauts dans les relations entre les deux pays qui reviennent très souvent au menu des échanges entre les dirigeants des deux pays. Il n’y a pas encore longtemps, au cours de la transition malienne, l’ancien président par intérim du pays, Dioncounda Traoré, avait été interpellé sur cet épineux dossier commercial par des députés allemands. C’était au cours d’une audience publique au parlement européen ; les Allemands ayant toujours la nette impression que les fonds des privés allemands, engloutis dans le projet immobilier, étant été spoliés.
Certes, depuis un certain temps, la justice a gagné ses lettres de noblesse, dans ce dossier, avec la mise en liberté de deux innocents, ayant injustement passé plus de sept ans de leur vie en prison, pour rien. Mais, l’intrigue financière de ce dossier politico-judiciaire reste entière, notamment avec les fonds allemands désormais anéantis dans les méandres des passe-droits. Ce que les officiels allemands tentent de démêler, depuis des années.
Sans succès.

Sékouba Samaké