DIABALI - L`armée française et les soldats maliens sont entrés lundi à Diabali et à Douentza, deux villes qui étaient sous le contrôle des islamistes, poursuivant leur traque des combattants liés à Al-Qaïda qui occupent une grande partie du Mali.
A Alger, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a assuré que les assaillants islamistes qui ont tué 38 personnes, dont 37 étrangers lors de l`attaque et la prise d`otages massive dans un complexe gazier du Sahara algérien, étaient "venus du Nord du Mali".
Sur le terrain, les 2.150 soldats français de l`opération Serval déjà
présents au Mali progressent vers le Nord au côté des troupes maliennes.
Une colonne d`une trentaine de véhicules blindés dans laquelle se
trouvaient quelque 200 soldats maliens et français est entrée à Diabali, à 400 km au nord de Bamako, sans rencontrer de résistance, selon un journaliste de l`AFP qui les accompagnait.
Drapeau français, applaudissements et cris de "Vive la France": la
population a salué l`arrivée des soldats, tout juste une semaine après la chute de la ville aux mains des islamistes armés, pilonnés par l`aviation française.
"Ca me plaît beaucoup", témoigne Mohamed Suribuhari, commerçant, l`un des rares à parler français. "On était menacé par les jihadistes, on a passé longtemps sans sortir. Mais après les bombardements, ils ont pris la tangente, le dernier convoi a quitté vendredi soir", dit-il.
Autour de lui, de nombreux habitants brandissaient leurs téléphones
portables pour prendre en photo les "libérateurs". Soldats français et maliens avançaient avec prudence, craignant notamment la présence de mines ou de pièges, recherchant caches d`armes et stocks de munitions.
A Paris, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a aussi
annoncé la prise de Douentza, à 800 km au nord-ouest de Bamako.
"Cette avancée de l`armée malienne vers les villes tenues par leurs ennemis constitue une réussite militaire certaine pour le gouvernement de Bamako et pour les forces françaises, intervenant en soutien dans ces opérations", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Douentza, qui se trouve à environ 100 km de Konna (centre), reprise jeudi par l`armée malienne aux islamistes, était tombée sans combats le 1er septembre aux mains du Mouvement pour l`unicité et le jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao).
Elle se trouve sur une route stratégique d`où peuvent être menées des
opérations vers les grandes villes du Nord, Tombouctou, Gao et Kidal, prises fin mars 2012 par les groupes jihadistes, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont mis en déroute l`armée malienne.
Repli des islamistes vers Kidal
Plusieurs sources ont fait état d`un repli des islamistes depuis le centre du pays vers Kidal, dans l`extrême nord-est, à 1.500 km de Bamako, près de la frontière algérienne. Kidal avait été la première ville du Nord conquise par les rebelles touareg et les islamistes, qui en avaient ensuite évincé leurs anciens alliés.
De nouveaux pays ont répondu dimanche aux demandes d`aide logistique et financière de la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) pour le déploiement de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali), qui à terme, sera composée de quelque 6.000 soldats africains.
Le président de la Commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo, a
appelé la communauté internationale à "se mobiliser" pour boucler le
financement de la Misma. Selon lui, une "première évaluation" situe les besoins à "environ 500 millions de dollars" (375 millions d`euros). L`Union europénne (UE) a promis 50 millions.
Quelque 2.000 soldats de la Misma doivent être déployés d`ici au 26
janvier, mais jusqu`à présent, moins de 200 sont arrivés à Bamako.
Le président tchadien Idriss Deby Itno a rencontré dimanche le premier
contingent de 200 soldats tchadiens, sur 2.000 promis, stationnés sur une base militaire à Niamey (Niger) avant qu`ils n`aillent au Mali, sans doute vers la ville de Gao, l`une des trois principales villes du nord.
Les Tchadiens, aguerris et rompus au combat dans le désert, devraient
apporter une forte plus-value à la Misma.
Pour sa part, l`UE discrète jusqu`à présent, a proposé lundi d`organiser une réunion internationale au niveau ministériel sur le Mali le 5 février à Bruxelles, avec la participation de l`Union africaine, de la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) et de l`ONU.
Les Européens avaient décidé jeudi d`accélérer le déploiement des 450
Européens d`une mission chargée de remettre sur pied l`armée malienne, afin de la rendre opérationnelle "au plus tard à la mi-février".