Dans les contrées marginales des régions de Mopti et Segou, ce sont les symboles de l'Etat qui sont visés à travers quand douaniers ou agents des services forestiers qui tombent comme ce fut le cas la semaine dernière. A Kidal, Iyad Ag Ali qui avait prévenu et que rien ne semble pouvoir contrer tue autant les forces onusiennes que les animateurs des ex mouvements rebelles signataires de l'Accord du 15 juin 2015.
A Tombouctou et Gao, Aqmi est en guerre ouverte contre les forces armées maliennes qui payent aux embuscades, mines ou assauts d'aube le tribut le plus lourd à la crise du Nord depuis le carnage de Konna en janvier 2013. C'est à croire que l'asymétrie partout est la règle et la seule clé pour comprendre le sanglant feuilleton qui se déroule sous nos yeux, les vendredis de préférence. La guerre elle-même est asymétrique dans le sens où les
jihadistes sont dites dans leurs derniers retranchements depuis l'intervention française en 2013 pendant que l'armée malienne un moment groggy serait en phase ascendante. Asymétrie entre le volontarisme charmant du nouveau patron de la Minusma et la réalité comme si Mahamat Saleh Annadif était simplement la bonne carte jouée au mauvais moment.
Asymétrie encore entre tout le discours entendu sur les vertus de l'accord et le peu de progrès dans sa mise en œuvre. Asymétrie enfin constatant que le déterminant de la sécurité au Nord ce sont les jihadistes alors il n'existe contre eux pour l'instant que le discours militariste. Une seule conclusion: nous ne sommes pas sortis de l'auberge. Et c'est peu dire.
Adam Thiam