Le mardi dernier, les populations de l’inter-fleuve : Macina, Matomo, Saye et Sarro, ont connu une journée de hantise. Et pour cause : à Mougnan, une des communes voisines dans le cercle de Djenné, des terroristes, armés, ont perturbé la foire hebdomadaire du mardi et se sont attaqués ensuite au poste de sécurité avancé de la gendarmerie.
Mardi dernier était le jour de la foire hebdomadaire de cette localité. Comme à l’accoutumée, le marché était noir de monde. Presque toute la journée, les forains ont vaqué tranquillement à leurs marchandages. Rien, en effet, ne présageait un éventuel trouble de la foire. "Tout commence un peu tard, aux environs de 17 heures passées ! raconte un témoin ; beaucoup de gens s’affairaient déjà à désorganiser leurs étalages pour le retour. Et, Ils sont arrivés à motos, bien armés, au nombre de trois ou cinq personnes. Ils ont commencé à tirer en l’air. La panique a alors gagné tout le monde ! ".
Désormais, dans l’inter fleuve, c’est la psychose et la crainte de voir arriver des djihadistes qui campent dans la forêt de Diafarabé. Un couvre-feu de fait règne, depuis la semaine dernière, sur les bourgades de l’inter fleuve de Macina. Notamment, à Matomo, Saye et Sarro. L’angoisse a gagné l’ensemble des collectivités de l’entre deux fleuves.
Les populations n’attendent désormais que la tombée de la nuit pour se terrer dans le noir. Nulle part, au coucher du soleil, on ne voit de lampe allumée. Partout, le calme est plat. Les devantures des magasins et autres boutiques, habituellement éclairées et animées, sont vite désertées ; tout est enveloppé dans une immense obscurité. Même à Saye, les locaux de la brigade de gendarmerie ne font pas exception. Leurs ampoules solaires restent éteintes après le crépuscule. Les officiels, les représentants de l’Etat, les porteurs d’uniformes et les paramilitaires, cibles habituelles des terroristes, ne dorment que d’un œil. La plupart de ces derniers, en raison de l’incertitude de la situation, sont contraints de passer la nuit ailleurs.
Selon d’autres sources, l’essentiel des échanges de tirs s’est passé au poste de sécurité avancé de la gendarmerie. L’unique agent, qui y était posté au moment des faits, débordé, prendra la clé- des champs. Un Sms du Sous-préfet de Mougnan fait état de zéro victime. Mais par contre, d’autres annoncent qu’une balle perdue a blessé un habitant à la jambe; des motos auraient été enlevées ; et que les assaillants auront tenté, mais en vain, de vandaliser l’antenne locale de la téléphonie mobile. La nouvelle de l’attaque s’est alors propagée comme une traînée de poudre dans les chefs- lieux de communes de Matomo, Saye, Sarro, Soulèye Folomana et de Tonguè. Tout le monde, dans ces localités, passera, la peur au ventre, la nuit du mardi au mercredi dernier. L’inter fleuve, verrouillé par les deux fleuves, faisait jusque- là figure de havre de paix. Maintenant, ses habitants vivent dans l’angoisse.
H. Diabaté