Quand la lutte d'influence économique rejoint la "guerre de proxi" idéologique. L’état d’urgence et de menace mobilise très fortement l’armée française sur le territoire national avec l’opération sentinelle, mais aussi au Mali, via l’opération Barkhane.
L’état d’urgence et de menace mobilise très fortement l’armée française sur le territoire national avec l’opération sentinelle, mais aussi au Mali, via l’opération Barkhane. Le but de cette dernière est non seulement d’aider à la stabilisation de la zone, mais aussi de prévenir la constitution de sanctuaires terroristes.
Outre ces théâtres, il faut aussi prendre en compte les opérations menées depuis 2015 et qui montent en puissance en Syrie où nous luttons contre le développement de l’État Islamique (EI), considéré comme l’un des principaux commanditaires d’attentats dans les pays occidentaux.
Cependant, le volet militaire déployé par la France, s’il est important, ne doit pas être conçu comme LA solution, faisant oublier les vecteurs permettant la radicalisation. Si tel est le cas, nous nous épuiserons à lutter contre les symptômes sans traiter la maladie originelle.
À ce titre, si nous connaissons l’utilisation extrêmement efficace du cyber espace faite par les djihadistes quant à la radicalisation, la pénétration économique de pays traditionnellement musulmans et pouvant devenir des terrains de "guerre de proxi idéologique" n’est pas à négliger. Au Mali, traditionnellement la communauté chiite (environ 10 000 familles à l'échelle nationale) et sunnite (environ 95 % de la population) cohabitent.
Historiquement, l’Afrique de l'Ouest a une approche tolérante des différences religieuses, permettant le développement d'une mosaïque de croyances mêlant soufisme, islam malékite, et pratiques animistes traditionnelles. Mais aujourd’hui, aussi faible que soit la communauté chiite, elle devient une sorte de cauchemar pour les sunnites, notamment quand des institutions chiites comme l'École Internationale Mustafa naissent.
C’est tout particulièrement vrai quand cette école, non seulement affiche des frais de scolarité modiques, mais propose aux meilleurs élèves de poursuivre leurs études en Iran. Si cette école peut appliquer cette politique, c’est parce qu’elle est soutenue financièrement par l’université iranienne de Qom, ville considérée comme sainte par les musulmans chiites et réputée pour son enseignement islamique.
En réponse, l’Arabie saoudite se démène pour financer des écoles concurrentes, des mosquées et des projets culturels. Mais, le royaume ne compte en rester là alors que depuis la visite en 2010 de Mahmoud Ahmadinejad, l’Iran évoque en termes élogieux la solidarité entre les deux pays et a signé une série d'accords d'aide au développement et d’investissements dans les domaines de l'agriculture et les industries minières.
Autre signe du sérieux avec lequel les Saoudiens envisagent la relation irano-malienne, les 60 000 câbles diplomatiques publiés par WikiLeaks le 19 juin 2015 détaillant la crainte d'une "marée montante du chiisme" résultant du prosélytisme de l’Iran.
Cette crainte se résume dans l’analyse de Mahmoud Dicko, Président du Haut Conseil islamique du Mali pour qui "s’il n'y a même pas 1 % de la population qui est chiite au Mali, il y a tout de même une présence politique, dirigée par les Iraniens".
Aussi comment s’étonner de l’effort fourni par l’Arabie saoudite au Mali alors même qu’elle traverse une crise économique sans pareil suite à la chute du cours du pétrole, doublée d'une angoisse idéologique forte alors que l’Iran commence à être réhabilité par la communauté internationale et que Riyad a annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec Téhéran suite aux tensions ayant fait suite à l'exécution d'un dignitaire chiite au royaume saoudien, le tout sur fond de crise syrienne.
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