Le Centre International de Conférences de Bamako (CICB) a abrité, le samedi 13 février 2016, une conférence-débat de ‘’Solidaris223’’ sur les violences conjugales faites aux femmes. Elle a été marquée par de nombreux témoignages dont celui de Pinda Diabaté sur le calvaire que son ex-mari lui a fait subir.
Cette conférence était animée par Fatoumata Siré Diakité, présidente de l’APDF et Mamadou Ba Koné, malien résidant en Autriche et spécialiste en Relations internationales. C’était en présence de Balla Mariko, président de Solidaris223, initiateur de la conférence, Mme Maïga Mariam Maïga, marraine de l’évènement et Directrice de la Tour de l’Afrique ainsi qu’une foule nombreuse de victimes et parents de victimes de violences conjugales.
D’entrée de jeu, le président de Solidaris223 a demandé d’observer une minute de silence à la mémoire de toutes les victimes de violences conjugales. Avant de présenter son association, qui selon lui, a une vocation humanitaire et est née en septembre 2014. Depuis sa création, dit-il, Solidaris223 est venu en aide à plus de 3000 enfants et 115 femmes en situation difficile à travers des dons et autres actions humanitaires. Il a aussi rappelé les différentes actions menées par son association dans le cadre de soutien aux parents des victimes du drame de Mina.
Quant à l’objet de la conférence, à savoir les violences conjugales, Balla Mariko dira que l’association n’est pas à sa première action. Pour preuve, il a rappelé les actions qu’ils ont menées après l’assassinat de Mariam Diallo le 5 février 2015 à travers une remise de dons au nom de la victime le 21 février dénommée « le sourire de Mariam Diallo ».
Pour sa part, la Directrice de la Tour d’Afrique, marraine de l’évènement a marqué son plein attachement au combat contre les violences conjugales et exprimé ses sincères remerciements aux initiateurs de la dite conférence. Selon elle, une volonté de son ministre de tutelle (la ministre de la Culture…ndlr) est l’organisation d’une réflexion avec les religieux et les autorités coutumières pour éradiquer le phénomène des violences conjugales.
Après ces deux interventions, l’assistance a eu droit à une projection vidéo sur feue Mariam Diallo. Une vidéo dont le titre est « nous ne comprenons pas, mais nous acceptons », qui recense les différents témoignages sur elle ainsi que quelques-unes de ses photos prises avant son assassinat.
Selon la réalisatrice de cette vidéo, Célia D’Almeida, c’est le signe que le combat contre les violences conjugales doit continuer pour stopper leur recrudescence.
Dans son intervention, Fatoumata Siré Diakité a salué les initiateurs pour cette conférence et surtout pour leurs multiples actions en faveur des femmes.
La présidente de l’APDF leur a demandé de ne pas se limiter à la conférence, mais de multiplier les actions sur le terrain à travers l’accompagnement juridique des victimes et en poursuivant les auteurs de violences conjugales. Elle a révélé un cas graves violences conjugales dont a été victime une femme avec plus de 32 coups de couteaux. Selon elle, son association a enregistré plus de 364 cas de violences conjugales courant 2014.
A sa suite, Mamadou Ba Koné a fait un exposé sur les violences conjugales notamment, leurs origines, leurs formes, leurs facteurs, leurs conséquences ainsi que des recommandations pour stopper leur effet.
Comme conséquences des violences conjugales, le conférencier a cité les blessures physiques, les troubles psychologiques, l’instabilité familiale, les troubles dans les rapports entre conjoints, le divorce et même le meurtre.
Pour palier à tout cela, Mamadou Ba Koné a suggéré une bonne politique gouvernementale avec des vraies actions contre le fléau, la rupture avec certaines pratiques, la multiplication des services de protection de droits des femmes, la forte implication de la société civile dans le combat ainsi que les médias à travers la sensibilisation.
Le témoignage émouvant de Pinda Diabaté
Lors de cette conférence, c’est surtout le témoignage de Pinda Diabaté qui a ému la salle. Il s’agit du récit du calvaire que son ex-mari lui a fait vivre.
Selon Pinda Diabaté, même après son divorce à cause des violences dont elle faisait l’objet régulièrement dans son foyer, son ex-mari a tenté de l’assassinat par balle. Des traces de balles étaient encore bien visibles sur son corps. Et au lieu d’être mise dans ses droits, dit-elle, la justice malienne n’a rien fait pour arrêter l’auteur de ces actes. Bien que les cicatrices des balles soient visibles sur son corps, la Cour d’Appel de Bamako a déclaré son ex-mari non coupable des faits qui lui sont reprochés.
Face à cette situation, dit-elle, elle a fait appel à la Cour suprême où son dossier était toujours bloqué jusqu’à l’intervention de Mme Diawara Haby Kanté, (récemment chargée de mission au Ministère de la Justice) pour que son dossier puisse être débloqué. Une révélation qui a bouleversé la salle. C’est ainsi que Fatoumata Siré Diakité a promis de veiller sur son dossier avant de l’inviter au siège de l’APDF pour échanger sur sa situation.
Modibo Dolo