Le président de la République, contrairement à ses habitudes, s’est rendu en France pratiquement incognito. Si discret que la plupart de ses concitoyens n’ont vent de son déplacement qu’une fois arrivé Paris, dans le cadre, dit-on, d’une visite privé. De quelle nature de visite privée s’agit-il pour un chef d’Etat dont le fragile état de santé est l’objet depuis quelques temps des commérages les plus intrigants. En tout cas, comme pour en rajoute à l’intrigue, l’opinion n’a eu droit à aucune image d’IBK en France. L’Ortm, le média national le plus suivi à travers le pays, s’est limité à un communiqué assez peu vivant (sans la moindre image) en évoquant une soi-disant rencontre avec le président de la République française et des échanges avec lui sur des sujets brûlants du partenariat entre les deux pays. Idem pour son équivalent en support pays, l’Essor, qui a également, sans la moindre photo à l’appui, parlé de convergence de vues des deux chefs d’Etat sur l’épineuse problématique d’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. en définitive, autant ne pas évoquer une visite si l’on est obligé d’en cacher l’atmosphère, au risque de verser dans une amplification des intrigues qui l’entourent.
Le marquage à la culotte
À quoi joue le président du Parena, l’incarnation la plus acerbe de l’opposition malienne. Tiébilé Dramé, il s’agit de lui, se donne le plaisir d’emprunter le chemin de la métropole chaque fois que le président de la République s’y trouve comme s’il veille à ses déplacements comme le lait sur le feu. Son flair lui a déjà permis d’être à Paris en même temps qu’IBK lors de la mémorable visite d’Etat où le parti du Bélier Blanc a joué le rabat-joie en transformant les gloires en flétrissures. En effet, quoiqu’accueillie dans la liesse à son retour, le locataire de Koulouba a eu la désagréable surprise de retrouver une opinion plus intéressée par ses propos sut Tiébilé que par les moissons de sa visite d’Etat. Le président le soupçonnait notamment d’avoir malencontreusement trempé dans les agissements qui, comme un cheveu dans la soupe, sont venus perturber son séjour historique. Comme pour justifier ses suspicions, Tiébilé Dramé, qui donne l’air de le suivre comme son ombre à chaque déplacement en France, s’est signalé cette fois-ci à Dijon où il entretenait la diaspora malienne sur des vicieux sujets qui font le malaise des autorités. Et si IBK avait raison de croire dur comme fer que les délégations maliennes sont marquées à la culotte sur le territoire français.
Le retour de l’épineuse question de recrutement dans l’armée
Selon des sources toutes concordantes, le recrutement tant annoncé est désormais effectif dans les différents cors des forces armées et de sécurité. Combien de nouvelles recrues sont-elles ? Difficile de le dire. Il est en revanche évident, de mêmes sources, que le début de leur formation du plomb dans l’aile pour des raisons qui font l’objet de beaucoup de supputations. Il nous revient, en effet, que les grandes ambitions budgétaires contenues dans la Loi de Programmation Militaire ne sont nullement mobilisées à hauteur de souhait. Les autorités se retiendraient, en conséquence, de s’engager dans un processus qu’elles seront contraintes d’arrêter à mi-parcours, faute de moyens suffisants. Sur tout un autre plan, certaines mauvaises langues également d’une inadéquation entre le plan de carrière dans l’armée et les impérieuses nécessités de l’heure. En clair, les ressources humaines pour une formation digne de ce nom ferait également défaut, à cause notamment du départ forcé à la retraite de la plupart des têtes brûlées de la Grande Muette. Il fallait peut-être une mesure exceptionnelle de son maintien pour les besoins de la cause, mais la vielle garde expérimentée en la matière aura été la cible d’un balayage sans ménagement depuis l’avènement des putschistes de Kati.
Mopti sur les traces de Kidal
Les attaques, attentats et assassinats ciblés deviennent de plus en plus le quotidien de la cinquième région du Mali. Le syndrome est pratiquement le même ayant jadis caractérisé l’existence des Kidalois avant de dégénérer vers le pire. La région de Mopti aussi, il se passe rarement une semaine où elle ne s’illustre pas comme le théâtre de violences – qui lui donnent l’apparence du bourbier Ifoghas – depuis que le prêcheur Amadou Kouffa a choisi de lier son destin avec celui d’Iyad Ag Ghali, pour le meilleur et pour le pire. Et, comme le chef historique de la rébellion touarègue, le rebelle du Macina savoure depuis quelques temps la ruée adhésion massive de jeunes combattants armés puisés des rangs des frustrés. Ce sont les avatars d’embryons comparables à ceux de la rébellion Ifoghas des années 60 ayant alimenté celle de 90 sur fond de revanche d’enfants de victimes de la répression. Les rangs de Koufa sont tout aussi grossis par une autre répression aveugle : celle dirigée contre de pauvres Talibés de la ville de Sevaré au lendemain de la débandade de l’armée régulière malienne à Konna.
La Rédaction