A l’issue de la dernière édition du Championnat d’Afrique des Nations de football (CHAN, 4ème édition, Rwanda 2016) le Mali a occupé la deuxième marche du podium. Les Aigles locaux sont à féliciter pour cette place de Vice-champions d’Afrique, d’autant que c’est la 1ère fois que le Mali se hisse à ce niveau de cette compétition continentale.
Ils ont vaincu le signe indien en battant la Côte d’Ivoire en demi-finale, sur le score de 1 but à 0. Et l’accueil populaire qui leur été réservé mardi dernier est amplement mérité. Seulement, le réveil a été brutal pour nombre de supporters, qui croyaient naïvement que c’était le moment ou jamais pour le Mali de soulever un trophée continental au niveau des Seniors.
Car, au niveau des clubs, le Stade Malien de Bamako a mis fin à la série noire en remportant la coupe CAF en 2009, avec le même entraîneur, Djibril Dramé. Il est tout aussi vrai que les Aigles Cadets (les moins de 17 ans) ont remporté le trophée continental en 2015 au Niger, avant d’arracher, la même année, le fauteuil du Vice-champion mondial à l’issue de la Coupe du monde U17 de la FIFA, au mois de novembre au Chili.
Les Aigles Juniors ont eux réalisé le tour de force de se poser sur la 3ème marche du podium à la faveur de la Coupe du monde des moins de 20 ans, qui a eu lieu du 30 mai au 20 juin en Nouvelle Zélande. Alors, 2015 année faste pour le football malien, qui a brillé de mille feux au firmament?
On serait tenté de l’affirmer. Sauf que la soif d’un trophée continental africain Senior demeure toujours non étanchée. Plusieurs facteurs ont été avancés pour expliquer la défaite des Aigles locaux face aux Léopards de la RDC, y compris le facteur climatique. Il est vrai qu’il pleuvait des cordes le jour de la finale au stade Amahoro de Kigali. Ce qui n’est pas le meilleur contexte météorologique pour l’expression des talents footballistiques d’un Sahélien.
Certains ont plutôt indexé le coaching. On a évoqué aussi la relative inexpérience des poulains de Djibril Dramé. Mais c’est surtout le manque de préparation qui a retenu notre attention. Au demeurant, le coach Dramé n’a pas manqué d’invoquer, à bon droit, ce facteur: «au début, les gens ne croyaient pas trop à cette équipe. Personne ne vendait cher sa peau. On s’est bien défendu. Malheureusement, en finale, nous sommes tombés sur une équipe plus forte que nous. La RDC nous a montré qu’elle était en jambes et c’est la compétitivité qui a fait la différence. Nous sommes fiers, parce que c’est la première fois que le Mali joue la finale de cette compétition».
En effet, le manque de compétition, s’il n’explique tout, n’a pas peu pesé dans les contreperformances des Aigles locaux face aux Léopards. Des Aigles qui sont certes tombés les armes à la main, mais sur le score lourd de 3 buts à 0. Il n’est un secret pour personne que le championnat malien, qui aurait dû démarrer depuis le mois de novembre, ne s’ouvrira, enfin, que ce mercredi 17 février (lire l’article de Mohamed N. Kéïta), soit avec un retard de trois ou quatre mois.
Cela à cause d’une crise factice, aux relents nauséabonds. De même la manière que nos décideurs, toutes obédiences confondues, ont sacrifié l’école malienne sur l’autel de leurs ambitions politiciennes, le plus grave crime qu’ils ont pu commettre – car ils ont, ipso facto, hypothéqué l’avenir même du pays – ils ont pris en otage notre sport-roi, au nom d’intérêts égoïstes et bassement alimentaires. Ce qui explique en partie, la symphonie inachevée de Kigali.
En fait, il s’agit de libérer le football malien du démon des passions morbides qui l’étouffent. Plus jamais ça! Techniquement, les coaches doivent s’attaquer au talon d’Achille du football malien: le manque de réalisme et la fébrilité devant les buts adverses. La finition, en somme. Les tirs, qui sont souvent décisifs dans les moments cruciaux, doivent être davantage travaillés.
Yaya Sidibé