BERLIN - "L`Allemagne ne veut plus être une grande puissance en politique étrangère", a admis le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble lundi au quotidien allemand Handelsblatt.
"Comment le pourrions-nous après Hitler et Auschwitz? L`histoire laisse longtemps des traces", dit-il dans une interview croisée avec l`économiste français Alain Minc à l`occasion des célébrations mardi à Berlin du cinquantenaire du Traité de l`Elysée.
"Nous ne sommes même pas jaloux de la France et la Grande-Bretagne qui sont des puissances en politique étrangère. On ne le voit pas seulement au Mali, mais on l`a vu aussi en Libye et un peu en Syrie", reconnaît M. Schäuble.
"Nous ne refusons pas de prendre des responsabilités, mais nous avons un
autre rapport au pouvoir militaire", ajoute-t-il.
L`Allemagne, qui a exprimé à plusieurs reprises son soutien à la France sur
son intervention au Mali, a envoyé jeudi soir deux avions de transport de type
Transall en soutien logistique à la Communauté économique des Etats de
l`Afrique de l`Ouest (Cédéao).
Elle a également annoncé apporter une aide humanitaire d`un million d`euros
à destination des réfugiés dans les pays voisins du Mali, ainsi que l`envoi de
personnes pour former les troupes africaines.
La population allemande est généralement rétive à toute intervention armée
à l`étranger. 59% d`entre eux seraient d`ailleurs opposés à une intervention
militaire allemande au Mali, selon un sondage paru samedi.
Mais des responsables politiques, certains appartenant au parti
conservateur de la chancelière Angela Merkel, ont estimé que leur pays n`en
faisait pas assez.
En mars 2011, Berlin avait froissé ses alliés occidentaux en s`abstenant,
avec la Chine et la Russie, lors d`un vote au Conseil de sécurité de l`Onu sur
le recours à la force contre l`armée de l`ex-dictateur libyen Mouammar Kadhafi.
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